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Comme on se retrouve...

Imanol Harinordoquy

Imanol Harinordoquy - -

L'Angleterre a déjà barré la route à la France à trois reprises en Coupe du monde. Un souvenir douloureux pour les principaux protagonistes de ces rencontres. Alors forcément, ceux qui ont connu la défaite contre la Rose ne veulent plus revivre pareille mésaventure, samedi (9h30) à Auckland.

C’est une expression qui claque à l’oreille. Comme une gifle que l’on vous inflige après un effort de 80 minutes. Rendu populaire par Will Carling dans les années 1980, le « sorry good game »* est entré dans l’histoire des France-Angleterre. Dans le folklore, diront certains. Toujours est-il que pour les acteurs de ces rencontres, une opposition contre le XV de la Rose a une saveur particulière. « Ils ont la réputation de chambrer quand ils font un bon match, se souvient Christian Califano (72 sélections en 1994 et 2007). J’ai pu me rattraper pour le plus beau « sorry, good game » de ma vie lors de la Coupe du monde 1995. Dès le coup de sifflet final, je me suis dirigé vers le premier Anglais et je lui ai lancé un « sorry, good game ». Je crois que tout le stade a entendu… »

Cette victoire 19-9 dans le match de la 3ème place reste la seule d’une équipe française en Coupe du monde contre les joueurs de sa Gracieuse Majesté. Les souvenirs de 1991, 2003 et 2007 sont encore dans toutes les mémoires. En 1991, l’équipe de France est donnée favorite. Pourtant, elle s’incline 19-10. « C’était un match heurté, bizarre, où les Anglais avaient visé Serge Blanco sur une chandelle. C’était un non-match », peste Philippe Saint-André. Et l’histoire se répète en 2003 pour un revers 24-7 et en 2007 avec une défaite 14-9. A chaque fois en demi-finale et à chaque fois avec Jonny Wilkinson dans le rôle du bourreau. En Australie, sous la pluie de Sydney, il inscrit la totalité des points de son équipe. Quatre ans plus tard à Paris, il passe deux pénalités et un drop.

Harinordoquy : « J'en ai marre que ce scénario se répète »

Le Toulonnais est d’ailleurs le seul joueur inscrit sur la feuille de match de samedi à avoir débuté les deux rencontres de 2003 et 2007. Côté français, Traille (en tribune samedi), Rougerie (en tribune en 2003), Poux et Harinordoquy étaient des deux aventures précédentes. « Il y a beaucoup de choses que j’ai en travers de la gorge, peste le Biarrot. Quand je pense aux Anglais, je pense à ces demi-finales que j’ai perdues. J’en ai marre que le scénario se reproduise. » Tous les Français sont unanimes pour dire que les Anglais haussent leur niveau de jeu à chaque opposition contre le France. Surtout, « quand ils jouent contre nous, comme par hasard, il y a plus de fluidité, continue le troisième ligne. Ils retrouvent alors leur rugby et se refont la cerise. Ils ont cette faculté à se transformer ».

Ils sont douze rescapés de la Coupe du monde 2007 (Traille, Clerc, Marty, Heymans, Bonnaire, Dusautoir, Szarzewski, Poux, Harinordoquy, Rougerie, Nallet et Mas). Mais pas question de ressasser le passé. « Peut-être que ceux qui ont vécu 2003 et 2007 vont y penser, mais nous sommes dans une autre compétition, analyse Vincent Clerc. Il faudra mettre tout ce qu’il faut. Ça nous est trop arrivé par le passé de dégoupiller alors qu’on menait de peu ou qu’on était mené de peu. » Des tribunes, une partie des vainqueurs de 1995 - Thierry Lacroix, Christian Califano, Philippe Saint-André notamment - porteront un regard attentif sur cette rencontre. Comme pour lancer des ondes positives à leurs compatriotes. Et pour que le « sorry, good game » soit adressé Lewis Moody et sa bande.

* Désolé, bon match