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Double Contact - Souf: "Tu ne peux pas suivre tous les matchs, le foot doit évoluer"

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RMC Sport a sa rubrique "culture-sport" baptisée Double Contact. Tout au long de l’année, on vous propose des entretiens intimes et décalés, avec des artistes qui font l’actualité. A l’occasion de la sortie de son projet Sentiments, on a rencontré Souf. L’artiste originaire de Nancy nous parle de sa nouvelle passion pour le padel, de son rapport plus distant avec le football et de la hype grandissante autour du MMA.

La transition s’est faite très rapidement. En quelques mois, à peine. Le temps pour Souf de troquer ses crampons contre des balles jaunes et une raquette sans cordage. "J’ai découvert le padel, un peu comme tous les footeux, et là, je suis à fond dedans. Ça me fait même un peu abandonner le foot. Je n’aurais jamais cru dire ça il y a deux ans, mais c’est la vérité", confie le chanteur de 34 ans lorsqu’on le rencontre pour la sortie de son projet Sentiments (disponible depuis le 4 octobre).

Comme beaucoup de jeunes de sa génération, Soufiene (son vrai prénom) est tombé sous le charme de cette discipline dérivée du tennis et popularisée en Amérique du Sud il y a une quarantaine d’années, qui se pratique en double sur un court encadré de vitres et de grillages. "C’est très facile à jouer, même quand tu ne connais pas. Ce n’est pas comme le tennis où pour commencer à bien jouer, il faut prendre des cours. Le padel, c’est très ludique. Au bout de deux-trois fois, tu commences à comprendre les coups. C’est très vite addictif."

"Je vais commencer les tournois, mais j’ai peur de devenir addict"

Contrairement à d’autres sports plus éprouvants, le padel est accessible à tous, "peu importe l’âge ou la condition physique". "Il y a des mecs qui font 100kg et qui sont meilleurs que des mecs sportifs. Ils ont tellement une bonne main qu’ils n’ont presque pas besoin de se déplacer. Ils mettent la balle où ils veulent", témoigne l’artiste originaire de Nancy.

"Tu peux jouer avec ton père ou ton grand-père. Quand j’ai commencé, j’ai joué avec un mec de 75 ans et il m’a mis une raclée", en rigole-t-il encore.

A force de pratiquer, Souf estime désormais avoir "un bon niveau". Au point d’envisager de se lancer en compétition? "Je pense que je vais commencer à faire des tournois, mais j’ai peur de devenir addict parce que j’ai vite l’esprit compétiteur..."

"Si Mo Salah s’en va, je vais peut-être bifurquer"

Malgré sa nouvelle passion, le chanteur aux 2,3 millions d’abonnés sur TikTok continue de suivre l’actualité du ballon rond. Même s’il reste fan de Liverpool, il regarde d’un œil plus distant les résultats des Reds depuis le départ de Sadio Mané et la fin de l’ère Jürgen Klopp.

"Je ne te cache pas que si Mo Salah s’en va, je vais peut-être bifurquer sur City ou Arsenal", prévient-il.

Globalement, Souf consomme de toute façon moins de football qu'avant: "Aujourd’hui, trouver le temps de rester une heure et demie devant la télé, c’est compliqué. Et puis, il y a tellement de matchs, tu ne peux pas tous les suivre. Donc j’ai trouvé un nouveau système: les résumés. Parfois, je ne regarde aucun match en direct, même en Ligue des champions, et je me fais tous les résumés le lendemain. Maintenant, tu as des résumés de dix à quinze minutes, tu revis les meilleurs moments et les buts, et là, tu prends vraiment du plaisir."

Un "désintérêt" pour les Bleus

Avec des sources de distraction toujours plus nombreuses et une capacité de concentration en baisse chez les spectateurs, le football va d'après lui devoir se réinventer dans les années à venir, pour ne pas perdre en popularité. "Ce n’est pas impossible que, plus tard, on ait moins de joueurs, des terrains plus petits, des matchs plus courts… Je pense que le foot va évoluer, c’est sûr. On est dans une aire où consomme très vite, avec les réseaux sociaux, le 'swipe'. Les gens ont besoin d’être intéressés tout de suite. Donc on n’est pas à l’abri qu’ils repensent le football et la manière de jouer, pour éviter les matchs où il ne se passe rien."

En attendant une possible révolution, qu’il n’envisage pas dans l’immédiat, Souf a aussi pris un peu de recul avec les Bleus de Didier Deschamps. "Il y a beaucoup de cadres, aimés des Français, qui sont partis. Griezmann, Giroud, tous ces mecs-là… Il faut que la nouvelle génération fasse sa place. Je n’ai pas lâché parce que je regarde quand même les matchs, mais ce désamour, je l’ai ressenti. Enfin, pas un désamour, mais plutôt un désintérêt. Je pense que c’est lié aux joueurs. Il nous faut des nouveaux gars qui arrivent, une petite nouvelle vague, un peu de fraîcheur (…) Mais c’est un cycle aussi. Peut-être que pendant un an ou deux, il ne va rien se passer, et qu’après, ça va remonter."

"Barcola, c’est un phénomène"

Bradley Barcola pourrait faire partie de ceux qui rallumeront la flamme autour de la sélection. "J’aime bien sa jeunesse, sa fougue. C’est un phénomène", apprécie Souf. "Il est rapide, technique, il fait des différences. Après, il faut qu’il s’impose au PSG. Il remplace un peu Mbappé, à son poste. Il a pris sa place donc on en attend beaucoup de lui. Mais j’ai confiance, je pense qu’il peut le faire. En plus, c’est un mec intelligent. Moi, j’aime bien ça, les mecs qui sont forts au foot mais quand tu les entends parler en conférence de presse, ils sont cultivés, ils s’expriment bien et ils en ont dans la tête."

Né d’un père marocain et d’une mère algérienne, l’artiste de Meurthe-et-Moselle se régale devant la montée en puissance des Lions de l’Atlas, demi-finalistes de la dernière Coupe du monde en 2022. "Avant, les joueurs du Maroc jouaient en Ligue 2. Aujourd’hui, ils jouent quasiment tous dans des gros clubs, donc ça a pris une dimension différente. On est super fiers, forcément", explique-t-il. "Avant, certains joueurs avec la double-nationalité étaient un peu réticents à l’idée de jouer avec le Maroc ou l’Algérie. Et aujourd’hui, Brahim Diaz a choisi le Maroc. On n’était pas loin d’avoir aussi Lamine Yamal. Houssem Aouar joue avec l’Algérie. Plus on va avancer dans le temps, plus on aura des joueurs qui feront aussi ce choix."

"Tous les mecs avec qui je parle de foot parlent aujourd’hui de MMA"

Même s’il n’est pas un grand adepte de "la bagarre", Souf s’est laissé emporté par la vague MMA qui submerge la France depuis la légalisation de la discipline il y a quelques années. Son entourage également. "Avec les Ngannou, les Ciryl Gane ou les Doumbè, il y a une hype. Tous les mecs avec qui je parle de foot parlent aujourd’hui de MMA. Il y a trois-quatre ans, ça n’existait pas. Maintenant, je peux regarder un match de foot avec sept-huit potes et le lendemain, avec ces mêmes potes, regarder un combat de MMA. Ça a pris une place de fou".

https://twitter.com/AlexJaquin Alexandre Jaquin Journaliste RMC Sport