Attention au système vert

Le Leinster et le Munster s'étaient croisés en demi-finale l'an passé. Ils ne pourront se retrouver qu'en finale cette fois. - -
L’entreprise du rugby irlandais se porte bien, très bien même. Un superbe bâtiment à deux étages avec, comme en France, les clubs pour fondations. Mais avec une différence de taille. Les clubs locaux ne sont pas professionnels et ne servent que de viviers au second niveau de l’édifice : les quatre provinces du Munster, du Leinster, d’Ulster et de Connacht.
« Leur structure est très lisible, logique et performante, admire l’entraîneur toulonnais Philippe Saint-André. En France, ce ne serait pas possible, les clubs sont les employeurs. En Irlande, c’est principalement la Fédération. »
Les meilleurs espoirs signent ainsi des contrats avec les provinces engagées en Ligue celte (championnat des provinces écossaises, irlandaises et galloises, ndlr). Une compétition qui sert surtout à aguerrir les jeunes talents et entretenir la forme des stars, bichonnées pour les seules échéances européennes et l’équipe nationale. Les Paul O’Connell, Brian O’Driscoll ou Jamie Easlip disputent ainsi à peine 25 matchs par saison, contre dix de plus au bas mot pour les meilleurs français !
« L’Irlande a réussi en dix ans à créer un professionnalisme ‘à l’irlandaise’ inspiré de ce que font trois nations de l’hémisphère sud. Une pyramide performante mais qui n’a pas écrasé la base, le club, apprécie l’ancien international français Thomas Lombard. L’Irlande a réussi là où l’Ecosse a échoué. » La comparaison est pertinente : les deux représentants du Tournoi des Six Nations comptent une base de population à peu près similaire. 4,5 millions pour l’Irlande, 5 millions pour l’Ecosse. Ce système élitiste est sans doute le seul à même de tirer la quintessence d’un faible réservoir, à la différence de la France (65 millions d’habitants) ou de l’Angleterre.
Voilà pourquoi le Leinster, champion d’Europe en titre, a succédé au Munster au palmarès de la H-Cup. Et pour éviter toute régression, chaque province infuse deux ou trois étrangers de très haut niveau. Le XV du Trèfle tire également les bénéfices de cette structure pyramidale dirigée par la fédération irlandaise : Grand Chelem en 2009 et une majorité d’Irlandais retenus en sélection des Lions britanniques et irlandais. Du jamais vu outre Manche.