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Philippe Auclair - DDD 18/10

Rooney, un footballeur en voie de disparition...et tout le week-end de football anglais passé à la loupe.

Quelle semaine – quel week-end!

Sur les révélations du Sunday Times, voir mon blog précédent. Rien de nouveau depuis que je l’ai envoyé, sinon qu’il est de plus en plus probable que le vote du 2 décembre sera repoussé, tant qu’on n’aura pas fait la lumière sur les agissement de MM. Adamu et Temarii, pris la main dans le sac, semble-t-il, par les reporters du journal dominical britannique, qui ont eu l’astuce (et le courage, car il en fallait) de se faire passer pour des ‘lobbyistes’ d’un groupe de businessmen américains – totalement indépendants du comité d’organisation US -, et ont alors découvert le pot aux roses. Encore que l’odeur que nous humons depuis ne soit pas celle de fleurs. Nous en reparlerons dans l’after.

Et si on causait de football, maintenant? Et du hold-up de Manchester City à Blackpool, par exemple? Un but refusé pour hors-jeu (discutable) aux ‘Tangerines’ de Ian Holloway, un autre accordé aux Citizens malgré un hors-jeu (incontestable) de Carlos Tevez, au demeurant fantastique, comme d’habitude. Je ne sais pas combien de temps ‘Ollie’ parviendra à faire croire à ses smicards qu’ils peuvent battre n’importe qui, mais j’espère bien que ce sera le plus longtemps possible. Et en jouant au sol, sans fracasser les adversaires. Pour City, qui a l’énorme avantage de ne pas jouer en C1, c’est la confirmation que le coup est jouable. Chelsea ne va pas trop bien, United est malade, Arsenal est...Arsenal. Il faudra néanmoins que Tevez soit là, en permanence; il n’aime pas Mancini, c’est clair, mais il est incapable de ne pas tout donner quand il est sur un terrain. Sans lui, même malgré une apparition prometteuse de David Silva, City n’a rien d’extraordinaire. A part les salaires payés à ses joueurs, of course.

Houllier et Ancelotti avaient l’air plutôt satisfait de leur 0-0 à Villa Park,et pour cause. Villa aurait pu, et peut-être dû l’emporter, si Reo-Coker avait été un brin plus précis sur sa dernière occasion; mais, somme toute, ce nul faisait l’affaire de tout le monde. Houllier poursuit son travail de contremaître sur un chantier prometteur; le Carlo, toujours aussi fair-play, a sauvé l’essentiel, et sans Alex, Drogba et Lampard, au sujet duquel je commence à m’inquiéter. ‘Lamps’ est un diesel qui a besoin de jouer, et beaucoup, pour être à son meilleur, or il n’a pas mis les pieds sur un terrain depuis le 28 août. Ce qui fait long, quand son absence ne devait être que de dix jours. Un mot sur Gaël Kakuta, titulaire du fait des absences de DD (grippé), de Sturridge et de Salomon Kalou. Il n’a pas été formidable, ce qui ne l’empêche pas de continuer à snober les médias du haut de ses 19 ans et de ses zéro trophées en seniors. Un conseil, Gaël: regardes Drogba, un seigneur, lui. Ce qui signifie qu’il reste un être humain, qui parle, ou sait dire ‘pardon’. Le soir de ses vrais débuts, contre Marseille, le Kakuta a promené son melon dans la zone mixte, sans desserrer les lèvres, tandis que le DD, qui n’avait même pas joué, a parlé à ses fans à travers nous. La leçon mériterait d’être apprise par les Kakutas de ce monde, qui sont hélas nombreux de nos jours. Pas vrai, David Ngog?

Ce qui nous mène à Liverpool, catastrophique pendant 60-70 minutes à Everton. Je croyais que le rachat du club par John W Henry (présent à Goodison) donnerait le coup de starter dont les reds ont tellement besoin, mais non. Quelle indigence dans le jeu...et quelle misère de voir Gerrard jouer si bas, sourcils froncés, sans enthousiasme et sans inspiration. Oui, cette équipe de Liverpool est – sur le papier – la plus faible depuis...depuis quand, au fait? Mais un capitaine se doit de montrer l’exemple, et de jouer pour son entraîneur, qu’il l’apprécie ou pas. Gerrard ne le fait pas. S’il veut les responsabilités d’un capitaine, qu’il les assume. Il ne le fait que du bout des lèvres, ou en jouant des crampons dans des duels pour le moins limite. Comparez avec le Gerrard vu contre la Hongrie ou la Bulgarie avec l’Angleterre – c’est le jour et la nuit. Il se peut que Hodgson ne dure pas longtemps, alors qu’il mérite beaucoup mieux. La faute en incombera à ses joueurs, Stevie G au premier chef.

Pour Everton, plusieurs confirmations: Seamus Coleman a du talent à revendre, Moyes ne commence à travailler qu’en octobre, Sylvain Distin aurait dû jouer pour les Bleus (mais il est trop tard), et Mikel Arteta est grand, tout simplement. Bref: rien de nouveau.

Manchester United, par contre, offre un visage inédit: celui d’une équipe qui ne sait plus cadenasser ses matchs. Fulham, Everton...West Brom, belote, re-belote et re-re-belote. Autrefois, une équipe qui menait 1 ou 2-0 contre United avait peur jusqu’à la dernière seconde. Aujourd’hui, elle regarde l’horloge et se dit: cinq minutes à jouer? On a notre chance! West Brom l’a jouée crânement, et a cru aux trois points jusqu’au bout, alors que MU avait peur. Le monde à l’envers. Où sont les patrons? Sur le banc (Scholes), blessés (Valencia), perdus dieu sait où (Rooney). Evra ne sait plus jouer au football. Van der Sar, un authentique ‘grand’, se fait rattraper par les années. Même Vidic cafouille, c’est dire, tandis que Nani et cie font leur cinéma. Que doit penser Sir Alex de ce gâchis? Cinq nuls en neuf matchs, et de cette façon-là, c’est inadmissible. Je vous disais en début d’année que United avait un gros coup à jouer en Europe, et que la Premier League serait délicate pour eux; je n’ai pas changé d’avis. A Valence, le facteur ‘intimidation’ a joué: les Espagnols ne savaient pas que le United contre lequel ils jouaient n’était plus celui qui avait gagné à Moscou en 2008. En Angleterre, par contre, on est au courant, et on en profite. Ah oui – Rooney, mon ‘footballeur en voie de disparition’...Un but en sept matchs, et sur penalty; des jambes sur lesquelles le ballon rebondit; un temps de jeu inexistant, et pas à cause de blessures. Où est passé le grand Wazza d’il y a six mois? Son contrat expire en mai 2012, et, déjà, on dit que le Real flaire du côté d’Old Trafford comme il avait flairé David Beckham et Cristiano Ronaldo. Ferguson ne lui parle plus, dit-on. Voilà des mois que je vous confie mes craintes. Chaque week-end les renforce un peu plus. Espérons que je sois plus trouillard que lucide.

Il était prévisible que les tabloides feraient leurs choux gras de l’expulsion – totalement méritée – de Jack Wilshere en toute fin d’un succès compliqué mais précieux d’Arsenal sur Birmingham City. Ils ne s’en sont pas privés. La 800ème de Wenger en Angleterre a donc eu un goût doux-amer. Wilshere avait encore une fois été l’homme du match, avec un excellent Marouane Chamakh qui semble pouvoir jouer les yeux fermés avec lui. Mais on a retenu un carton rouge, qui signifie trois matchs de suspension pour le prodige. Fabregas sera de retour d’ici là, et ‘young Jack’ pourra jouer contre Chaktior Donetsk, qui promet d’êre un match superbe, entre nous soit dit. Arsenal ne devrait donc pas trop souffrir du coup de sang de son poulain trop fougueux. Espérons que celui-ci retiendra la leçon. Des talents comme celui-là, il y en a un tous les dix ans. Gascoigne, Rooney, Wilshere...je devine vos commentaires!

Un dernier mot sur les Spurs, qui ont fait ce que personne d’autre n’avait fait cette saison avant eux: battre Fulham. Tottenham est en passe de déjouer les pronostics (y compris le mien); beaucoup d’entre nous pensaient que les Spurs seraient incapables de mener championnat et C1 de front. Il est encore beaucoup trop tôt pour dire si nous avions tort ou pas, mais j’espère sincèrement m’être trompé. Le rendez-vous de mercredi à San Siro sera crucial. Si Redknapp fait un tour à sa façon à Benitez, la voiture blanche sera lancée à fond, et il ne sera pas facile de l’arrêter.

Post-scriptum: un grand ‘thank you’ à tous les fidèles de l’after et des DDD qui sont venus nous écouter, Daniel, Thierry Marchand et moi-même, parler du football anglais lors de la table ronde organisée à la Bibliothèque nationale de France samedi dernier. Ca faisait vraiment plaisir de voir un auditoire aussi nombreux, et visiblement aussi passionné. Je suis navré de n’avoir pu rester plus longtemps en votre compagnie après le débat – mais le devoir appellait. En ce cas, suivre les matchs Manchester United-WBA et Arsenal-Birmingham City ce que, grâce à un jeune Gooner nommé Clément, je suis parvenu à faire dans un pub du 18ème arrondissement! Merci encore de votre présence, et de votre appréciation.