Bayonne-Biarritz : à la vie, à la mort

Julien Peyrelongue - -
Ils se gareront dans les rues aux alentours, sur les trottoirs et les terre-pleins. Comme toujours. Ils entreront la tête haute dans Jean-Dauger. Comme toujours. Mais comment en ressortiront-ils ? Avec de la fierté et encore de l’espoir ou un sentiment de résignation inédit et douloureux ? Vers 18h, ce samedi, les supporters de l’Aviron Bayonnais sauront si leur club peut gagner son maintien en Top 14 lors des trois dernières journées ou si la perspective est illusoire. Du haut du 101e derby basque, pourrait basculer un destin. Relégué à six points du premier non-relégable, Perpignan (12e), Bayonne (13e) n’a autre choix que s’imposer face à Biarritz (10e), un voisin longtemps sous la menace de la Pro D2, qui respire beaucoup mieux avec ses quatre victoires consécutives.
« Si on le perd, on est quasiment mort » reconnait Lionel Mazars, le capitaine bayonnais. Le chemin de croix passerait par Lyon (14e) et Castres (5e), avec un adieu à domicile contre Agen (8e). Vaincre le BO, terrasser le LOU et le SUA changerait, en revanche, un condamné en potentiel miraculé. « On a absolument besoin de points, explique, comme s’il s’agissait de globules rouges, le pilier Aretz Iguiniz. Il ne reste que quatre matchs. Par chance, le prochain, c’est le derby. Ça va être doublement important de le gagner pour recoller et prendre la revanche du match aller. » Il y a quatre mois et demi, la pénalité de Julien Peyrelongue à la 80e minute, davantage que la polémique née de l’irruption sur le terrain de Lucien Harinordoquy (voir ci-dessous), avait fait plonger l’Aviron à pic.
Lagisquet : « Pas le droit de se relâcher »
Depuis le 29 novembre, mélodrames, naufrages et doutes se sont succédé au bord de l’Adour et de la Nive. Dans le staff, avec l’improbable come-back éphémère et raté de Jean-Pierre Elissalde. Sur les pelouses du Top 14, avec deux victoires en 11 matchs, des claques à Toulon (50-10) et à Perpignan (47-9) il y a quinze jours. Et au niveau de l’organigramme. Alain Afflelou, président, sponsor et grand argentier, a été donné partant. Avant de démentir. Sur la même période, le BO a remporté six matchs de Top 14. Le derby doit lui permettre de valider définitivement l’option qu’il a mise sur le maintien. « On n’a pas le droit de se relâcher, prévient Patrice Lagisquet. Même si on doit craindre la rébellion et la colère des Bayonnais. On n’a pas le droit de ne pas être présents dans l’engagement, notamment, parce qu’on sait que ça se passera sûrement à ce niveau-là dans un premier temps. » Le derby basque, toujours un combat pour l’honneur. Le 101e, c’est aussi et surtout pour survivre.
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« Lulu la castagne » dans toutes les têtes|||
Dans la riche histoire des derbys basques, le 29 novembre 2011 restera une date à part. Avec une image inoubliable, un souvenir impérissable. Après seulement sept minutes de jeu, Lucien Harinordoquy, père d’Imanol, négociant en bestiaux et fidèle parmi les fidèles d’Aguiléra, pénètre sur la pelouse pour en découdre avec les Bayonnais. « Lulu de Garazi », sa colère insoutenable et son envie irrémédiable de défendre son fils, provoquent un tollé dans le rugby français. La victoire du BO sur le fil (21-19), grâce à une pénalité de Julien Peyrelongue, passe presque inaperçue. Pourtant, l’issue sportive de la rencontre a laissé des traces dans les rangs de l’Aviron. « Je pense que ce match, si on l’avait gagné, on aurait vécu une autre saison, explique Cédric Heymans. On le traine comme un boulet. Ça a été le début de la mésaventure. » Et pour Jean-Jo Marmouyet, la polémique n’aurait pas dû s’installer. « Il y a eu beaucoup de bruit mais c’était anecdotique, regrette le troisième ligne bayonnais. Il n’y avait rien de grave à mon sens. »