Laporte, élu vice-président de World Rugby: "Tout le monde doit se mettre autour d’une table"

Vous venez d’être élu vice-président de World Rugby dirigé par votre colistier Bill Beaumont, réélu président. Quel est votre sentiment?
Oui, le résultat vient de tomber. Merci d’abord à ceux qui ont voté pour nous puisque 28-23 c’est un score assez serré donc ça montre encore une fois qu’il y avait, je ne dirais pas de divergence, mais beaucoup de gens qui n’étaient pas d’accord avec tout ce qui avait été fait et je l’ai dit le premier à Bill. J’ai trouvé que World Rugby, depuis un certain temps, ne prenait pas les décisions qu’il aurait dû prendre. C’est pour ça qu’on est très content d’avoir gagné mais maintenant il va falloir se mettre au travail et surtout faire avancer beaucoup de dossiers.
Quels sont ces dossiers?
Je m’aperçois que, j’entraînais il y a vingt ans, les mêmes problématiques existent aujourd’hui donc il va falloir, entre le Nord et le Sud trouver beaucoup de cohérence. On l’a trouvée dans le Nord avec un Tournoi des Six nations très fort, et je remercie d’ailleurs les nations qui font six avec nous pour collaborer ensemble. Je crois qu’on est une véritable unité et ça, ça fait avancer les choses, c’est une certitude. Et ça fait avancer le rugby dans le Nord. J’apprécie énormément cette collaboration et il faut maintenant qu’on trouve une véritable collaboration entre le Nord et le Sud, parce qu’on défend les mêmes choses. Il faut beaucoup plus de cohérence dans les calendriers, dans beaucoup de choses.
La crise induite par la pandémie de coronavirus, c’est un frein? Une opportunité?
Un drame, c’est certain. Je crois qu’on ne peut pas s’appuyer sur un drame comme ça et dire "c’est maintenant qu’il faut tout changer". On aurait dû le faire bien avant, on n’aurait pas dû attendre le drame que l’on vit aujourd’hui. Mais comme le disait Richie McCaw, profitons de l’occasion peut-être pour justement réaligner les planètes entre le Nord et le Sud. Je pense que c’est lui avait raison.
Ce qui induirait le fameux calendrier global, unique...
Oui ce sera un des éléments primordiaux, c’est une évidence. Mais il y a beaucoup de choses: le développement du rugby féminin, la sécurité des joueurs qui est prioritaire, il y a beaucoup de choses mais ça en fait partie, effectivement. Et créer des compétitions qui génèrent de l’argent aussi. Parce qu’aujourd’hui, on ne peut pas se retrouver avec des compétitions qui ne génèrent pas de moyens aux fédérations, aux clubs. C’est cela qu’il va falloir entamer avec de la réflexion, avec aussi beaucoup de personnes autour de la table. Il faut rassembler tout le monde, que ce soit les clubs français, les clubs anglais, les fédérations. Voilà, tout le monde doit se mettre autour d’une table pour porter un projet cohérent tant international que national.
Des fédérations sont exsangues, celle des Etats-Unis est en faillite, les clubs et les provinces en difficulté, il y a aussi les tournées reportées voire annulées... Quelle va être la priorité?
La priorité, c’est gérer l’instant T. Les tournées vont-t-elles être annulées? Comment faire pour les récupérer? C’est un manque à gagner considérable pour les nations. Quand on parle de celles de juillet, on parle des nations du Sud qui reçoivent, il ne faut pas les laisser tomber. On ne peut pas dire 'ce n’est pas grave, on aura novembre et on va se contenter de nos recettes'. Non, on doit aider et c’est dans ce sens que je veux qu’il y a une vraie solidarité entre le Nord et le Sud. On se doit d’accompagner les nations du Sud et je sais le manque à gagner qu’elles ont en juillet, il faudra le rattraper, parce qu’on doit les accompagner.
Des décisions seront-elles prises dès la première réunion?
Oui, il y a une réunion du conseil le 12 mai, on parlera de tout cela à ce moment-là.