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Double Contact - Mac Tyer: "Dembélé joue comme s’il était au quartier"

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RMC Sport a sa rubrique "culture-sport" baptisée "Double Contact". Tout au long de l’année, on vous propose des entretiens intimes et décalés, avec des artistes qui font l’actualité. A l’occasion de la sortie de son projet "La vie du triple OG", on a rencontré Mac Tyer. Le rappeur d’Aubervilliers nous parle de son soutien au Red Star, de la nouvelle mentalité du PSG et de la trajectoire de Salahdine Parnasse.

Il est venu avec son survêtement blanc et vert. Lorsqu’on le retrouve au nord de Paris, Mac Tyer arbore fièrement les couleurs du Red Star, qui vient de valider son retour en Ligue 2. Cinq ans après sa relégation, l’équipe du 93 (basée à Saint-Ouen), leader de National, va retrouver l’antichambre de l’élite. De quoi ravir le rappeur d’Aubervilliers, qui s’est récemment rapproché du plus grand club de son secteur.

"Quand j’étais jeune, je suivais parce que tout le monde rêvait de jouer au Red Star, en nationaux. Mais après, j’avais un peu décroché. Et petit à petit, on m’a sollicité pour me montrer ce que le Red Star était en train de faire et je suis revenu un peu dans la matrice", explique "le Général" en marge de la sortie de son projet "La vie du triple OG" (disponible depuis le mois dernier).

"On jouait au foot ensemble avec le père de Zaïre-Emery"

"Le Red Star peut devenir un club qui porte toute une culture, un environnement, une mentalité, développe l’artiste de 45 ans, très attaché à son département. Si on a un club en Seine-Saint-Denis qui peut avoir le potentiel de monter en Ligue 1, autant donner de la force. La Seine-Saint-Denis, il y a un côté un peu nationaliste. C’est culturel. Ça dépasse le foot, c’est une revendication de territoire."

Un territoire qui a vu naître de nombreux talents ces dernières années. A l’image de Warren Zaïre-Emery, qui a débuté au sein du FCM Aubervilliers avant de rejoindre le centre de formation du PSG. "Je connaissais très bien son père, on jouait au foot ensemble quand on était petits, confie Mac Tyer. Il m’avait parlé de son fils il y a très longtemps, il était déjà sûr de lui. Zaïre-Emery est travailleur, humble. Il montre qu’il est éduqué. Il défend de très bonnes valeurs pour sa génération et ça j’apprécie. On dirait un ancien sur le terrain. Il a tout des grands joueurs."

"Tous ces jeunes sont prêts à se tuer pour Luis Enrique"

Au-delà du phénomène de 18 ans, élu meilleur espoir de Ligue 1 et candidat à une place à l’Euro 2024 avec les Bleus, Socrate Petnga (son vrai nom) apprécie le nouveau visage du PSG cette saison. "Au début, je n’y croyais pas, mais finalement, je sens une grinta de la part de tout le monde, du groupe, glisse-t-il. Je n’ai vu ça dans l’ère qatarie qu’au début. Et là, je ressens cette grinta collective, pas juste basée sur deux ou trois joueurs, qui peut leur permettre de pousser des portes. On est en train de revoir une équipe qui progresse sous nos yeux. C’est un truc qu’on n’avait pas vu depuis longtemps."

Un souffle rafraîchissant impulsé par l’entraîneur Luis Enrique: "Il a réussi à faire que tous ces jeunes-là soient prêts à se tuer pour lui, comme les gens sont prêts à se tuer pour Ancelotti. Les joueurs savent qu’ils ont un vrai coach en face d’eux. Il y a un rapport d’aîné, ils n’ont vraiment pas le même âge. Je pense même qu’ils peuvent se confier à lui. C’est un rapport sain qu’il y a entre le coach et tous ces jeunes."

"Si l’Angleterre gagne l’Euro, ça aura un impact social de fou"

Parmi les talents parisiens, Mac Tyer apprécie particulièrement celui d’Ousmane Dembélé. Toujours imprévisible sur le terrain: "Il est incroyable. Quand il joue, c’est comme s’il était au quartier. Je pense qu’il est en train de conscientiser le football professionnel. Il sait ce qui lui manque et ça se voit qu’il est de plus en plus focus là-dessus. Quand il joue, il se concentre sur ses carences et il est content quand il fait quelque chose d’abouti."

Même s’il espère un bon parcours de l’équipe de France lors du prochain Euro, l’ancien membre du groupe Tandem imagine plutôt un sacre des Three Lions cet été en Allemagne: "L’Angleterre est arrivée à maturité de l’acceptation de toute son immigration. C’est une nouvelle mentalité. En France, ça fait longtemps que l’immigration a été acceptée au sein de la fédé, que l’équipe de France est multiculturelle. Si l’Angleterre gagne l’Euro, ça aura un impact social de fou là-bas. Comme à l’époque où Zidane nous a amené la Coupe du monde (en 1998). Culturellement, en France, ça a changé beaucoup de choses. Et je sens ça pour l’Angleterre."

"Salahdine Parnasse est au début de son règne"

Intéressé par le MMA, Mac Tyer suit de près l’évolution de Salahdine Parnasse, lui aussi natif d’Aubervilliers. Un combattant dont il a entendu parler depuis longtemps. "La première fois, c’était en 2016. C’était déjà prévu qu’il perce. Tout le monde croyait déjà en lui. Ce n’était pas une surprise, se souvient-il. Il s’entraîne tout le temps, à deux pas d’où il est né. Il a gardé sa rigueur. Maintenant, il a un peu plus de fame, mais il est concentré, focus. C’est magique. Mais là, il est au début de son règne. Ça n’a même pas commencé."

Mac Tyer est également connecté avec Stéphane Chaufourier, surnommé "Atch", le mentor de Salahdine Parnasse. "Je le connais personnellement. Je l’ai félicité du duo qu’ils forment avec Salahdine. C’est comme une grande famille. Les deux sont d’Aubervilliers." Leur salle d’entraînement, la Atch Academy, est d'ailleurs située dans la ville limitrophe du nord-est de Paris. Un temple du travail et de l'humilité.

"J’ai une anecdote, illustre Mac Tyer. Il y a très longtemps, j’étais très jeune. Il y avait une fête à Aubervilliers à laquelle je devais participer. Atch faisait la sécurité de l’événement. Il y a eu du boucan, des embrouilles. Et moi je m’embrouille avec Atch. Il avait déjà les oreilles de pit, tout ça. Je suis jeune, je fous le bordel. Et plus tard, j’y ai repensé et je me suis dit heureusement qu’il est humble, qu’il sait que c’est une arme. Il s’est dit: ‘Il n’est pas conscient. Il est là, il fait du boucan, alors que je peux lui briser ses os en deux secondes (rires)’."

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https://twitter.com/AlexJaquin Alexandre Jaquin Journaliste RMC Sport