La France décroche le Grand Chelem

Match difficile pour l'ailier castrais, mais les avants bleus ont tenu. - -
Les Anglais n’ont pas leur pareil pour contrarier les Français. Que ce soit l’année dernière à Twickenham (34-10) lors du Tournoi 2009 ou il y a deux ans en demi-finale de la Coupe du monde (24-13) dans ce même Stade de France, les joueurs de la Rose s’étaient fait un malin plaisir de venir bousculer une équipe bleue hébétée. Marqués après ces deux échecs, les hommes de Marc Lièvremont savaient donc à quoi s’attendre. Surtout que la vieille garde de Martin Johnson, rappelée pour l’occasion, avait à cœur d’aider son entraîneur champion du monde en 2003 et très critiqué par ses compatriotes. « Je viens ici pour faire taire le Stade de France », avait ainsi lâché son coéquipier d’alors, Mike Tindall, quelques jours avant la rencontre.
Contre ces Anglais venus défier du Français, l’équipe de France s’est ainsi illustrée dans un tout autre registre que celui affiché lors des quatre dernières sorties du Tournoi. Un registre dans lequel elle avait montré toutes ses aptitudes contre les champions du monde sud-africains (20-13) en novembre dernier : la défense. « C’est un match de besogneux, soulignait l’entraîneur Marc Lièvremont au micro de France 2 à la mi-temps. C’est compliqué, mais si on doit gagner en étant besogneux, on ne va pas se gêner. » Entendez par là que ses hommes ne rechigneraient pas à endosser le bleu de chauffe dans cette rencontre âpre et pauvre en envolées.
Pas de point pour les Bleus en deuxième mi-temps
Sous une pluie battante, les Bleus se savaient attendus au ras. Pas question donc de se montrer indisciplinés. Et les chiffres à la mi-temps avaient de quoi rassurer les supporters français : neuf pénalités concédées par les Anglais, seulement une par les Bleus. Du jamais-vu. Comme quoi cette équipe sait tirer les leçons du passé. L’artilleur du soir se nomme Morgan Parra. Le Clermontois concrétise la domination de ses avants, et notamment de son énorme mêlée, à trois reprises en première mi-temps (18e, 24e et 24e). Neuf points qui s’ajoutent aux trois de François Trinh-Duc, auteur d’un drop dès l’entame de match (4e).
Le Stade de France, qui affiche complet (80 066 spectateurs) pour cette grande occasion, se dit alors que rien ne peut empêcher ses hommes d’empocher un 9e Grand Chelem. C’était sans compter sur Foden qui marque le seul essai de la rencontre dans la foulée (5e) après un très beau service sur un pas de Toby Flood, remplaçant du Toulonnais Jonny Wilkinson, gêné par des problèmes de cervicales. Les supporters s’offrent une nouvelle frayeur à la 48e minute. Il faut alors un incroyable retour de Clément Poitrenaud sur Chris Ashton pour éviter à la France d’encaisser un nouvel essai. Et que dire de cette incroyable action avortée à l’heure de jeu sur un en-avant des hommes de la Rose alors que la ligne était à portée de bras ?
L’inévitable intervient à la 67e minute et cette pénalité en coin du bourreau des Français, tout juste entré en jeu : Jonny Wilkinson. Alors que les Bleus ne marquent pas en deuxième mi-temps, la fin de la rencontre est tendue, mais le bateau bleu ne tangue pas. Andreu peut se cacher derrière Harinordoquy sur le bord de la pelouse. Bastareaud peut serrer les dents. Et le banc de touche peut exploser au coup de sifflet final de M.Lawrence : la France est au septième ciel. Ou plutôt au neuvième...