RMC Sport

James veut réécrire l’histoire

-

- - -

En 2010, l’emblématique ouvreur de Clermont avait failli face au Leinster en quart de finale de H-Cup. L’Australien retrouvera les Irlandais dimanche (16h) pour une demi-finale européenne en forme de rédemption.

Il reste quelques secondes à jouer sur la pelouse du RDS Main Arena de Dublin. A 30 mètres des poteaux, Brock James, dans un fauteuil, tient le drop de la gagne face au Leinster en cet après-midi d’avril 2010. Trente-cinq mille poitrines irlandaises retiennent leur souffle avant d’exploser en voyant le ballon passer à côté des poteaux. Le Leinster s’impose (29-28) et se qualifie pour les demi-finales de la H Cup. Cet ultime raté conclura l’incroyable faillite au pied de l’ouvreur clermontois ce jour-là, avec un seul tir au but réussi sur sept tentatives.

« Beaucoup d’eau a coulé sous les ponts depuis ce match en 2010, rappelle le boss clermontois Vern Cotter. Ce n’est plus le même joueur qu’il y a deux ans. J’ai confiance en lui. » Entre le coach néo-zélandais et son numéro 10 aujourd’hui âgé de 30 ans, la belle histoire s’écrit depuis plus de six ans. En 2006, lâché au dernier moment par l’ouvreur All Black Tyron McIntyre, Cotter se souvient d’un joueur croisé à Taranaki, équipe du championnat néo-zélandais. James, troisième choix au sein de la franchise australienne Western Force, fait alors ses valises pour l’Auvergne. Il s’impose dès sa première saison, est sacré meilleur buteur du championnat de 2007 à 2009, donne son premier titre de champion de France aux « Jaunards » et accomplit un incroyable record en inscrivant 41 buts consécutifs. 

Parra : « Il est revanchard »

Petit gabarit - 1,80m pour 80kg - dans un monde de géants, James a éclairé le jeu clermontois pendant plus de cinq saisons et demies avant de céder ses galons de titulaire aux 95 kg de David Skrela, débarqué en Auvergne cette année. Un repos salutaire avant de retrouver la lumière. Le 8 avril dernier, les Auvergnats se déplacent à Watford pour y affronter les Saracens en quarts de finale de H Cup. Skrela se blesse et quitte le terrain après seulement quelques minutes de jeu. James enfile les crampons et réalise le match parfait. Extraordinaire dans son rôle d’animateur, diabolique d’efficacité au pied, il envoie les siens en demies (22-3).

Dimanche, James pénètrera sur la pelouse du stade Chaban-Delmas la rage au cœur, porté par la furia des 20 000 supporters « Jaunards ». « Je le sens très bien, glisse son compère Morgan Parra. Il n’y a pas mieux pour lui que de débuter ce genre de match, en se souvenant de l’expérience d’il y a deux ans. Aujourd’hui, il est très revanchard. » Face à la redoutable armada irlandaise, championne d’Europe en titre, l’heure est enfin venue, pour James, de réécrire l’histoire.

Le titre de l'encadré ici

Rougerie-Fofana : les centres sont prévenus|||

Il en a vu d’autres Rougerie. Dimanche, l’âme et le guerrier en chef des « Jaunards » sera directement opposé à la légende O’Driscoll. Le centre clermontois n’en fait pas une maladie. « Ça ne m’obsède pas non plus jour et nuit, glisse Rougerie. Ça sera certainement un élément déterminant. Tout comme sera le duel entre Wesley (Fofana) et D’Arcy. » Paire titulaire chez les Bleus lors du tournoi 2012, le duo auvergnat s’apprête à défier le tandem le plus expérimenté du monde. En équipe d’Irlande, le duo pèse 192 sélections et 53 essais. Avec leur province du Leinster, ils ont remporté le titre continental en 2009 et 2011. Et si O’Driscoll a été éloigné des terrains cinq mois cette saison, il a brillé lors du quart de finale face à Cardiff (34-3) en marquant un essai et en participant activement aux trois autres. Sa blessure lui a redonné l’appétit, et malgré ses 33 printemps, ses appuis de feu peuvent encore transpercer n’importe quelle défense. Coach de Clermont, Vern Cotter n’a cependant aucun doute sur la volonté de ses garçons de remporter la bataille du centre. « C’est un secteur de jeu qui sera important, juge le néo-zélandais. Je sais qu’Aurélien et Wesley ont envie de dominer la paire du centre du Leinster. » Mais avec la pluie qui s’annonce, Cotter prévient : « Ça commencera d’abord avec le paquet d’avant. On va revenir sur la base, avec déjà un gros combat lors des phases de conquête, de récupération de ballon et jeu au sol. » Après seulement viendra le temps des solistes.