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Camou : « Mon sport a ça de beau qu’il ne regarde pas la nationalité »

Pierre Camou, le président de la FFR.

Pierre Camou, le président de la FFR. - AFP

EXCLU RMC SPORT. Rencontré ce jeudi à la résidence du XV de France à Marcoussis, Pierre Camou, le président de la FFR, est revenu sur les dossiers chauds du moment.

Mardi, vous vous êtes invité au point presse des Bleus pour donner votre sentiment sur la polémique des étrangers en équipe de France…

Je crois que le France, depuis 30 ans, est construite autour d’eux. Alors qu’on arrête et qu’on soit un pays d’ouverture, de ceux qui ont choisi, pour une raison ou pour une autre, de venir sur notre territoire et qui porte souvent le maillot ou le territoire mieux que beaucoup d’autres qui s’en estiment propriétaires. En plus, mon sport a ça de beau qu’il ne regarde pas la nationalité.

On sent que ce sujet vous tient à cœur…

Ce sport permet quand même à l’Irlande de jouer en tant qu’Irlande. Qu’il soit de la République d’Irlande ou du Royaume-Uni, on ne se pose pas la question et c’est l’Irlande qui joue. Quel est le sport qui peut permettre ça ? Tant que mon sport le permet et dépasse ces clivages nationaux, mon sport est grand.

Le plus gros dossier qui vous attend reste le Grand Stade. N’est-ce pas un projet pharaonique voire dangereux pour l’avenir de votre fédération ?

Je ne comprends pas pourquoi la France ne peut pas avoir son ambition. Le Royaume-Uni a plusieurs stades, l’Irlande en a, l’Italie en a et la France non. C’est très malthusien comme regard. Alors, il faut de l’audace, il faut de la sécurité dans l’audace. Il faut savoir prendre des risques, les minimiser au maximum. On n’est pas fous, nous sommes terriens. C’est un peu le même discours qui a été tenu il y a 15 ans quand nous avons lancé le site où nous sommes. Quinze ans après, nous l’avons agrandi et c’est devenu autre chose. Je veux être maître de mon destin, c’est tout ce que je souhaite pour les générations futures. Je ne serai pas là donc ce n’est pas pour moi. Je ne serai pas là pour l’inauguration. Je ne serai pas là. Essayez de penser à demain, on ne pense pas qu’à soi.

Autre gros chantier, le développement du rugby à 7, olympique à Rio en 2016. Si la France ne qualifie pas ses équipes hommes et femmes, est-ce que ce sera une catastrophe ?

Par rapport aux efforts investis, le sport ce n’est jamais catastrophique, mais ça serait franchement désagréable. Ça serait gênant parce que, être à Rio pour ceux qui y seront, c’est un booster, une vision. Ce sont des milliards de téléspectateurs. Nous avions mis, dès 2009, une cellule olympique pour commencer le chemin. Ça ne fait même pas quatre ans, cinq ans, donc ce n’est pas du jour au lendemain que les résultats sont là.

Enfin, quand connaîtra-t-on le nom du successeur de Philippe Saint-André dont le contrat arrivera à son terme à la fin de la coupe du monde 2015 ?

Il y a une décision dans une hiérarchie qui appartient au président qui choisit quelqu’un. La différence est peut-être entre choisir quelqu’un ou choisir une équipe. C’est peut-être la différence de fond à avoir au fur et à mesure de l’évolution. Quant aux modalités ou au tempo, il y a une Coupe du monde en 2015. On regarde la Coupe du monde et on verra ensuite ou pendant. Il n’y a pas de précipitation quelconque. Je veux que les gens travaillent dans le calme absolu. On me rapporte des rendez-vous, alors je sais que j’ai Alzheimer, j’ai téléphoné pour savoir quand est-ce qu’on s’était vu pour qu’ils puissent me le rappeler, et on ne s’est jamais vu et je n’ai aucun dossier, aucune navette, non, rien de rien. Ca peut poser des tensions avec les clubs, mais j’ai cru comprendre, moi, dans ce qu’on me dit que certains ont mis des clauses libératoires, ce qu’il n’y avait pas avant. Comme quoi, les esprits de part et d’autre évoluent et il peut y avoir des ambitions qui sont tout à fait légitimes.

Laurent Depret