Philippe Auclair 15/02

La Coupe est pleine (de surprises)
...Soyons honnêtes – le football qu’on a vu ce week-end en Angleterre était presque aussi bancal que mon titre. On a eu du suspense, c’est vrai, et des matchs au rasoir: Aston Villa a eu très chaud à Crystal Palace, Tottenham peut dire merci à Defoe pour avoir sauvé la baraque de Tonton Harry à Bolton, Reading et West Brom ont réchauffé les spectateurs du Madejski Stadium (un but inscrit après 9 secondes par Jimmy Kébé, oui, l’ancien de Lens, Châteauroux et Boulogne, 2 expulsions, etc, etc). Mais pour ce qui est de la qualité du jeu, les amateurs avaient le droit de changer de chaîne, surtout s’ils étaient tombés sur un Manchester City-Stoke long comme un jour sans baguette. Au passage – Patrick Vieira a bien joué. Enfin, ‘bien’...il a joué. 18 minutes. Il est toujours impossible de se faire la moindre idée du niveau de jeu du futur ex-futur capitaine des Bleus. Physiquement, il parait encore juste. Il a toujours le don d’enfiler quelques passes de belle facture, et n’a pas peur de se lancer dans ses tacles. Mais dire, comme le fait Domenech que, si le grand Patrick a du temps de jeu, la question de sa présence au Mondial ‘ne se pose même pas’, franchement...Alors, attendons, en espérant que ce ne soit pas en vain.
Mais je vous parlais de ‘surprises’, et la présence de Vieira sur le banc plutôt que sur le terrain n’en était pas une. Les 90 minutes souffertes par un Villa au grand complet à Selhurst Park, si. Palace (D2) ne va pas fort en ce moment. Le club est en faillite. Mais il a fallu une tête bien tardive de Stiliyan Petrov pour que Martin O’Neill retrouve le sourire. 24 heures après que Portsmouth avait négocié un derby très, très chaud à Southampton (un match bien plus serré que le score final, 4-1, le ferait supposer), c’était une nouvelle preuve de ce que les problèmes extra-sportifs d’un club peuvent galvaniser ses joueurs aussi bien que ses supporters.
Autre surprise: la performance, si c’est le mot, de Manchester City face à Stoke. D’accord – c’est toujours ‘compliqué’ de jouer contre les bestiasses de Tony Pulis, comme Arsenal en sait quelque chose. Mais les Citizens auront laissé une impression piteuse devant un public très clairsemé (28 000 spectateurs seulement), et qui a le droit d’attendre davantage du ‘club le plus riche du monde’. Et de Roberto Mancini. Les seuls joueurs de City à justifier leurs salaires mirobolants ont été Shaun Wright-Phillips et...Wayne Bridge. No comment. Deux Anglais – ça tombe bien: Fabio Capello était là. La défense de City, par contre, parait toujours aussi fragile, malgré le retour de Joleon Lescott. Le prochain déplacement de City en championnat, mardi prochain, ne sera pas ‘une partie de pique-nique’, comme disent les Anglais. Leur adversaire, en effet, sera Stoke au Britannia Stadium. Ouch.
Tottenham a également a déçu, comme trop fréquemment (et comme je l’avais prédit lorsqu’ils étaient dans le Top 3 de la Premiership), en se faisant secouer par un Bolton dont Owen Coyle est déjà en train de transformer le jeu autrefois trop prévisible. Heureusement, Defoe était là: son 21e but de la saison (chapeau!) était splendide. Quand Jermain frappe, il frappe. Cette fois-ci, le scud avait été expédié du pied gauche. Defoe au Mondial? Certainement.
Chelsea et Fulham maîtres de leurs sujets, et de leurs destinées...
Quand vous croisez des supporters de Cardiff après un match, un conseil – ‘Taxi!’. Mais il y a l’envers (ou l’endroit) de la médaille: debout dans une tribune, les chercheurs de castagne ont de la voix comme 10 000. Extraordinaire. J’étais au Bridge samedi. Pas une seconde, ils n’ont cessé de chanter. Et quand leur équipe est sortie du terrain, vaincue 4-1, tous l’ont acclamée comme si elle avait gagné la Ligue des Champions – ou flanqué une volée à Swansea. Des fans comme ceux-là, je connais quelques clubs qui aimeraient en avoir. Pas vrai, le PSG?
Il est vrai que les ‘Bluebirds’ avaient tout donné. Mention spéciale au duo Bothroyd-Chopra en pointe, qui a fait vivre quelques moments de frayeur à une défense de Chelsea qui, franchement, continue de m’inquiéter avant les retrouvailles avec son père spirituel José Mourinho. L’erreur de placement d’Alex sur le but de Chopra ressemblait étonnament à celle de Terry (parti faire sa com’ et ‘sauver son mariage’ à Dubaï, où son épouse avait trouvé refuge) contre Everton. Cela dit, tant qu’on a un Drogba...Le grand Didier a encore été magnifique. Un but, deux passes décisives, et tellement plus que cela. Ancelotti avait raison de souligner le ‘désir de dépassement de soi’ qui habite ses cadres, en particulier DD et Ballack, encore une fois excellent, même dans des rencontres a priori déséquilibrées. On parle souvent de la puissance physique de Chelsea, mais n’oublions pas que sa force est d’abord mentale. Et croisons les doigts pour Joe Cole, titularisé, catastrophique, et remplacé à la mi-temps, une gifle dont on doit espérer qu’elle ne l’affectera pas trop. Cole demeure un talent exceptionnel, qui peut apporter énormément à son club comme à sa sélection.
Roy Hodgson pouvait se frotter les mains après la copie sans faute rendue par Fulham contre Notts County. Après un mois de janvier difficile, et malgré de nombreuses blessures (Pantsil, Dempsey, Konchesky, Johnson), les Cottagers se sont superbement repris. Le maintien est quasiment assuré, et c’est maintenant Chaktior Donetsk qui est au programme ce jeudi en Europa League. J’y serai, comme j’étais à Craven Cottage (ce bijou) dimanche soir. Come on you whites!
Un dernier mot: Manchester United et Arsenal auront respectivement eu 48 et 72 heures de repos de plus que Milan et le FC Porto avant leurs rendez-vous en Ligue des Champions. C’est beaucoup. C’est aussi une récompense pour s’être fait éliminer de la FA Cup. Et, pour quiconque chérit cette compétition qui ne ressemble à aucune autre, comme moi, c’est dommage.
Tous en choeur: ‘money, money, money...’
"PS: Avant de vous quitter, un petit cadeau – un film réalisé par un fan d’Arsenal le soir de la victoire des Gunners sur Liverpool, le 10 février dernier. Larme à l’oeil pour tout Gunner, mais aussi, je crois, pour tout amoureux du football anglais. Et sur du Debussy, en plus…"
Philippe