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L'heure du réveil a sonné

Lionel Nallet

Lionel Nallet - -

Endormie depuis l'ouverture de la Coupe du monde, l'équipe de France a une revanche à offrir face à l'Angleterre en quart de finale, ce samedi(9h30). Après les vexations et les critiques, les Bleus doivent se réveiller face à leurs bourreaux des deux derniers Mondiaux.

Doit-on y croire ? A la vue des prestations fournies depuis le début de la Coupe du monde, il est difficile de penser que cette équipe de France puisse atteindre les demi-finales pour la sixième fois de son histoire (en sept participations), ce samedi à Auckland face à l’Angleterre (9h30). Au fond du trou face aux Tonga (19-14), balayés par les Blacks (37-17) et même grelotants face aux modestes Canadiens (46-19) et Japonais (47-21), les hommes de Marc Lièvremont sont accablés par la critique. Comme souvent lorsqu’on parle « équipe de France », l’orgueil est le moteur de succès inespérés. Alors tout au long de la semaine, dans le sillage d’un Marc Lièvremont peiné et torturé par cette suffisance tellement latine, tous les joueurs ont appelé à la révolte.

« On va rentrer sur un ring pour un gros combat, met en garde Pascal Papé. Tout le monde pense qu’on va se faire matraquer. On est dans la peau du challenger qui fait tout pour créer une belle surprise. » A ce stade, difficile de discerner les déclarations d’intention d’une réelle prise de conscience. Face à l’ennemi anglais autant détesté qu’impossible à battre en matches éliminatoires de Coupe du monde (défaites en quart de finale en 1991, puis en demi-finales en 2003 et 2007, victoire pour la troisième place en 1995), le ressort psychologique du mort de faim devant un rosbeef saignant doit avoir lieu. Sinon, attention à la punition !

Nallet : « Le problème, c'est nous. Pas les Anglais. »

« Ça sera le plus solide dans sa tête qui fera dégoupiller l’autre, prévient Vincent Clerc. On sait combien c’est tendu entre eux et nous. » Pour sauver les apparences et éviter de quitter la Nouvelle-Zélande en ayant traversé le Mondial comme un vrai chemin de croix, les Bleus se limiteront à un jeu pragmatique, restrictif… Bref, so british. Comme ils avaient su le faire en 2010 face à cette même Rose pour s’assurer un Grand Chelem qui paraît tellement loin aujourd’hui. « Ce ne sera pas un match de génie », a d’ailleurs annoncé William Servat. « Nous sommes toujours impressionnés par les Anglais, s’inquiète même Dimitri Yachvili, rare Français en réussite contre la bande à Martin Johnson. On sait aussi que si on joue comme la semaine dernière, on ne les battra pas. Mais samedi, vous verrez une autre équipe. »

Lionel Nallet abonde : « Je m’en fous que ce soient les Anglais ou une autre équipe. Ce match, c’est surtout nous qui avons besoin de nous retrouver. Aujourd’hui, le problème c’est nous. Pas les Anglais. J’ai d’autres choses à me faire pardonner. » Bémol pour les Bleus, les Anglais ne brillent pas plus. L’effet de surprise n’existe pas. Alors qu’ils avaient surfé sur la confiance néo-zélandaise en 2007, les Bleus ont tout à craindre d’une équipe pas brillante, qui lorgne avec appétit le tableau ouvert - parce qu’européen - vers la finale. « On est dans la même merde », résume avec simplicité et efficacité Maxime Médard. Pour s’en sortir, il va falloir se réveiller. Et vite.