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Liu Xiang

Comment vous dire...

Cela parait disproportionné, tout ce déballage d'émotions ressenties ce matin dans le nid d'oiseau devenu soudain silencieux après que Liu Xiang ait quitté la piste la tête basse. Ce n'est que du sport diront certains, et c'est vrai. Il y a plus grave dans la vie, et là encore, c'est vrai. Mais dans le concert olympique qui ressemble parfois à un grand déballage, une grande démonstration de force et de nationalisme, on oublie souvent que les acteurs sont avant tout des hommes et des femmes. Et Liu Xiang est peut-être le seul de toutes les stars chinoises à nous inspirer autre chose un respect poli ; Il est le seul aussi à braver, à son modeste niveau, l'omerta des dirigeants sportifs chinois ; le seul qui n'hésite pas à faire état de son admiration, et de son affection pour les champions occidentaux. La cellule de crise mise en place autour de lui depuis son retrait du meeting de New York en mai dernier, l'interdiction qui lui était faite de parler aux médias, tous les médias y compris chinois, la confiscation de son téléphone portable qui lui aurait été imposée, rien n'a pu empêcher le jeune champion de braver l'interdit, et de s'approcher une nouvelle fois de son adversaire et néanmoins ami Ladji Doucouré à l'échauffement pour lui confier qu'il ne courrait probablement pas.

Anodin me direz-vous ?

Pas vraiment si l'on songe que cette simple phrase confiée à un concurrent occidental peut lui occasionner une fin de carrière précipitée lorsque les dirigeants chinois en prendront connaissance. Car pendant que le chef de délégation assurait en conférence de presse que la décision avait été laissée entre les mains de Xiang et que personne ne pouvait savoir qu'il n'était pas en mesure de courir, Liu Xiang faisait mentir ses dirigeants en confiant, plus d'une heure avant le départ de la course, qu' il n'était en mesure de se présenter au départ.

Alors j'ignore si depuis la France, vous pourrez comprendre pourquoi le forfait de Liu nous a autant ému, mais il était à mes yeux, outre un très chic type, mais surtout le seul peut-être à pouvoir faire le lien entre l'Orient et L'Occident et donner à la jeunesse de son pays une autre image de la réussite chinoise, un soupçon de simplicité et d'humilité qui sont aussi la raison pour laquelle il était apprécié des français, Ladji Doucouré en tête.

Maryse