RMC Sport

Philippe Auclair 30/03

  • Arsenal, Chelsea, coup de coeur....
  • Le billet de Philippe!

Ne parlez plus de Birmingham à Arsène Wenger. Il y a 2 ans, c’est là que les Gunners avaient laissé s’éloigner un titre à leur portée, en concédant le pénalty de l’égalisation à des Blues - réduits à 10 - dans le temps additionnel. Mars 2010, rebelote. 92ème minute. Le dégagement de Sagna frappe le visage de Kevin Phillips, et le ballon lobe Almunia. Et ne parlez plus d’Almunia à certains supporters des Gunners, qui ont déjà oublié que, la semaine passée, l’Espagnol avait brillamment sauvé un pénalty contre West Ham. Injuste? Peut-être. Mais un Reina, un Cech, un van der Sar, voire un Hart ou un Gordon, ne se seraient jamais laissé surprendre de la sorte. En est-ce fini des espoirs d’être champion en 2010? Non. Le week-end prochain, l’un ou l’autre de Manchester United et de Chelsea, voire les deux, laissera des plumes dans le ‘match du titre’. United devra aussi se farcir City – encore un de ces matchs ‘hors contexte’ dans lequel on imaginerait bien les Citizens de Tevez, si inconstants, jouer un vilain tour au voisin -, et Chelsea rendra encore visite aux Spurs et à un Liverpool qu’on n’avait pas vu si fringant depuis longtemps. Il est vrai que quand Torres est dans une forme pareille...Quel premier but contre Sunderland, mon Dieu, quel chef-d’oeuvre! Même Stevie G, pourtant pas folichon cette saison, avait retrouvé un peu de ses jambes. Mais bref.

Pour Arsenal, de toute façon, pas d’autre solution que foncer. A commencer par foncer dans Barcelone comme ils avaient foncé dans Milan il y a 2 ans, un Barcelone, qui sera, vous le savez, sans son maître à jouer Iniesta. Pour Fábregas, touché au genou par un tacle de Craig Gardner, on ne saura probablement que mardi matin s’il est en état de prendre part au match. Mais j’imagine que nous parlerons de cela en détail dans les DDD, alors, passons à autre chose.

Chelsea, par exemple. 12 buts marqués en 4 jours, pas mal. Dont 4 de l’homme du moment, Florent Malouda qui, même au plus beau de sa vie lyonnaise, n’a jamais dégagé une telle impression de puissance physique et mentale. Il plane, le Flo. Contre Villa, dans une 1ère mi-temps couci-couça, il avait été le seul joueur à essayer d’emballer un match morne et sans rythme. Et lorsque les visiteurs craquèrent, il en recueillit le fruit. A Lampard les grands titres (2ème quadruplé de sa carrière, 151 buts pour Chelsea, 100 en championnat, 20 buts par saison 5 ans d’affilée, etc, etc), à Malouda mon magnum de champ’ de Man of the Match. Est-ce à dire que Chelsea a retrouvé toute sa superbe? Je vous le dirai dimanche prochain, pas plus tôt. Ce qui est certain est que le boa des Blues a conservé le don, lorsqu’il enserre sa proie, de l’asphyxier complètement. Cet instinct de tueur est ce qui fait défaut à Arsenal. Mais le vrai test sera le voyage à Old Trafford (Chelsea n’aime pas les déplacements: 4 défaites et 4 nuls à ce jour), face à Rooney – et Berbatov. Car je l’aime beaucoup, le ‘Berba’. 12 buts en 27 matchs de championnat, quand on a été blessé un mois, et la victime d’un chantage de la mafia biulgare, ce ne sont pas des statistiques de ‘joueur de luxe’. Wazza absent (mis au repos, assure Ferguson – espérons que ce soit le cas), Berbatov a totalement assumé ses responsabilités, tout comme Giggs et Scholes d’ailleurs, qui n’en finissent pas de nous épater. Le système de jeu de United en 2009-10 – Rooney avant-centre, Nani et Valencia sur les ailes – ne laisse pas de place à un second attaquant de pointe, et Berbatov doit donc se transformer en 9 et demi...quand il joue. Or il a accepté son sort avec bonne grâce. Alors, bravo quand ça rigole pour lui.

Un mot sur West Ham. Pauvre Gianfranco Zola! Il ne sera peut-être plus manager quand vous lirez ces lignes, tant ses nouveaux propriétaires Gold & Sullivan (on dirait le nom d’un débit de tabac) – pour des raisons qui échappent à tout le monde – ont pris de malin plaisir à scier une branche déjà secouée par un vent violent. La saison des Hammers a été plombée par de multiples blessures, certes; mais il y a bien pire qu’eux. Les trois relégables devraient être les trois relégués – à condition qu’on laisse Franco, que ses joueurs adorent, faire son travail dans les meilleures conditions. Ce n’est d’évidence pas le cas, et 6 défaites en 6 matchs en sont le prix.

Je reviens sur Villa pour conclure. Car je me pose des questions sur les capacités de Martin O’Neill à manager un club plus important que celui-là. Une fois de plus, son équipe explose à l’approche du printemps, et ce n’est pas un hasard. O’Neill est un coach frileux, en termes de tactique comme en termes de recrutement. Il bâtit des équipes d’ordinaire solides (on oubliera un instant que Villa n’avait pas pris pareille trempe depuis octobre 1964!) et solidaires, mais qui peinent à prendre le jeu à leur compte, et sont par trop dépendantes de la condition physique d’un groupe de joueurs bien restreint, comparé à celui des autres prétendants à la 4ème place. Arrive le moment où l’élastique casse, et où il est clair qu’il n’y a pas de ‘Plan B’ dans la stratégie d’O’Neill. Le manque d’un vrai animateur offensif se fait sentir de manière encore plus palpable. James Milner ne peut pas tout faire tout seul. Voyez-vous l’Irlandais dans la peau d’un futur entraîneur de Manchester United, comme on l’a écrit? Pas sûr.