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Philippe Auclair - Russie-Qatar, drole de couple...

Que signifient les choix de la Fifa pour 2018 et 2022?

Russie, Qatar, drôle de couple...

Avant toute chose, je vous suggérerai de revenir aux billets que j’ai publiés sur la lutte pour 2018 et 2022 au cours des derniers mois, et qui prennent aujourd’hui, je crois, une signification autre. La Russie? Ce n’est en rien un scandale. Le football n’a jamais monté son plus grand chapiteau dans ce qui avait été l’Europe communiste, pour qui elle demeure un terrain en friche, une nouvelle opportunité. La gigantesque Russie, qui a des frontières avec pas moins de quinze pays, a un pied en Europe, l’autre en Asie. La volonté de son gouvernement – de Vladimir Poutine, donc – est de se servir du sport en général, et du football en particulier, pour deux projets distincts.

Le premier – celui de réformer une jeunesse qui se demande quel avenir l’attend dans un pays ravagé par la pauvreté de beaucoup, l’alcoolisme et la délinquance. J’ai entendu de mes propres oreilles M. Moutko, l’homme fort du dossier russe, prononcer ces mots.

Le second – d’ouvrir la Russie au monde, pour de bon. Lutter contre les préconceptions des Occidentaux, en particulier, et ‘éduquer’ la population russe elle-même – notamment sur le sujet du racisme.

Ces deux projets sont plus que louables. Et quand j’étais là-bas, j’avais senti qu’ils n’étaient pas que des outils de propagande, ou plutôt: pas seulement. Alors, souhaitons bonne chance aux Russes. Et faisons-nous à l’idée que l’Angleterre n’aura aucune chance de faire revenir le football chez elle avant 2030 au plus tôt – plutôt 2034 d’ailleurs. En ce qui me concerne, j’ai du mal à l’accepter, mais je comprends.

Pour le Qatar, je ne reviendrai pas encore une fois sur les raisons qui font que mon opposition à leur dossier était absolue. Vous pouvez retourner aux billets déjà publiés, et aux discussions souvent passionnantes que nous avons eues ensemble depuis des semaines sur le sujet. Acceptons le fait que le Qatar, malgré un dossier classé ‘à haut risque’ par la Fifa elle-même, malgré l’opposition de Sepp Blatter en personne – quelque chose que j’affirme en connaissance de cause -, malgré le ‘jamais!’ de beaucoup de grands noms du football comme Franz Beckenbauer, par exemple, a reçu la tâche enviable d’organiser le tournoi de 2022.

Je n’espère qu’une chose: avoir tort sur toute la ligne. Mais cet espoir est quasi-inexistant.

Tout n’est pas joué, cependant. Il se passera beaucoup de choses avant 2022, et notamment ceci: la réaction au sein des instances va être très forte, comme je vous en évoquais la possibilité il y a quelques semaines. Sepp Blatter va porter le chapeau – complètement à tort en ce cas. Une opposition va se mettre en place, dans le sillage de laquelle je ne serai qu’à moitié étonné de voir Michel Platini se placer.

D’ailleurs, pour qui avez-vous voté, Michel? Il est temps d’en finir avec ce ridicule mode de scrutin secret qui ne protège que les intérêts de quelques-uns, pas le football lui-même.

Revenons à nos moutons (enragés?): il ne m’étonnerait pas que le succès du Qatar soit remis en question au cours des mois ou années à venir – pour des raisons purement techniques. Comme je maintiens qu’il doit l’être.

Je n’avance pas cela par dépit, ou par colère, ou par anti-qatarisme primaire, mais sur la foi d’informations qu’on m’a communiquées avant le vote, et dont vous trouverez d’ailleurs la trace dans mes billets précédents. Il y aurait tellement à plus à dire, bien sûr, mais nous ferons cela à l’antenne, dans un after qui promet d’être agité...