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Lakafia, guerrier pacifique

Raphaël Lakafia

Raphaël Lakafia - -

De nouveau titulaire, après deux rencontres en tribunes, Raphaël Lakafia affrontera pour la première fois une nation du Pacifique sous le maillot bleu, samedi contre les Tonga. Pas de quoi ébranler le troisième-ligne wallisien.

Le match contre le Tonga, samedi à Wellington, aura une saveur particulière pour Raphaël Lakafia. Non seulement parce que le troisième-ligne biarrot honorera sa troisième sélection sous le maillot bleu, mais surtout parce que lui, le Wallisien de Nouvelle-Calédonie, affrontera en « voisin » une sélection seulement distante de 850km de son île d’origine. Mais pas question d’en faire un porte-drapeau. « Je n’ai pas d’exemple à donner, glisse-t-il. Je suis juste un joueur de rugby. Je suis honoré que ça rende fier des gens de mon île et de recevoir du soutien, mais je ne me sens pas l’âme d’un porte drapeau des îles. »

Ils sont pourtant nombreux à soutenir le joueur de 23 ans. Il y a d’abord l’école de rugby de Wallis-et-Futuna, venue assister à un entraînement public la semaine dernière. Ravis, les jeunes en ont d’ailleurs profité pour offrir un collier traditionnel à chacun des joueurs de l’équipe de France et à son sélectionneur Marc Lièvremont. Mais c’est bien leur protégé qu’ils attendent de célébrer. A son approche, photo, signature de drapeau pour le cousin Steeve et rapide bise à la maman Laurence. « C’est incroyable de pouvoir l’approcher, lâche fièrement Steeve en montrant son drapeau français signé de la main de son cousin. C’est un petit coin de France dans le Pacifique. C’est une grande fierté pour le Pacifique. »

Lakafia : « Les Tongiens me font penser à mon père »

La carrière de Raphaël n’a pourtant pas été rectiligne. Jugé trop gros, il ne joue pas à Biarritz lors de la saison 2009-2010. A cela s’ajoute des problèmes qui nécessitent l’aide d’un psychologue. Mais pas seulement. Raphaël a pu également s’appuyer sur son père, Jean-Paul, dont il est très proche. « Il m’a toujours beaucoup apporté, notamment sur la partie mentale, confie le joueur. Il faisait un sport individuel (il a été recordman de France du lancer du javelot et a participé aux JO de 1984, ndlr) et dans ces sports, la préparation mentale est importante. Il m’aide à me calmer. A prendre les échéances par le bon bout. »

Le père et le fils s’entretiennent presque tous les jours au téléphone. Jean-Paul l’aide ainsi à débriefer ses matches et à le « faire redescendre sur terre », souligne le fiston. Mais ses parents souhaitent se faire très discrets. « On essaye de le voir quand il en a besoin, ajoute un Jean-Paul à la carrure imposante. Nous ne voulons pas envahir l’équipe de France. » Après avoir manqué la Nouvelle-Zélande, Lakafia affrontera une autre nation du Sud avec les Tonga et des joueurs qui lui font un peu penser à son père. Lui qui n’est retourné dans son île d’origine qu’à deux reprises, étant enfant, aura à cœur de se montrer face aux guerriers du Pacifique. Car lui aussi le dit très bien : « Je ne suis pas que cool. Je peux aussi être méchant. »

Pierrick Taisne avec Wilfried Templier, à Auckland