Les anciens ne mâchent pas leurs mots

Philippe Saint-André - -
Philippe Saint-André (69 sélections entre 1990 et 1997) : « Il n’y a plus d’âme »
« Avant la Coupe du Monde nous aurons trois mois de préparation, soit assez de temps pour forger un collectif. Mais aujourd’hui, à dix mois d’une Coupe du monde, la défaite face à l’Australie provoque un énorme mal de tête ! L’idéal serait bien sûr de rejouer un match la semaine prochaine pour se rassurer. Mais la chose qui m’inquiète davantage est l’âme du XV de France. Quand nous avons réalisé le Grand Chelem, on la sentait, on voyait qu’il y avait quelque chose. Aujourd’hui j’ai l’impression qu’il n’y a plus rien. Plus rien collectivement, plus rien individuellement, comme si un ressort était cassé. Il faut que l’encadrement regroupe les leaders, le capitaine avec l’objectif de former un groupe de 25 joueurs. La conquête et la mêlée sont en bonne santé mais le système de jeu doit être plus clair et précis. Il nous reste moins de dix mois ! »
Thomas Lombard (12 sélections entre 1998 et 2001) : « Lièvremont démissionnera si ses joueurs le lâchent »
« J’ai l’impression qu’on est en train de revivre dans le rugby ce qu’on a vécu dans le foot entre Raymond Domenech et ses joueurs ! Il faut trancher à un an de la Coupe du Monde, ne pas reproduire la même erreur que dans le football. Faut-il limoger l’entraîneur ? Seuls les joueurs sont capables de faire pencher la balance d’un côté ou d’un autre pour garder ou non Marc Lièvremont. Il y a des gens qui ont suffisamment d’expérience aux postes-clés dans cette équipe pour pouvoir assumer certaines responsabilités. On peut reprocher beaucoup de choses à Marc Lièvremont mais pas son intégrité, il est convaincu de ce qu’il fait. Et lui-même le dit, si ses joueurs le lâchent, il démissionnera.»
Jean-Pierre Rives (59 sélections entre 1975 et 1984) : « Il faut que les joueurs s’enferment pour trouver la solution »
« On doit leur laisser du temps sauf qu’il n’en reste plus beaucoup avant la Coupe du monde de rugby. Ce qu’on peut leur conseiller, c’est de s’enfermer tous dans une pièce, qu’ils mettent la clé dans la poche et qu’ils y restent jusqu'à ce qu’ils trouvent une solution. Pour jouer au rugby il faut s’aimer et être aimer. Et même en s’aimant, il n’est pas garanti que le voyage de noces en Nouvelle-Zélande se termine bien. Le XV de France possède les moyens d’atteindre le dernier carré de la compétition, voire plus, nous avons des joueurs extraordinaires. C’est à partir de défaites extrêmement difficiles comme celle-ci qu’on construit les victoires. La solution appartient aux joueurs et aux dirigeants, ce sont eux les mieux placés pour réagir.