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Allez les Blancs !

Maxime Médard face à Richie McCaw

Maxime Médard face à Richie McCaw - -

Comme en 1987 lors de la première édition de la Coupe du monde de rugby, le XV de France a le redoutable honneur de défier les All Blacks, chez eux, en finale ce dimanche (10h, heure française). Les Bleus, qui joueront en blanc, ont besoin d'un exploit retentissant pour écrire l'histoire.

Quand les réalisateurs de docu-fiction se pencheront sur l’épopée, ils ne devront pas mélanger les bobines de la trame originale. Penser à la première scène, en 2007, à cette bande-annonce d’un jeu en technicolor, rebondissant de partout, avec des relances déraisonnées et des deuxième-lignes aux missions de trois-quarts ailes. Ne pas oublier la première victoire, en 2010, avec ce Tournoi des VI Nations déjà aux antipodes des promesses initiales d’orgie offensive. Ne pas couper au montage les claques reçues au passage, un vrai collier de « perles » du printemps 2010 à l’automne 2011, de l’Afrique du Sud (17-42) et l’Argentine (13-41) aux Tonga (14-19) en passant par l’Australie à Saint-Denis (16-59) et l’Italie à Rome (21-22). Mais quel sera le dernier plan-séquence de l’ère Marc Lièvremont ?

Une équipe de France, en maillot blanc, terrassée en finale de la Coupe du monde par les All Blacks ? Ou vaincue avec les honneurs ? Ou triomphante, sous les confettis et des gouttes de pluie comme des larmes de tout un peuple ? Depuis leur entrée en lice le 10 septembre contre le Japon (47-21), les joueurs tricolores ont tellement rendu fou les pronostiqueurs et les passionnés qu’il est impossible de savoir ce qu’il va se passer ce dimanche à 21h (10h, heure française) sur la pelouse de l’Eden Park d’Auckland. Le trophée Webb-Ellis est promis aux All Blacks, chez eux. Mais les Français, derniers étrangers à s’être imposés sur cette pelouse mythique (20-23 en 1994), ne sont jamais aussi forts que quand les vents sont autant contraires. « C’est vrai qu’on se sent un petit peu seuls contre tous mais c’est bon, aussi », reconnait Marc Lièvremont avec malice.

Servat : « Apparemment, ils ont déjà préparé le défilé... »

« Les joueurs se sont nourris de cette hostilité » assure le sélectionneur. Nourris des critiques de la presse néo-zélandaise, de cette brutalité gauloise présumée, mais aussi des déceptions nées en France de leur niveau de jeu depuis un mois et demi. « Qu’est-ce qu’on a à perdre ? Pas grand-chose. On doit juste garder notre fierté », résume le talonneur William Servat, qui s’y connait. Leur chemin vers la finale de la Coupe du monde a été si tortueux qu’eux seuls, de l’intérieur, pouvaient avoir la force de continuer à avancer depuis quatre mois qu’ils sont ensemble. Tour à tour, ils ont été passifs, orgueilleux, affligeants, chanceux. Ils ont même été qualifiés par Lièvremont de « sales gosses indisciplinés, désobéissants et égoïstes », au point de prendre les clefs du camion pour revenir à un pragmatisme total et assumé. Ils ont tout vécu, ces Bleus. Mais pas encore le plus beau.

Une finale de Coupe du monde, la troisième après les défaites en 1987, déjà à l’Eden Park face aux All Blacks (9-29), et 1999 à Cardiff contre l’Australie (12-35). Le match de leur vie. Alors pourquoi ce dimanche 23 octobre 2011 n’entrerait pas dans les mémoires collectives comme un certain 12 juillet 1998, soir d’allégresse footballistique nationale ? En résistant mentalement, en plaquant comme jamais, en saisissant les moindres opportunités de marquer, ils se rapprocheraient de l’inconcevable. Ils feraient douter les idoles, provoqueraient dans le camp kiwi la réapparition des fantômes de la demi-finale 1999 (43-31) et du quart 2007 (20-18). Et finiraient peut-être par briser le rêve néo-zélandais. « Apparemment, ils ont déjà préparé le défilé, glissait William Servat cette semaine dans un sourire. Je leur souhaite d’avoir une belle fête. » Un sourire narquois, bien sûr. « La bûche » adorerait faire pleurer Auckland. Saluer les adversaires et les officiels, prendre la petite mais précieuse coupe et s’envoler pour la France. Il ne reste à écrire que les dernières lignes du scénario. Les plus héroïques. 

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Joubert pour une première|||

Pour sa première Coupe du monde en tant qu’arbitre, Craig Joubert a fait fort : il sera ce dimanche le premier Sud-Africain à officier en finale depuis Andre Watson en 1999. Le choix de l’IRB a semblé satisfaire les Français. Joubert était en balance avec Alain Rolland, le directeur de jeu de Galles-France (8-9). « Je suis ravi qu’il nous arbitre. Et ce n’est pas de la démagogie », avait alors déclaré Marc Lièvremont. Absent de la Coupe du monde 2007, Joubert a depuis enchaîné les rencontres de Tri-Nations et de Super 15. « Il a un parcours linéaire, notre Joël Judge, ancien arbitre international et qui conseille désormais les Bleus. Il est rigoureux, notamment sur le jeu au sol, glisse-t-il. C’est un arbitrage lisible et cohérent. Il a su gagner la confiance des joueurs. » Pas de surprise donc à attendre cet arbitre de 34 ans. Déjà au sifflet lors de la demi-finale entre l’Australie et la Nouvelle-Zélande (20-6), il a d’ailleurs rencontré Joël Judge et Marc Lièvremont dans la semaine. Les deux hommes avaient préparé un montage vidéo des actions françaises, mais le technicien a préféré ne pas le visionner. « On s’y attendait un peu, souffle Judge. Nous avons commencé l’entretien en lui demandant s’il avait remarqué quelque chose de particulier sur nos joueurs. Il n’avait pas de message particulier à faire passer aux joueurs. Il nous a trouvés très disciplinés. » Visiblement rassuré par cet entretien, le clan français sait maintenant à quoi s’attendre. Car dans l’antre de l’Eden Park et avec 60 000 personnes qui pousseront les Blacks, la moindre erreur pourrait avoir des conséquences très lourdes.

Pierrick Taisne à Auckland

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Les équipes pour la finale |||

France : Médard – Palisson, Mermoz, Rougerie, Clerc – Parra (o), Yachvili (m) – Dusautoir (cap), Harinordoquy, Bonnaire – Papé, Nallet – Poux, Servat, Mas

Remplaçants : Szarzewski, Barcella, Pierre, Ouedraogo, Trinh-Duc, Doussain, Traille

Entraîneur : Marc Lièvremont

Nouvelle-Zélande : Dagg – Kahui, Nonu, Smith, Jane – Cruden (o), Weepu (m) – Kaino, Read, McCaw – Thorn, Whitelock – Woodcock, Mealamu, O. Franks

Remplaçants : Hore, B. Franks, A. Williams, Thomson, Ellis, Donald, S.B. Williams

Entraîneur : Graham Henry