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Philippe Auclair - 25 septembre 2011

Week-end 'de transition' en Angleterre...parait-il.

Vendredi après-midi, un brin jaloux des affiches que Didier et Fred avaient à présenter dans leurs championnats respectifs (vengeance la semaine prochaine avec les derbys Everton-Liverpool et Spurs-Arsenal, les gars...), j’avais anoncé un ‘week-end de transition’ au Capitaine Larqué. Comme quoi...Oh! hé! hein? bon, comme disait Nino Ferrer, le très regretté.

Car il s’est passé beaucoup de choses en Angleterre, vous le savez. Non que j’avais tout faux: le déplacement de United à Stoke était périlleux sur le papier, il le fut sur la pelouse. Voilà plusieurs semaines que je vous parle des Potters comme de candidats sérieux à une place dans le Top 6, et de l’outsider que toutes les grosses cylindrées engagées en Ligue Europa voudront éviter. Ce qu’on a vu au Britannia samedi soir a renforcé cette conviction. L’esprit ‘commando’ instillé par Tony Pulis, lequel mérite un grand coup de chapeau, quoi qu’on puisse penser de ses méthodes, n’a pas été dilué par l’arrivée de recrues comme Peter Crouch, qu’on aurait pu penser un peu tendre pour le ‘boot camp’ du manager gallois. Et Pulis, petit à petit, enseigne le jeu à ses armoires à glace: on sous-estimera cette équipe à son péril.

OK – United, pas verni par l’absence de Rooney (cuisse, deux semaines) et la sortie du Chicharito (qui n’a décidément pas de bol en ce début de saison, entre l’agression d’Ashley Cole à Chelsea et le vilain coup de coude dans le dos de Woodgate à Stoke), pénalisé par la non-obtention de deux pénaltys flagrants, aurait pu repartir d’un Britannia bouillant avec trois points. Mais Sir Alex se montrait très fair-play au coup de sifflet final. ‘Un résultat juste’, dit-il. Qui sommes-nous pour contredire le Maître?

City, de son côté, a montré pourquoi le titre pourrait bien finir à Eastlands en mai. Pour une fois, Agüero a paru indécis. Everton a tenu ferme. Mais, dans la souffrance, les Citizens ont trouvé la solution, avec un Silva de nouveau génial à la baguette, et deux remplacements qui ont payé. L’embrassade entre Balotelli et Mancini était touchante, ne trouvez-vous pas? Le Mario est ce qu’il est, mais a cette qualité: ce n’est pas un calculateur. Sa gratitude était sincère. Quant à Tevez, aille-aille-aille...Se retrouver quatrième attaquant de City après en avoir été...tout, c’est dur.

J’en arrive aux recordmen. Robin van Persie, 17ème joueur d’Arsenal à passer la barre des cent buts, qui en a inscrit 21 en 23 matches de Premiership en 2011, et Richard Dunne, qui a désormais marqué neuf csc après le 1-1 de Villa à QPR, un de mieux que ce spécialiste, Jamie Carragher. RvP est souvent agaçant, par trop diva, par trop ceci et cela, mais force est de reconnaître que sans lui, Arsenal, dont il est un capitaine qui ne me convainc toujours pas, aurait déjà sombré corps et biens. Alors qu’après ce 3-0 contre un Bolton qui part en vrille, la faute à des absences cruciales (Lee, Holden) et à un calendrier cauchemardesque en début de saison, Arsenal se maintient tout juste à flot. Wenger peut continuer d’écoper. Lorsque je l’ai rencontré après le match, avec les collègues des quotidiens du lundi, il avait même retrouvé le sourire. On lui posa la question: ‘quelle est la dernière fois où vous êtes rentré chez vous détendu après un match?’, à quoi Arsène ne trouva pas de réponse.

Cela dit, ce 3-0 n’apporte aucune réponse définitive aux questions qu’on se pose sur son équipe et, au delà, ce qui est bien plus grave, sur son club, pour lequel Stan Kroenke ne semble pas avoir le moindre plan d’action, à part éponger les supporters. Pendant 45 minutes, les Gunners ont (dé)joué la peur au ventre. Sans Szczesny, encore impeccable (no. 1 de la EPL cette saison, je n’en démordrai pas, malgré la cascade de buts dans laquelle il s’est retrouvé trempé, faute d’avoir une défense qui sache à quoi ressemble un parapluie), Bolton, même diminué, aurait pris l’avantage. Après quoi, suivant l’expulsion de Wheater, il n’y eut plus de match, même avec un milieu Arteta-Song-Ramsey dans lequel on ne discerne pas d’équilibre. Un bon résultat contre l’Olympiakos mercredi, et on respirera à nouveau. Enfin, tout juste. Car rien n’a changé à L’Emirates: l’hirondelle de Bolton est arrivée à l’automne. Le test d’un renouveau, ce sera dimanche prochain à White Hart Lane. Brrr...

Car Tottenham s’est retrouvé. Superbes contre Liverpool, les Spurs se sont baladés à Wigan, à qui N’Zogbia, parti, et Rodallega, convalescent, manquent tant. Adebayor a les crocs, comme chaque fois qu’il change de club, Bale retrouve tout doucement la forme, Modric semble s’être fait une raison. Je serai à White Hart Lane dimanche prochain, et ne sais absolument pas à quoi m’attendre, si ce n’est à des buts, beaucoup de buts. Pour qui? C’est la devinette de la semaine.

Chelsea. Au-delà du cas Torres, qui aura déjà été ressassé à en perdre l’appétit lorsque vous lirez ces lignes, le fait est qu’on sent un vrai frémissement chez les Blues. AVB a tranché dans le vif, ce qui a fait très mal à Frank Lampard; mais AVB n’a en fait qu’été fidèle à sa promesse de donner une chance égale à tous. Son évincement de Lamps n’est pas un geste à la MacLaren (la mise à l’écart de Beckham, qui ressemblait à un coup d’état), mais la conclusion rationnelle d’une réflexion sur le vieillissement et le ralentissement d’une équipe. Lampard, au passage, pourrait bien faire son retour contre Valence mercredi; il n’est plus un ‘intouchable’, dans les deux sens du terme, voilà tout. Savoir qu’il l’acceptera, c’est une autre affaire.

On remarquera en tout cas que pas mal de joueurs, dont Ramires et Anelka, vraiment surprenant de vivacité, semblent respirer plus à l’aise aujourd’hui. Raul Meirelles, que j’adore, vous le savez, a donné une assise calme, intelligente et énergique à un midfield qui peinait à enclancher les vitesses, et presse désormais plus vite, et plus haut. Ce n’était que Swansea. Certes. Mais c’est prometteur.

Qui reste-t-il à passer en revue? Liverpool? A vous, les ami(e)s. Suarez a du génie, on le savait. Ce but, madre de dios – fabuleux. Surtout sa première touche de balle. Mais vous retirez l’Uruguayen de l’équation, et ce n’est franchement pas grandiose. Ne m’accusez pas d’anti-dalglishisme, ou de léser sa Majesté King Kenny. Les Reds restent poussifs. Leur plus gros atout sera le fait qu’ils joueront moins que les autres. Au delà de cet avantage dont beaucoup de supporters de Pool, qui ont l’Europe dans le sang, se priveraient bien, je ne vois toujours pas pourquoi ou comment cette équipe intégrerait le Top 4.

Reste Newcastle, toujours invaincu, qui a sorti un match superbe contre Blackburn. Pardew, qui est parvenu à calmer tout le monde à St James, ce qui est un authentique exploit, a attendu le bon moment pour lâcher un Demba Ba affamé, et qui en mangera d’autres, je vous le promets. Newcastle doit être la surprise de la saison à ce jour. En l’absence de recrues de choc, on s’attendait à ce qu’ils marquent le pas sur le terrain, et s’embrouillent dans une énième crise en dehors; ce n’a pas été le cas; c’est même l’inverse. Les Frenchies de la Tyne, y compris ceux qui chauffent le banc de temps à autre, ne font pas la gueule: ils font même bonne figure. Marveaux superbe en League Cup, Obertan épatant, Ben Arfa qui a le moral, Cabaye taille patron. Pardew for England?

A très vite, guys!