Dusautoir, capitaine abandonné

Thierry Dusautoir - -
Thierry Dusautoir a la mine des mauvais jours. Blessé, touché dans son amour propre, le Toulousain ne veut pas être le premier capitaine depuis Serge Blanco à quitter la Coupe du monde dès les quarts de finale. C’était en 1991 contre l’Angleterre. Déjà ! Vingt ans plus tard, le XV de France retrouve la Rose au même stade de la compétition. Alors forcément, « Titi » compte sur ses hommes pour un sursaut d’orgueil. Surtout que l’humiliation contre les Tonga (19-14) a douché le troisième ligne. Lui ne veut plus de paroles. Place aux actes. « Je ne me contenterai plus des mots. Je veux une victoire à la fin du match ou au moins une équipe de rugby qui défend ses chances », balance-t-il, regard noir en conférence de presse.
On le dit seul, isolé, abandonné par les cadres de l’équipe. Où sont donc Nallet et ses 68 sélections ? Aurélien Rougerie et ses 69 caps ? Ou encore le copain de Toulouse, William Servat ? « On ne l’a peut-être pas épaulé comme il le fallait, reconnaît le talonneur. Thierry est quelqu’un qui se livre beaucoup pour l’équipe et qui donne également beaucoup. Il réfléchit aussi beaucoup quand ça fonctionne un peu moins. » Lionel Nallet était capitaine avant l’intronisation de Dusautoir. Les coups durs, il connaît aussi : « Quand on se présente devant vous (les journalistes, Ndlr) sans explication, c’est difficile. Il prend beaucoup sur lui car il est capitaine et voudrait mener cette équipe à la victoire. On est plusieurs anciens à vouloir épauler Titi. Après, c’est sûr que je ne l’épaulerai pas sur des discours, mais pendant le match. »
« Mes états d'âme, on s'en fout ! »
A plusieurs reprises pendant la compétition, Marc Lièvremont a appelé ses cadres à aider leur capitaine. Un discours qui semble avoir porté ses fruits si l’on en croit, notamment, l’implication grandissante d’un Imanol Harinordoquy ou encore les confessions de Nallet dans la semaine. « Lui seul est exemplaire », avait même lancé Lièvremont au lendemain de la défaite contre les Tonga. Le technicien le présente d’ailleurs comme « effacé », « assez discret » face à la presse, mais aussi « affecté » par les résultats de l’équipe. « C’est un homme de peu de mots, mais ses mots portent toujours. Il se sacrifie et se met toujours en quatre », continue Lièvremont.
Thierry Dusautoir n’a d’ailleurs pas beaucoup parlé à ses hommes cette semaine. D’abord parce qu’une épaule douloureuse a obligé le joueur de 30 ans et aux 48 sélections à passer des examens et l’a contraint à manquer les premiers entraînements, mais aussi et sans doute pour marquer le coup auprès de ses partenaires. Toute la semaine il a d’ailleurs semblé trainer sa peine. « J’étais triste de voir l’équipe dans cet état-là. Mes états d’âme, on s’en fout ! Ce qui est important c’est ce que transmet l’équipe de France », lâche-t-il quand on l’interroge sur un éventuel sentiment de solitude. Toujours est-il que si les quinze joueurs qui entrent sur le terrain affichent la même détermination que celle de Thierry Dusautoir ce vendredi, c’est en capitaine victorieux qu’il pourrait quitter l’Eden Park samedi.