RMC Sport

Philippe Auclair 18/05

  • Chelsea, Anelka, la Cup!
  • Voici le programme de Philippe!

Cette vieille dame digne qu’on appelle la FA Cup

On s’était un peu moqué (pas moi) de Didier Drogba lorsqu’il nous avait dit, il y a deux semaines de cela, que la FA Cup, cette vieille dame agee de 148 ans, comptait parfois davantage que le championnat. Ce soir, de retour d’un Wembley bleu comme le ciel, je lève un verre à la santé de Didier et de joueurs qui, pendant 90 minutes et quelque, ont partagé son sentiment. Quelle finale magnifique...Oubliez la pelouse, indigne d’une compétition aussi noble que celle-ci, indigne d’accueillir la finale de la Coupe du Monde de 2018.

Souvenez-vous des drapeaux agités par les 40 000 supporters de Portsmouth, relégué sans complexe, lorsque John Terry a soulevé le trophée. A pleurer. Le football anglais? C’est ça. Cette foi, cette ferveur, qu’on gagne ou qu’on perde. Souvenez-vous d’Aruna Dindane, revenu de l’enfer pour mettre Ashley Cole sur le gril. De Petr Cech, que quelques crétins (et je mesure mes mots) avaient dit ‘fini’ à l’automne, et qui nous sort un arrêt digne de Gordon Banks. De Piquionne, qui rigolait de plaisir quand je l’ai vu en zone mixte, après avoir tout donné. De Drogba.

Surtout, de Drogba. Didier-la-rage, 6 buts en 6 visites a Wembley, 37 pour la saison, après avoir fait la CAN! Ashley Cole: 6 victoires en Coupe – personne ne l’a jamais fait avant lui. Et meme Anelka, même si, perdu dans ce monde étrange qui est le sien, il n’a pas daigné s’arrêter en zone mixte pour dire ce que cela signifiait, être le premier joueur à faire deux doublés avec deux clubs, tiens?, comme Cole.

Qui, lui, a parlé.

Nicolas, c’est quoi, ce qui se passe dans ta tête? Ne comprendras-tu jamais que le football, c’est aussi une communion avec les fans qui paient pour ta Lamborghini, et à qui nous autres journalistes servons de relais?

Mais Anelka, basta. Carlo Ancelotti sabre le champagne sur Old Brompton Road ce soir. Première saison, un doublé, le premier de l’histoire de Chelsea. Il y a tellement de choses à vous raconter. Deux pénaltys loupés dans un même match, on n’avait jamais vu ça. En fait, des pénaltys loupés en finale de Cup, on n’en avait vu que deux jusque-là: Wallace pour Villa contre Sunderland en 1913, Aldridge pour Liverpool contre Wimbledon en 1988. C’est un tel régal que sortir de Wembley Park deux heures avant le coup d’envoi, d’entendre ce tonnerre qui gronde, de voir ces supporters bouger sur Wembley Way, qui mérite tellement qu’on l’appelle une ‘artère’; car c’est le sang du foot anglais qui pompe vers le coeur de Wembley. La veine s’appelle ‘Portsmouth’ ou ‘Chelsea’. Peu importe. Elle irrigue le même corps, qui tremble de vie. Et toi, le spectateur, tu sens cette vie qui tremble en toi; ce n’est rien, et c’est tout. C’est le foot, comme tu le rêves quand tu es gamin, et tu te sens amoureux, un vrai printemps à toi tout seul – sauf que cet amour, ils sont des milliers à le partager, et chacun d’entre eux est unique, et te fait fait sentir plus riche, plus vivant. Les joueurs de Chelsea et de Porstmouth n’avaient pas besoin qu’on leur dise; ils le ressentaient.

Je suis en Espagne ce soir, mais je suis aussi encore en Angleterre. Le football est mon pays, et sa capitale est toujours Wembley.