Les Bleus en terrain conquis

Dimitri Yachvili et Marc Lièvremont - -
« Quand je leur parle de la Tour Effel, ils ont les yeux qui s’illuminent. Ce sont des gamins devant un sapin de noël. » Mathilde est française. Expatriée en Nouvelle-Zélande depuis dix mois. A 21 ans, la jeune femme se sent comme chez elle au pays des kiwis. Et pour cause. Malgré les deux éliminations des Blacks en Coupe du monde par les Bleus (1999 et 2007), malgré Sébastien Chabal, ou malgré les conflits nucléaires entre les deux pays, les Français jouissent d’une incroyable cote de popularité.
La France de François Mitterrand est pourtant celle qui reprend les essais nucléaires dans le Pacifique dans les années 1980. C’est également elle qui ordonne de couler le Rainbow Warrior, bateau de Greenpeace amarré en Nouvelle-Zélande, pour protester contre les essais nucléaires. « Nous avons connu des moments chauds, mais il y a maintenant des relations permanentes, glisse en observateur avisé le président de l’IRB, Bernard Lapasset. Les supporters seront particulièrement bien reçus. » D’autant que les deux pays partagent une histoire commune vécue lors des deux Guerres Mondiales. « Mon grand-père a combattu en France en 1914. Nous devons avancer. Les gens n’ont pas oublié, mais ils n’en veulent pas », reprend Patrick.
Mais où est Chabal ?
Gastronomie, rayonnement culturel, influence politique… Les Néo-Zélandais regardent d’un bon œil la place qu’occupe la France sur l’échiquier mondial. Quant au rugby, il est également au centre de leur attention. Historiquement d’abord, car le premier match d’une équipe de France s’est déroulé contre la Nouvelle-Zélande en 1906 et parce que les Bleus sont les premiers à effectuer une tournée sur leurs terres en 1961. Sportivement, ensuite, car les fameux All-Blacks sont tombés à deux reprises en Coupe du monde (1999 et 2007) contre les Bleus.
Respectée, cette équipe est également crainte pour son côté imprévisible. Même si le joueur le plus connu n’est pas du groupe de Marc Lièvremont. « Ils se souviennent de Chabal ajoute Mathilde. Ils sont fascinés par son côté barbu, homme des cavernes. C’est presque un joueur typique néo-zélandais qui va au tampon et n’a pas peur de se faire mal. C’est peut-être pour cela qu’ils l’apprécient. » Les Néo-Zélandais oscillent d’ailleurs entre soulagement et déception de ne pas voir le Caveman débarquer.