Philippe Auclair - 18 septembre 2011

Lettre ouverte pour M. Wenger - Parker, cette perle - MU-Chelsea, ce delire!
Tellement de choses à raconter, après un week-end au cours duquel on a marqué...trente-huit buts en championnat d’Angleterre. Dont beaucoup de magnifiques. Mais commençons par le commencement, par un message adressé à l’entraîneur d’un club qui est aujourd’hui à un point de la zone de relégation.
Cher Arsène,
Tout fan d’Arsenal sait ce qu’il vous doit. Tout fan de football, en fait. On n’oubliera jamais les Invincibles. On vous sera toujours reconnaissant d’avoir su prolonger la carrière des guerriers de George Graham. D’avoir été chercher Pat à Milan, Manu à Monaco, Titi à la Juve, Bobby à Marseille, et d’avoir ainsi contribué aux triomphes de 1998 et de 2000. D’avoir fait de Cesc Fabregas l’un des meilleurs joueurs du monde. On se souviendra que, sans vous, le pari de quitter Highbury pour l’Emirates aurait pu sonner le glas d’un grand club. Mais le football se vit au présent, et celui-là ne sent pas bon. En fait, de présent il n’y a plus à Arsenal, sinon la peur qui saisit vos joueurs, match après match.
Votre équipe a désormais concédé quatorze buts en cinq rencontres de championnat. Seuls le Derby de 2007-08 et le Southampton de 1998-99 avaient fait ‘mieux’ depuis que la First Division est devenue la Premier League. Ces deux équipes, vous le savez, avaient été reléguées. On ne prédira pas le même sort à vos Gunners, mais on sait déjà que le titre, hein? Bye-bye. Une place dans les quatre premiers? Une vue de l’esprit.
De grâce, ne nous parlez pas de l’effet déstabilisateur des départs de Fabregas et de Nasri. On savait qu’il s’en iraient, le premier depuis plus d’un an, le second depuis début juillet. Manuel Almunia et Sébastien Squillaci sont toujours sur le rota du club, par contre, à ce qu’il parait. Vous aviez le temps de réagir, vous avez laissé filer.
De grâce, ne nous parlez pas d’une ‘conspiration’ médiatique; comme si c’étaient les tabloides qui défendaient contre Yakubu! Vous avez longtemps profité d’un statut d’intouchable dans les rédactions. C’est parce que ces gens, ces journalistes que vous fourrez tous dans le même sac de linge sale, que vous insultez, à qui vous refusez tout contact qui n’ait pas reçu le blanc-seing de votre service de com’, ont aimé et aiment toujours votre projet, votre football. Quelle récompense reçoivent-ils? Le mépris. La paranoïa. La suffisance. Cher Arsène, comprenez une chose: ils en ont marre, même ceux qui vous veulent du bien, surtout ceux-là, en fait, parce qu’ils prennent gifle sur gifle, et n’en ont méritée aucune. Mais avez-vous jamais su écouter? C’est la question que nous nous posons maintenant que vous bannissez de l’Emirates un journaliste de L’Equipe pour un papier qu’il n’avait même pas écrit.
De grâce, vous qui dites être votre plus grand critique, ne vous servez pas de cela pour ignorer ou condamner ce que pensent les autres, qui ne sont pas toujours des cons, savez-vous?
Vous êtes visiblement incapable d’organiser une défense. Les chiffres ne mentent pas: 28 buts sur les 56 encaissés par les Gunners depuis août 2010 l’ont été sur coup de pied arrêté. C’est presque invraisemblable, mais ce n’est pas un crime. Mais au lieu de vous reposer sur Pat Rice et Boro Primorac, qui n’oseront jamais vous dire non, pourquoi ne faites-vous appel à ceux qui – excusez-moi – auront les couilles pour vous dire: ‘Arsène, tu as tort?’. Arsène, vous souvenez-vous qu’en 2005-06, votre défense en bois Flamini-Senderos-Touré-Eboué vous avait emmené en finale de la Ligue des Champions? Vous souvenez-vous que Martin Keown avait su les prendre en main, ces minots? Pourquoi analyse-t-il aujourd’hui les matches pour la BBC plutôt qu’il ne patrouille la ligne de touche de Colney? Pourquoi Vieira bosse-t-il pour Man City, et pas pour cet Arsenal qu’il a dans le sang?
Ne nous parlez pas de manque de ‘confiance’ quand votre défense baisse son string devant les Rovers. Cessez de protéger les gamins payés des millions pour se faire caresser dans le sens du poil à la crèche de London Colney. Expliquez-nous pourquoi, quand vous n’avez plus un seul milieu défensif (Song...), vouz expédiez Henri Lansbury à West Ham? Parce qu’il est anglais?
J’étais au match contre Swansea. Ca faisait mal, cher Arsène, de voir un ‘candidat au titre’ (parait-il) défendre à onze dans ses vingt-cinq mètres contre un promu pour defendre un 1-0. A domicile. Ca faisait mal, aussi, de vous voir apres le match contre Blackburn. http://www.101greatgoals.com/videodisplay/wenger-slams-terrible-arsenal-defence-after-blackburn-defeat-15420356/ Que d’aveux. Et que d’amertume.
Respectueusement.
6-0 pour Liverpool àTottenham. Je parle des cartons jaunes, bien sûr. 2-0 pour les Reds – ‘reds’ comme les cartons rouges reçus on ne peut plus justement par Charlie Adam et Martin Skrtel pour des gestes d’une imbécilité sans nom, que Dalglish n’a d’ailleurs pas essayé de défendre.
Adam était d’ailleurs verni de s’en tirer avec un deuxième avertissement plutôt qu’avec une expulsion directe pour son attentat sur Scott Parker, Parker sur lequel je reviendrai. Mais bref, ce n’est qu’un détail. Quand au score qui comptait, ce 4-0...bien payé pour un Liverpool presque aussi inepte qu’Arsenal ce week-end, c’est dire.
Quand j’avais parlé de ce match avec Capitaine Larqué vendredi dernier, je l’avais qualifié de test pour deux équipes dont il était bien difficile de se faire une opinion jusque-là. Je m’étais d’ailleurs fait remonter, courtoisement, par plusieurs fans de Liverpool qui comprenaient mal mes réserves dans la hype (totalement sans fondement selon moi) qui avait suivi une victoire plutôt chanceuse à l’Emirates.
Le fait est: ce Liverpool est totalement déséquilibré. Sa défense n’est pas celle d’une équipe du Top 4, mis à part l’excellent José Enrique. Son milieu de terrain, auquel Raul Meirelles manque si cruellement, a été complètement submergé par celui des Spurs, lequel avait il est vrai très belle allure. Andy Carroll a pris du poids (au sens propre, hélas). Quant aux choix tactiques de Dalglish, vous m’excuserez, mais ils furent incompréhensibles dimanche. Laisser Kuyt sur le banc après l’expulsion d’Adam à la 28ème? Adopter le plus frileux des 4-4-1 ensuite? Ce n’est pas de la prudence. C’est du suicide. Il fallut d’ailleurs attendre la 65ème pour voir les Reds – par Downing, jusque-là invisible – enfin cadrer un tir. Pour les Spurs par contre, quel joli dimanche! Modric, Bale, Defoe, formidable, Adebayor, excellent lui aussi...le spectacle fut au rendez-vous, le public aussi. C'est un bonheur que de s'asseoir dans la tribune de presse de White Hart Lane, l'odeur de la pelouse dans les narines, le ballon qui fuse, la foule qui chante. Je vous l'ai souvent dit; si vous voulez respirer le foot anglais, allez dans ce stade magnifique. J'y retournerai aussi souvent que possible!
Je dois revenir sur Dalglish. Le King s’est montré plus que discourtois lors de sa conférence de presse. Vous ne l’aurez lu nulle part, car KK est une vache sacrée, à qui l’on permet des écarts qui seraient interdits à d’autres. Mais la façon dont il a osé parler à un journaliste d’agence qui avait eu le culot de mentionner, et très poliment, l’indiscipline de ses troupes était scandaleuse. Vous ne m’ôterez pas de l’idée que ce joueur qui fut fabuleux est un manager dont la part d’ombre n’est ignorée que parce qu’il fut ce joueur, précisément.
On a vu un tout autre United ce week-end. Moins imaginatif, moins dominateur, mais encore plus impitoyable. Première période: trois tirs cadrés, trois buts dont une merveille de Nani qui a ainsi fêté dignement sa 100ème en championnat.
On dira le score sévère, et on aura raison. Comment Ramires a-t-il pu manquer ce ballon qui traînait devant le but de De Gea ? Comment Torres a-t-il pu...? Vous avez vu ces images. Si vous avez une explication, je l’attends. ‘Un match de basket-ball’, a dit Sir Alex. Autant dire sans vraie logique, comme Rooney se bananant comme un Terry sur son penalty. Attaque-défense, dans un sens puis dans l’autre. Ca ressemblait à du football, mais en était-ce vraiment?
Cela dit, souvenez-vous des réserves que j’exprime depuis des semaines sur la défense de Chelsea. Contre Norwich, c’est passé, tout juste. Le Bayer a manqué d’un rien de confiance. Mais contre United, ça ne pardonne pas.
Ha, John Terry. ‘Aux fraises’ est l’expression technique, je crois, à moins que ce soit ‘à la rue’; il est vrai qu’il n’est pas aidé par la présence de la jument Ivanovic à ses côtés. Qui est le plus lent des deux? Et pourquoi diable David Luiz était-il donc sur le banc? Pourquoi Lampard n’y était-il pas?
Ce match n’avait aucun sens. Regardez les stats. 20 tirs au but contre 12 en faveur des Blues, 10 corners à 4. Conclusion: ne pas en tirer pour ce qui est du destin de ces deux équipes en Premier League, même s’il y a des constats personnels qui sont inévitables, et pas toujours flatteurs. Le ‘tacle’ de Cole sur Chicharito était scandaleux. Et pardonnez mon incompréhension: si Phil Dowd donne un jaune sur cette tentative d'assassinat (qui aurait dû être un rouge), pourquoi ne siffle-t-il pas pénalty? Personne n’a encore su répondre à cette question. Une note ne bas de page, j’imagine, au vu du verdict: avec 5 victoires en 5 matches, et une différence de buts de +17 (!), United fait son meilleur début de championnat depuis 1985. Autant dire de l’ère Ferguson. Et de vingt pour les Mancuniens?
Je n’aime pas donner d’avis sur les matches que je n’ai pas vus au stade, ou à tout le moins en intégralité. C’est pourquoi je réserverai mon opinion sur le 2-2 entre Fulham et Sergio Aguero (8 buts en 4 matches de EPL) et sur la fessée de Stoke à Sunderland, qui est peut-être le résultat le plus étonnant du week-end. J’ajouterai néanmoins que QPR, comme je vous l’avais prédit (un bien grand mot pour une évidence), peut se frottter les mains d’avoir récupéré Joey Barton et Shauny Wright-Wright-Wright. Ces deux-là ont fait la pluie et le beau temps (surtout) chez les Wolves. Ah, si QPR avait un vrai avant-centre...
Le mot de la fin pour Scott Parker, tout simplement énorme face à Liverpool. Le ‘Footballeur de l‘année’ en titre a encore montré pourquoi nous avions voté pour lui. Il a ratissé un nombre invraisemblable de ballons, et les a distribués avec sa rigueur habituelle. 3 interceptions sur 3, 81 passes réussies sur 84. Merci aux copains d’OPTA pour ces stats. Arsène, que donneriez-vous pour un Parker ou un Barton aujourd’hui?
Rendez-vous à 22.30 demain lundi, avec toutes les DDD, les ami(e)s.