Doussain, itinéraire d'un surdoué

Jean-Marc Doussain - -
Il y a des petites phrases qui, parfois, veulent dire beaucoup. Lorsque Marc Lièvremont avait décrit, peu avant le Mondial, en Jean-Marc Doussain un joueur « intéressant », le sélectionneur n’avait pas lâché d’éloge gratuit à l’intention du joueur du Stade Toulousain. Le guide des Bleus avait été conquis par les prestations du jeune Haut-Garonnais, indéboulonnable dans son club lors des phases finales du Top 14, à 20 ans seulement. Au point de le coucher sur sa liste cachée, celle utilisée en cas de « gros pépins ». Aussi, lorsque le forfait de David Skrela, insuffisamment remis d’une blessure à l’épaule droite, a été entériné, c’est spontanément vers lui que Lièvremont s’est tourné.
« J’ai confiance en ce joueur, même si je ne le connais pas parce que je ne l’ai jamais eu dans l’équipe, a-t-il expliqué mercredi. Je le considère comme le prétendant le plus capable à ce poste-là. Il était mon choix prioritaire. » Prioritaire et, finalement, loin d’être surprenant. Car Jean-Marc Doussain est une pépite, une perle, à la trajectoire météorique. Son talent, brut et sauvage à Sainte-Croix de Volvestre et à Saint-Girons, puis poli au centre de formation de Toulouse, sa ville natale, qu’il rejoindra à l’âge de 17 ans, bouscule toutes les hiérarchies. Aperçu à trois reprises seulement en championnat il y a deux ans, Doussain triple largement, au profit des doublons lors du Tournoi des VI Nations, son total la saison suivante.
Il arrivera mardi en Nouvelle-Zélande
Botter, taper loin, prendre l’impact : cette boule d’énergie, petite (1m74) mais costaude (95 kg) sait tout faire. Comme mettre, en demi-finales de Coupe d’Europe, un dénommé Gordon D’Arcy sur les fesses. Et pousser vers la sortie, en fin de saison, un certain Frédéric Michalak. Ou encore guider ses camarades, en bon capitaine qu’il était, jusqu’en demi-finales de la Coupe du monde des moins de 20 ans. Compétition dans laquelle il était (déjà) surclassé. « Il sort d’une Coupe du monde, il a joué une finale de Top 14. Il assumera, il a toujours assumé, estime le DTN Jean-Claude Skrela. C’est une très belle opportunité et je suis sûr qu’il la saisira. »
Un scénario d’autant plus facile qu’à Auckland, Doussain se sentira, avec sept autres partenaires de Toulouse à ses côtés, comme à la maison. « Nous pourrons l’encadrer, confirme le pilier Jean-Baptiste Poux. » Taiseux en dehors du terrain, à l’écoute de ses entraîneurs, Doussain, hier tout jeune champion de France en club et aujourd’hui nouvelle doublure de François Trinh-Duc à l’ouverture, fait déjà l’unanimité. Et la révolution aussi. Prié de ne rejoindre le camp tricolore qu’après la 4e journée de Top 14 ce week-end, il atterrira mardi en Nouvelle-Zélande. Mais l’intéressé va tellement manquer à son club que Jean-Baptiste Elissalde a dû reprendre, dans l’urgence, une licence de joueur !