Wilko envoie Toulon à Twickenham

Jonny Wilkinson - -
« Le pire pour un professionnel, c’est de faire l’année de trop, ce n’est pas de ne pas gagner des titres. Le pire, c’est de ne pas apporter à l’équipe. » Le mieux, c’est lorsqu’on tire son équipe du puits sans fond dans lequel elle s’enfonçait après 20 minutes de jeu, la réveiller à coups de botte bien sentis et lui offrir une qualification historique (21-15), la première, pour les demi-finales de la H Cup… N’est-ce pas Mister Wilkinson ? Car dimanche sur le pré de Mayol, l’ouvreur anglais, qui doutait de lui avant de prolonger son séjour varois d’une saison, s’est chargé de tout. Redonner vie aux siens. Stopper la broyeuse Leicester. Calmer les Tigres à chaque rugissement. Et, enfin, faire bondir comme un gosse son président Mourad Boudjellal, arracher un « ouais » aussi bestial que vivant de son entraîneur Bernard Laporte et faire chavirer Mayol dans un océan de bonheur.
Face aux Tigers de Leicester, deuxièmes de Premiership et sacrément cotés sur la scène européenne car doubles vainqueurs (2001, 2002) et triples finalistes de l’épreuve (1997, 2007, 2009), « Wilko » a fait comme tout le monde. Il a souffert, en témoigne son épaule meurtrie à la 27e. Sans conséquences heureusement, quand on connait la suite du chapitre, pour un RCT concassé en mêlées fermées, beaucoup trop approximatif en touche, absent des débats dans le jeu. Bref, dominé et puni par la botte de Toby Flood (11e, 15e, 18e). Mais après un premier électrochoc signé Bastareaud (25e, coup de pied à suivre), Wilkinson se montre enfin. C’est lui qui sanctionne l’indiscipline des Anglais (30e, 35e), réduits à 14 après le carton jaune de Flood (29e). A la pause, Toulon n’est plus mené que de trois points (6-9). Grâce à Wilko.
Un drop pour finir
En marquant son retour sur la pelouse par une pénalité manquée peu avant la mi-temps (40e), Flood perd d’ores-et-déjà son duel à distance avec Wilkinson. Car derrière, les fautes de ses camarades se succèdent et les occasions de scorer pour le buteur toulonnais également. Et contrairement à son jeune compatriote, le vétéran anglais ne manque rien (44e, 48e), donnant un premier avantage à Toulon. Les protégés de Bernard Laporte, plus mordants et autoritaires dans les duels, plus disciplinés et surtout beaucoup plus percutants, veulent se détacher. Mais Fernandez-Lobbe, pour deux mètres seulement (51e), Bastareaud, pour avoir d’abord aplati en touche et pas dans l’en-but (53e) puis Botha (55e) touchent du doigt le paradis. Mais n’y accèdent pas. Maudit Toulon, surtout lorsque même Wilkinson y met du sien en manquant un drop (50e) ?
Non. L’intéressé règle la mire très vite. Dan Cole averti (60e), Leicester souffre physiquement. Flood, visage marqué, voit « Wilko » enchainer les pénalités (61e, 65e), lui répondra une fois (68e) avant de s’éteindre. Le phare de la rencontre s’appelle Jonny et lorsque Bastareaud balbutie un nouvel essai à bout de bras d’un en-avant (75e) que Martin sauve devant sa ligne (78e), arrachant un frisson à Mayol, c’est encore lui qui scelle le match d’un drop chirurgical (80e). Le patron a parlé. Et s’il en doutait, c’est confirmé : lui qui va retrouver son jardin de Twickenham le 28 avril avec Toulon « a encore des choses à apporter » aux Varois. Les Saracens, prochain obstacle du RCT, sont prévenus.
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