Le jour où tout a basculé

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Ils ont vécu une semaine pénible et harassante. Reclus dans leur hôtel après l’humiliation subie face aux Tonga (14-19) qui n’a pas manqué de déclencher une vague de scepticisme de l’autre côté de l’hémisphère, les joueurs du XV de France se sont parlés. Comme en 2007, au lendemain de la défaite traumatisante concédée au Stade de France face à l’Argentine (17-12) lors du match inaugural du Mondial. « C’était une discussion entre adultes », insiste Julien Pierre. « C’était dimanche dernier, poursuit William Servat. On a alors partagé un moment ensemble et on s’est dit des choses qui n’étaient pas forcément agréables à entendre. »
Le ressort affectif est connu. Une nouvelle fois, il a fonctionné. Sans Marc Lièvremont et son staff, Thierry Dusautoir et ses hommes ont causé de ce tout qui ne fonctionnait pas. « Beaucoup d'entre nous se sont rendus compte qu'on passait à côté d'une chance extraordinaire, celle de jouer une Coupe du monde pour son pays, assène le capitaine des Bleus. Ce sont des instants très rares dans une vie et on ne s'en rend pas forcément compte. Ces victoires mitigées (face au Japon et au Canada, Ndlr) et la défaite face aux Tonga nous ont permis d'ouvrir les yeux ». Morgan Parra enchaîne : « Face au Tonga, on a tous pris conscience de certaines choses et l’état d’esprit a changé. Aujourd’hui, on joue les uns pour les autres. On veut tous se faire mal ensemble ».
Mermoz : « Sincèrement, c'était horrible »
Dans leurs échanges, les Bleus ne se sont pas uniquement focalisés sur l’aspect sportif. La trop grande proximité avec les supporters à Wellington a également fait causer. Du coup, les Tricolores se sont regroupés. « On était mélangé à tout le monde et sincèrement, c’était horrible, confie Maxime Mermoz. C’est génial d’avoir du soutien, mais on a aussi besoin d’être dans une bulle. Quand t’as tout le temps du monde autour, ce n’est pas évident. Maintenant, on est vraiment entre nous… ».
Désormais, les Bleus ne veulent plus être stoppés. Plus jamais. « Dès le coup de sifflet après le succès face aux Anglais, on s’est parlé parce qu’on est nombreux à avoir vécu 2007 et la défaite en demi-finale, reprend Thierry Dusautoir. On sait très bien ce qu’il peut se passer après une euphorie excessive. On est donc très heureux et c’est normal après la pression qu’on s’est mise. Mais, il va falloir se remettre au boulot rapidement et se concentrer sur cette nouvelle échéance ». Ce sera face au pays de Galles, samedi à Auckland, pour une demi-finale inédite en Coupe du monde. L’histoire est en marche.