Philippe Auclair - 17/10 - Scandale à la FIFA!

Mondiaux de 2018 et 2022 - Votes à vendre: le Sunday Times prend des délégués de la FIFA la main dans le sac...
Quelle pagaille. Quelle honte.
Le Sunday Times a donc pris la main dans le sac – et c’est vraiment le cas de le dire – deux délégués du Comité Exécutif de la FIFA, le Nigérian Amos Adamu et le président de la Confédération Océanienne, le Tahitien Reynald Temarii, qui, à mots à peine couverts, ont indiqué aux reporters (se faisant passer pour des lobbyistes) qu’ils seraient disposés à voter en faveur des USA, candidat à l’organisation de la Coupe du Monde de 2022, si tant est que des sommes plus que conséquentes (respectivement 600 000 et 1,5m€) étaient affectées à des projets de ‘développement du football’ dans leurs pays et régions...
Les films et enregistrements de ces conversations, menées au Caire et à Paris, ont été transmis à la FIFA, qui a immédiatement lancé une enquête. Il se dit même que le vote du 2 décembre pourrait être repoussé jusqu’à ce que toute la lumière soit faite sur l’affaire.
J’ai contacté quelques amis fort au fait de ce qu’on appelle la ‘politique institutionnelle’ du football, dont quelques-uns sont toujours opérationnels au sein des plus grandes instances du football mondial. Tous m’ont confirmé que, du côté de la Suisse, on était effaré par le scandale. Pas ‘surpris’ – ‘effaré’ - par le grand déballage de ce qu’on l’on suspecte depuis si longtemps.
Attention: avant qu’on lance des slogans du genre ‘tous pourris’, précisons que des délégués FIFA honnêtes, ça existe, malgré les vols en première classe et les hôtels cinq ou six étoiles dans lesquels on les loge. Ils sont d’ailleurs la majorité. Mais quand votre comité n’est composé que de vingt-quatre personnes, il suffit d’une demi-douzaine de corrompus pour faire basculer une décision cruciale d’un côté ou de l’autre. Et c’est bien la première fois qu’on tient une vraie preuve. Jack Warner qui se transforme en agence de tourisme pour vendre des voyages au Mondial? De la bibine à côté de ce qui est en cause: ni plus ni moins que l’achat pur et simple de quelques administrateurs véreux, auxquels la chance, les réseaux et les magouilles ont donné le privilège de décider de l’avenir du football.
Un coup de chapeau, et bien bas, aux courageux enquêteurs du Sunday Times, en passant. Voilà du grand journalisme. On tape suffisamment sur les tabloides britanniques pour ne pas saluer un scoop de ce type.
Pour la FIFA, désormais, il s’agit de limiter les dégâts. Une suspension de Adamu et de Teramii s’impose, en attendant qu’ils aient la possibilité de se défendre. Ce qui, au vu de ce qui a déjà été publié (allez sur le site de la BBC pour entendre Adamu – c’est effrayant), ne sera pas facile.
On en reparle dans l’after de ce soir, et dans celui de demain, évidemment.