Riolo : "Retour sur la défaite du PSG à Barcelone..."

Daniel Riolo - -
Moi quand on m'explique les choses, je suis comme tout le monde, je comprends. Au pire, je n'y arrive pas, mais j'essaye.
La défaite du PSG à Barcelone n'a rien d'infamante, soyons clair. Pour la troisième année de suite, Paris jouera les huitièmes de la Ligue des Champions. La stabilisation au haut niveau européen est notable. C'était le premier objectif de la nouvelle direction. Il me semble toutefois que dans le projet initial, progresser était aussi un objectif. Au contraire de stagner ou régresser. Est-on dans ce deuxième cas ? La question mérite d'être posée.
L'arrivée de QSI s'est accompagnée de celle de Leonardo. Une communication hésitante au début m'avait conduit à certaines critiques. Été 2010. Mise au point, plan dévoilé, recrutement intelligent. On m'a expliqué, j'ai compris.
Kombouaré en sursis, j'avais trouvé ça dur. L'expérience d'Ancelotti, le gain de temps sur la saison suivante, encore un gros recrutement en deux temps comme une sorte de finalisation d'un effectif taillé Europe, on m'a expliqué, j'ai compris.
Le PSG est en phase de progression évidente. La domination nationale, évidente, est là et un quart de finale digne face au Barca l'attestent.
La suite est plus floue. Le PSG laisse filer Ancelotti, un cador du banc selon le monde du foot de très haut niveau (pas selon moi). Leonardo, le directeur sportif, l'homme de la construction part aussi. Je ne comprends pas. On ne m'a pas expliqué.
Le PSG doit donc poursuivre sa progression avec un Président neuf dans le milieu du foot et un coach très peu expérimenté par rapport à son groupe et par rapport au monde que le club souhaite fréquenter. Des coaches "neufs" peuvent réussir, mais souvent quand ça arrive, c'est avec un groupe lui aussi neuf ou avec lequel il a grandi : Mourinho à Porto, Simeone à l'Atlético, Klopp au Borussia Dortmund. Et si en plus votre coach "neuf" n'est pas le premier choix, mais le sixième, son management risque d'en souffrir tôt ou tard.
Je répète que la défaite à Barcelone n'est pas en soi illogique, anormale. Néanmoins elle est symptomatique, selon moi non seulement d'une stagnation, mais pire, d'une régression. Au-delà du résultat, il y a une attitude générale qui ne correspond pas à l'ambition du club. Les réactions de certains joueurs, du coach, du président ont trop ressemblé à des excuses. Des propos fatalistes de petites équipes ayant échoué chez le gros. Ce discours pouvait être acceptable en avril 2013 lors de la dernière visite au Camp Nou, mais pas un an et demi plus tard. Comme face à Chelsea en avril dernier, le PSG a été passif. Comme face à Chelsea, on n'a pas compris les choix et le coaching de Blanc.
La régression du club rejoint celle de certains joueurs. Thiago Silva n'est pas devenu nul, David Luiz, non plus. Cavani n'est pas bidon... Globalement, je ne crois pas que tant d'équipes que cela ont un meilleur effectif. D'ailleurs, si vous prenez les grosses écuries de la LDC, à différents moments on a entendu que certains de leurs joueurs étaient cramés. Ramos, Pepe, et même Messi. Voilà pour les exemples les plus frappants. Et donc non, aucun des joueurs du PSG n'est devenu bidon. C'est une affaire de contexte, de cadre. Celui du PSG aujourd'hui n'est pas bon, pas sain. On ne va quand même pas se cacher derrière le budget ou le fair-play financier ? La décence le recommande. Depuis plusieurs mois, le coach a perdu son groupe, les joueurs sont perdus. Au-delà d'un problème de compétence que je ne veux même pas aborder, je note une inadéquation claire entre le staff et les joueurs.
Sans directeur sportif, avec une préparation tronquée voire inexistante, (on a privilégié la tournée commerciale cet été), un groupe en auto gestion, le PSG avance avec ses stars au rendement incertain. Les individualités entretiennent l'illusion d'une grande équipe. Les responsables de cette situation sont bien évidemment les dirigeants et au premier rang, le président, tout puissant et trop présent. Aujourd'hui, je ne comprends pas, plus ce club. Mais je veux bien qu'on m'explique...