Lakafia en formation accélérée

Raphaël Lakafia - -
Il était présenté comme la grosse cote. Le joueur type capable de se hisser dans la liste de Marc Lièvremont au tout dernier moment. Avant d’être appelé dans le groupe qui débute la Coupe du monde, ce samedi contre le Japon (8h), Raphaël Lakafia n’avait jamais connu les honneurs de l’équipe de France. C’est désormais chose faite depuis le 13 août dernier et un match contre l’Irlande pour l’international en -19 ans, puis -23 ans, A 22 ans, lui qui n’a commencé le rugby qu’à l’âge de 14 ans, perpétue parfaitement la tradition familiale avec un père, Yves (javelot) et une mère, Laurence (disque), tout deux anciens athlètes et un frère cadet de Pierre-Gilles, ailier passé à Toulouse.
Alors au moment de se retourner sur son parcours, le troisième-ligne originaire de Wallis-et-Futuna savoure. « Si on m’avait dit ça il y a un an, je ne l’aurais pas cru. Ça été un long chemin pour arriver ici. J’ai eu la peur de me réveiller, glisse-t-il timidement. Bien sûr que je suis privilégié, mais il y a du travail derrière tout ça. » D’autant que le Biarrot revient de loin. Blessé, en surcharge pondérale, il déprimait il y a encore quelques mois et c'est une psychologue, mise à disposition par le BO, qui l'a aidé. « J’ai été suivi parce que je ne me sentais pas bien, explique-t-il sans retenue. Elle m’a aidé en me posant les bonnes questions. Elle a plutôt cherché à savoir pourquoi je n’allais pas bien en dehors du rugby. »
Lakafia : « Mon émotivité me transcende »
La méthode a du bon. Après une saison 2009-2010 complètement vierge, Lakafia (1,89m pour 111kg), dispute 21 rencontres de Top 14 et cinq de H-Cup en 2010-2011. De quoi lui ouvrir les portes de l’équipe de France. A l’annonce de son XV de départ, Marc Lièvremont a ainsi loué sa « constance », un élément déterminant au moment du choix entre lui et Louis Picamoles. Avec Dimitri Yachvili et Imanol Harinordoquy, il formera ainsi l’axe biarrot du pack français. « Je le sens très détendu, confiait ce dernier. C’est l’insouciance de la jeunesse. Je vais le mettre un peu sous pression parce qu’une Coupe du monde, ça passe vite. Je n’ai pas envie qu’il laisse passer ça. Je ne veux pas que ce soit un rêve pour lui car il peut beaucoup nous apporter. »
Au moment d’entrer sur la pelouse de North Shore, Lakafia aura certainement les souvenirs qui se bousculeront dans la tête. Comme à Bordeaux, contre l’Irlande, où il s’était montré très touché par sa première sélection. Pas de quoi lui faire perdre ses moyens. « J’ai été un peu énervé quand on a dit ça, répondait-il, l’air sévère, en conférence de presse. Je suis un émotif, qui vit à 100% les évènements, mais cela ne me fige pas. Mon émotivité me transcende. Je n’y vois aucun mal. Je vis l’instant à 100%, j’ai envie de tout donner. Ça ne veut pas dire que j’ai peur parce que je n’ai pas peur. » Devant sa famille, venue en « voisin » pour l’occasion, Lakafia a bien l’intention de s’inviter à la fête. Sans retenue.