Maroc: ses liens avec les joueurs, le Mondial, son hit "Ghazali"… le chanteur DYSTINCT se confie

La voix de DYSTINCT fait désormais partie du patrimoine marocain. En fin d’année dernière, elle a accompagné le parcours historique de l’équipe nationale lors la Coupe du monde 2022. Son morceau "Ghazali" (en feat avec Bryan Mg) est devenu l’hymne des Lions de l’Atlas, qui l’ont repris en cœur à chacun de leur succès au Qatar. En tapant dans les mains, en dansant et en partageant leurs moments de communion sur les réseaux. De manière spontanée.
"Ça m’a beaucoup touché, j’ai trouvé ça beau d’entendre ma chanson dans les vestiaires, confie le chanteur belge d’origine marocaine à RMC Sport. Le morceau est vite devenu viral, sans que je sache vraiment pourquoi. Ce n’était absolument pas prévu..."
"On se parle beaucoup avec Sabiri"
A la base, "Ghazali" est une chanson dans laquelle un homme déclare son amour à la femme de ses rêves. Rien à voir avec le ballon rond. Tout est parti d’Abdelhamid Sabiri, le milieu de terrain de la Sampdoria (prêté à la Fiorentina ces derniers mois). Proche de Dystinct, le joueur de 26 ans a introduit le son auprès de ses coéquipiers. "Sabiri, c’est mon frère, explique l’artiste originaire d’Anvers. On se parle beaucoup. A la base, on s’est branchés sur les réseaux, simplement. Il écoute mes sons avant tout le monde. ‘Ghazali’, c’est sa chanson maintenant, il devrait en faire un remix (rires)."
Boosté par sa proximité avec les partenaires d’Hakim Ziyech et Sofyan Amrabat, le titre cumule aujourd’hui plus de 40 millions d’écoutes sur Spotify. Son clip a été vu près de 70 millions de fois sur YouTube. "Le son marchait bien depuis l’été d’avant mais il a pris une autre ampleur avec le Mondial, confirme son interprète. Il tourne maintenant dans d’autres pays du monde, où les gens ne parlent pas arabe."
En France, la mélodie a trouvé son public, au-delà de la communauté marocaine. Lors de son concert au Zénith de Paris, le mois dernier, la chanteuse Lynda (d’origine algérienne) a invité DYSTINCT sur scène. Et les 7.000 spectateurs présents ont repris ensemble les paroles de "Ghazali".
"Je suis né en Belgique mais je me sens marocain"
Un succès qui rappelle forcément celui de Vegedream avec "Ramenez la coupe à la maison", lors de la victoire des Bleus à la Coupe du monde 2018. "La différence avec le titre de Vegedream, c’est que ma chanson n’a pas été faite pour l’équipe. Elle a été adoptée naturellement", nuance DYSTINCT, qui a conscience d’être désormais lié à vie aux Lions de l’Atlas: "Je sais que ma chanson va être associée pour toujours à l’équipe du Maroc et ça me rend heureux, fier aussi. C’est une bénédiction."
Avant la demi-finale entre la France et le Maroc (2-0), "Ghazali" a d'ailleurs résonné dans le stade Al-Bayt d’Al-Khor. Dystinct était dans les gradins. Ému, forcément. "C’était délirant", admet-il en y repensant.
Né en Région flamande, Iliass Mandouri (son vrai nom) a grandi à Zurenborg, un quartier d’Anvers à l’accent maghrébin. "Il n’y avait que des Marocains, c’était comme un petit bout du pays", illustre celui qui a également vécu un peu à Amsterdam, la capitale des Pays-Bas, à sa majorité. Sans jamais cesser de se rendre au royaume chérifien. "Pour être honnête, je suis né en Belgique mais je suis marocain, résume le chanteur aux 800.000 abonnés sur Instagram. La seule chose qui me différencie des Marocains nés au Maroc, c’est mon pays de naissance. Rien d’autre. Mon sang est marocain, je parle darija (l’arabe marocain, nldlr). Je n’ai rien contre la Belgique, mais c’est juste ce que je ressens".
"El Khannous va devenir un grand joueur"
Lors de la victoire des Lions de l’Atlas face aux Diables Rouges, durant la phase de poules du Mondial (2-0), DYSTINCT, qui parle néerlandais, arabe et anglais (il a aussi de bonnes notions en français), se trouvait dans le plat pays. "J’étais en studio et j’ai dit à mon manager: ‘On va au Qatar pour le prochain match, même sans billet’", se rappelle-t-il. Une fois au Moyen-Orient, il a réussi à obtenir des places pour suivre l’équipe d’Achraf Hakimi jusqu’au dernier carré de la compétition. "C’était incroyable d'assister à cette épopée. C’était la première équipe africaine à aller aussi loin en Coupe du monde. L’ambiance était magnifique en tribunes. C’était super familial. On se prenait dans les bras avec des gens qu’on ne connaissait même pas. Ça a réuni beaucoup de monde."
A l’heure des félicitations, Iliass tient à saluer en particulier le travail du sélectionneur Walid Regragui: "Il est très fort, il a su se faire aimer des joueurs. Il est respecté des jeunes qui l’écoutent. Tout le pays est fier de lui. C’est en grande partie grâce à lui tout ça."
Au-delà de Yacine Bounou, "le chouchou du peuple", DYSTINCT a aussi été bluffé par Bilel El Khannous, le prodige du KRC Genk: "Je l’aime beaucoup. Il a disputé la Coupe du monde à 18 ans (il a fêté ses 19 ans le mois dernier, ndlr), c’était impressionnant. En plus, il vient de Belgique lui aussi. Il est spécial. Il joue avec tellement de confiance et de facilité. On voit que ça va devenir un grand joueur, peut-être même une légende. Je suis sûr qu’il va pouvoir rejoindre un top club européen."
"On vise la victoire à la CAN 2024"
Après l’euphorie du Qatar, l’agenda de DYSTINCT ne lui a pas permis de se rendre à Rabat pour fêter le retour des héros, reçus par le roi Mohamed VI. Mais il est venu à Tanger, fin mars, pour voir le Maroc battre le Brésil en amical (2-1): "L’ambiance était super détendue. Ce qui m’a marqué c’est qu’on n’était pas du tout stressé à l’idée d’affronter le Brésil. On était en confiance (sourire)."
Une confiance qui n’a pas quitté l’artiste flamand à l’heure de se projeter sur la Coupe d’Afrique des nations 2024, prévue en Côte d’Ivoire en début d’année prochaine: "On vise la victoire, évidemment (le Maroc a gagné une seule fois la CAN en 1976, ndlr). J’aimerais bien y aller mais il faudra que je vois si c’est jouable avec mon planning. Peut-être que j’irai en dernière minute..."

"Mbappé, c’est la légende de notre génération"
Grand consommateur de football dans sa jeunesse, Iliass se concentre aujourd’hui sur la Ligue des champions et les grands tournois internationaux. Avec une admiration particulière pour Kylian Mbappé: "C’est la légende de notre génération. Je l’ai vu comme tout le monde a la télévision, mais au stade, il est vraiment très rapide, c’est incroyable." Lui-même se décrit comme un sérieux manieur de ballon :"Je suis un bon joueur, très technique. J’ai une bonne qualité de frappe", explique celui qui tape régulièrement le cuir avec son père et des amis.
Dans son nouveau projet "Layali" (disponible le 9 juin), DYSTINCT a notamment invité Naza (sur le morceau "Business"), dont il connaît la réputation de crack à FIFA. Il a aussi bossé avec MHD sur le son "Tek Tek", qu’il imagine bien ambiancer les vestiaires professionnels dans les mois à venir. Des titres qu’il va faire voyager lors de sa tournée européenne dans les prochaines semaines, avec un show déjà complet le 24 juin à la Maroquinerie de Paris.