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Chabal : « Au service de la République »

Sébastien Chabal

Sébastien Chabal - -

Membre de la Dream Team RMC pendant la Coupe du monde, Sébastien Chabal a confié ce lundi son ressenti sur la finale perdue par le XV de France dimanche face aux Blacks, la montée en puissance de Morgan Parra et l'arrivée comme sélectionneur de Philippe Saint-André. Le Racingman laisse la porte ouverte à un retour en Bleu. Morceaux choisis.

Sébastien, comment avez-vous vécu la défaite du XV de France, dimanche, en finale de la Coupe du monde face à la Nouvelle-Zélande ?

Le match a été difficile à vivre. J’ai eu mal au ventre. J’étais presque à genoux lors des vingt dernières minutes. J’ai échangé quelques textos avec la Berjallie, dont je suis le plus proche. J’ai essayé de les réconforter.

Y avait-il chez eux un sentiment d'injustice ?

Lionel m’a envoyé un message : « Ce point, je vais le traîner toute ma vie ». C’est une grosse déception. Ils étaient si près. On sait qu’ils n’ont pas fait une compétition formidable. Mais il fallait du talent et de la solidarité pour arriver en finale. Perdre 8-7, après le match qu’ils ont sorti face à des Blacks fantomatiques pendant 50-60 minutes… Ça fait mal au cœur.

Comme le traitement infligé à Morgan Parra en début de partie ?

Oui, il y a des images qui ont été très dures. Voir Morgan Parra sortir à la 15e avec la tête un peu défoncée… C’est aussi une grosse déception. On l’avait projeté au poste de numéro 10. Il avait su prendre les clés du jeu.

L'arbitre, Craig Joubert, a-t-il été malhonnête selon vous ?

Non. Il arbitre comme ça lors des matches qu’il dirige dans l’hémisphère Sud.

« Parra peut prendre les clés de cette équipe »

Les Bleus méritaient-ils plus la victoire que les Blacks ?

Oui. Ils ont anéanti le jeu des Néo-Zélandais. C’est vrai qu’on a de la chance que Weepu manque, d’entrée de match, deux pénalités et une transformation. Si après le premier quart d’heure, ils mènent 13-0, on peut vraiment avoir très mal à la tête. Mais derrière, on fait le boulot. Les Bleus ont été monstrueux. La troisième ligne a été omniprésente. Le cinq de devant a concassé du Black. Derrière, ils ont pris le jeu à leur compte. Ils ont fait ce que l’on attendait d’eux depuis le début du tournoi.

Certains de ces Bleus vont revenir en France comme des stars. Qui peut devenir le nouveau Chabal, en termes de notoriété, dans cette équipe ?

Je ne sais pas. Il faudrait demander ça aux publicitaires… Morgan a le talent et je pense qu’il va très bientôt prendre les clés de cette équipe de France. Il est jeune, il a tout l’avenir devant lui.

Et Dusautoir ?

Peut-être qu’il continuera un peu en tant que relais. Il passera peut-être la main. Ça dépendra de sa présence à la prochaine Coupe du monde. Philippe (Saint-André, ndlr) voudra peut-être changer des choses.

Votre sentiment sur sa distinction de meilleur joueur de l'année…

C’est bien que ce soit un joueur français et c’est mérité, oui, au vu des qualités de Thierry. La finale qu’il a réalisé a dû faire pencher la balance. Ils ont été tous monstrueux mais lui, cela faisait longtemps qu’il n’avait pas sorti un match de ce calibre.

Avez-vous pris une décision concernant votre avenir. Vous aviez évoqué l'hypothèse d'arrêter avant la Coupe du monde ?

Je ne sais pas. J’avais dit que je prendrais une décision après la Coupe du monde. J’étais à disposition, j’étais dans la liste cachée du sélectionneur. En cas de pépins, j’aurais pu y aller. Est-ce que j’ai envie de reporter le maillot bleu ? Oui, vraiment. Je vais avoir 34 ans, cela me ferait plaisir de retravailler avec Philippe, que j’ai connu comme entraîneur pendant sept ans (à Sale, ndlr). Mais est-ce que faire un tournoi pour en faire un, ça sert à quelque chose ? S’il me le demande et qu’il me dit que c’est utile au groupe, je le ferai. Je suis au service de la République. Mais pour le moment, je n’ai rien décidé.

Que pensez-vous du choix de Philippe St-André, que vous connaissez très bien, pour succéder à Marc Lièvremont ?

Ça va dans le bon sens. Philippe a réussi partout où il est passé. Il a été premier à Gloucester. On a été champion avec Sale. Quand il a été limogé de Bourgoin, on était premiers du championnat. C’est quelqu’un qui connait bien les hommes, la tactique, la stratégie et qui connaît très bien le rugby. Ça a été plus compliqué pour lui à Toulon mais le RCT est un club particulier. Et puis le groupe qu’il a constitué commence à être performant. C’est l’homme de la situation. Il a été capitaine de l’équipe de France.