Le rugby muscle-t-il trop son jeu ?

Maxime Médard - -
Le « rugby de papa » est définitivement à ranger dans la boîte à souvenirs. Finis les joueurs à la condition physique incertaine. Terminés les entraînements sans suivi individuel précis. Le monde de l’ovalie est entré définitivement dans une nouvelle dimension athlétique. « J’en parlais avec les joueurs, ils trouvent qu’il y a pratiquement plus d’intensité et de jeu que lors du Mondial, abondait Philippe Saint-André, après la victoire en Ecosse (23-17). Le rugby est encore en train d’évoluer et de passer une marche supérieure dans l’intensité, la férocité, dans le fait qu’il n’y ait plus une équipe qui trouve la touche. »
Le sélectionneur de l’équipe de France sait de quoi il parle, lui dont les joueurs ont entamé une série de quatre matchs du Tournoi des VI Nations en un mois. Surtout, l’homme fort des Bleus a vu Maxime Médard, son arrière titulaire en Ecosse, être victime d'une rupture du ligament croisé antérieur du genou droit. Alors, les cadences infernales imposées aux rugbymen sont-elles « responsables » de ce type de blessures ? Julien Deloire, le préparateur physique du XV de France, n’est pas catégorique. « Il est certain qu’avec la fatigue, les saisons à rallonge, les aller-retour en club et en équipe de France, ce sont des choses qui peuvent fatiguer et conduire à des blessures. Mais il y a aussi la malchance qui peut arriver. »
Saint-André : « On va peut-être chercher des athlètes »
De retour sur les pelouses du Top 14 peu de temps après leur finale de Coupe du monde perdue face à la Nouvelle-Zélande (8-9), les internationaux français entament déjà leur 7e mois de compétition. Et cette saison à rallonge ne se terminera qu’au début du mois de juin, pour ceux qui disputeront la finale du championnat. « C’est un peu difficile, admet François Trinh-Duc. On a toujours le nez dans le guidon donc on ne réfléchit pas trop. On a toujours des échéances qui arrivent. Pour l’instant ça se passe bien, je touche du bois pour ne pas me blesser. J’espère tenir jusqu’à la fin de saison. »
Une situation qui pousse Philippe Saint-André à réfléchir plus globalement sur le rugby de demain. « Ce qui est inquiétant, c’est que maintenant, la condition physique, la « caisse » va devenir primordiale dans les 10-15 prochaines années. (…) Il va vraiment falloir que le rugby français ait une réflexion, déclare le sélectionneur des Bleus. Dans la préparation, la récupération, le profil des joueurs, c’est une réflexion différente. On va peut-être chercher des athlètes. » Et d’ajouter sur le ton de la plaisanterie : « Si tu as une VMA (vitesse maximale aérobie, ndlr) à 12 au bout de 10 minutes, tu demandes le SAMU. » L’ancien manager toulonnais croise les doigts pour ne pas avoir besoin d’y faire appel ce dimanche, face à l’Irlande (16h).
Le titre de l'encadré ici
Récupération et sortie à Paris pour les Bleus|||
A trois jours de la rencontre face à l’Irlande (16h), les joueurs du XV de France ont eu droit à une journée « light ». Dans la matinée, le programme était à la récupération (soins, massages,…). Sept joueurs se sont présentés devant la presse : Mas, Maestri, Trinh-Duc, Rougerie, Debaty, Mermoz et Beauxis. Certains joueurs sont partis tôt dans la matinée à Paris, pour des activités privées (famille, amis, sponsors,…). La grande majorité a ensuite bénéficié de la navette (autocar) qui a quitté le CNR de Marcoussis pour le centre de la capitale. Tous étaient de retour à 19h, pour des étirements légers et un dîner pris en commun.
LD