Philippe Auclair - 21 November 2011

Chelsea, portrait d'une plantade...
Le Bridge sur la rivière Kaï-kaï-kaï...
Calembour intempestif et plutot polo-tesque, mais je reviens à peine de Stamford Bridge, et essaie encore de saisir pourquoi André Villas-Boas nous a parlé comme il l'a fait, et près d’un quart d’heure, ce qui est très long dans ce genre de circonstances. Un mélange de naïveté, de défi et d’arrogance qui passait très mal après le spectacle offert au Bridge. Je me sens donc d’humeur un rien sarcastique.
Qu’avions-nous vu? Une équipe de Chelsea totalement dépassée par les événements pendant 45 minutes qui auraient pu tourner au naufrage, qui s’est ressaisie ensuite, profitant d’un relâchement de Liverpool, mais a ensuite de nouveau oublié ses principes, et l’a payé cash.
Le projet de jeu de AVB est en tous points louable. Mais n’oublions pas qu’il n’est pas le premier manager de Chelsea à vouloir aérer un peu le palais construit par Mourinho. Souvenez-vous de Scolari, promettant de marier la spontanéité brésilienne à la rigueur de la machine à José; souvenez-vous du Chelsea de Hiddink, qui était magnifique; ou de celui d’Ancelotti, qui eut aussi ses fulgurances. Villas-Boas a pour lui l’atout d’être arrivé sans avoit jamais connu l’échec. Il n’avait pas eu le temps pour cela.
Il veut jouer plus haut, presser l’adversaire, passer le ballon de ligne en ligne bien plus vite, en première intention, encourager ses joueurs à prendre des risques. Encore faudrait-il qu’il aie l’effectif idoine, ce qui n’est pas le cas. Encore faudrait-il que des joueurs qui ont déjà vu une demie-douzaine d’entraîneurs leur faire la leçon en l’espace de quatre ans acceptassent d’être déprogrammés/reprogrammés pour porter la bonne parole boassienne. Mata, oui. Ramires, sans doute. Meireles...laissé sur le banc, alors qu’il avait tant à prouver face à son ancien club, tout comme Torres.
Toute la question est là: AVB aura-t-il le temps de prouver qu’il a les capacités pour accomplir cette mue? Chelsea n’avait pas perdu deux fois de suite au Bridge depuis le printemps 2002. Sept buts encaissés en 180’ devant son public, c’est beaucoup (trop).
Je vous avouerai que je ne sais pas trop quoi penser du ‘serial winner’ de Porto. J’ai envoye aux amis de la redaction de RMC le son de sa conférence de presse, et j’espère que nous aurons le temps d’en passer un extrait ce lundi soir. Tout était dans le ton (beaucoup plus que dans les formules à l’emporte-pièce que les tabloides publieront demain matin), un ton que je ne fus pas le seul à trouver arrogant, voire suffisant.
Seuls les résultats à venir nous diront si ma lecture (qui était celle de beaucoup de mes confrères, y compris ceux qui ont un petit faible pour les Blues) était correcte ou pas. Lorsque AVB jugea ‘ridicules’ les propos tenus par Gary Neville sur Sky, un bref silence tomba dans la salle de presse. Neville s’en était pris à David Luiz, qui avait été catastrophique tout au long du match. Il aurait aussi bien pu s’en prendre à John Terry, constamment au bord de la rupture, ou à Ashley Cole, ou à l’inexistant Mikel. AVB choisit de répondre par le mépris. On comprend qu’il protège son joueur – mais ainsi? Non.
En face, ne nous leurrons pas, ce n’était pas un grand Liverpool. Un bon Liverpool, certainement, à qui l’énergie de Bellamy et de Maxi Rodriguez ont fait le plus grand bien. Mais pas un grand Liverpool. Le match a en fait basculé sur un arrêt extraordinaire de Pepe Reina, qui a renversé la dynamique du match pour la troisième fois, après que les Reds avaient pris les choses trop à la légère à la reprise. On sous-estime toujours les faits de jeu quand on réfléchit sur un match, comme si son destin était écrit d’avance, ce qui est faux: tout match se joue au présent.
AVB était dans le déni, et cela n’inspire pas confiance. Quand ça explose à Chelsea, c’est toujours plus fort que nulle part ailleurs. Or en ce moment, on entend comme un tic-tic-tic... dans le vestiaire. Où sont les désamorceurs?
Des autres matches, il y aurait bien des choses à dire. Je me bornerai à quelques phrases, le temps et l’espace me manquant.
Tout d’abord, s’il est un club et un manager qui savent comment soigner une gueule de bois, ce sont Manchester United et Alex Ferguson. Le 6-1 contre City n’est pas prêt d’être digéré. Mais la meilleure façon de le faire n’est-elle pas de redevenir une équipe qui gagne 1-0 en jouant mal? C’est ce que United a fait à Swansea. C’est aussi ça, un grand club.
Arsenal m’a impressionné à Norwich. Parfaitement. Malgré la boulette de Mertesacker. On insistera sur les 31 buts de RvP en 29 matches de championnat en 2011. Je penserai également aux contributions de Vermaelen, Arteta, Ramsey et Walcott. Ce sont des Gunners très costauds qui affronteront le Borussia mercredi. Dix victoires en douze matches, c’est un rythme appréciable. Apprécions-le.
Pour le reste, Newcastle qui chute, le ‘but’ de Blackburn qui aurait dû être refusé, et bien d’autres choses, on en reparle ensemble demain, sur ce blog, et sur twitter (@PhilippeAuclair), et dans le grand after, évidemment.
A très vite, les ami(e)s.