Les Bleus en toute discrétion

Thierry Dusautoir - -
Marcoussis retrouve ses vice-champions du monde. L’équipe de France de rugby a posé sacs et valises dans son QG de l’Essonne. Conséquence directe du report du match contre l’Irlande, les Bleus séjourneront les quatre prochaines semaines dans leur cocon. Un luxe pour Philippe Saint-André. Du côté de la ville, on ne s’attend pas pour autant à voir la bande à Dusautoir défiler dans les rues de cette bourgade de 8000 habitants. « De façon épisodique, on peut les voir chez le coiffeur, mais ils sont avant tout là pour travailler et s’entraîner », note diplomate Jérôme Cauët, un des maires adjoints
Au moment de l’inauguration du CNR en novembre 2002, la ville a logiquement bénéficié d’une publicité positive. Aujourd’hui, l’effet s’est estompé. Au point même que les joueurs, à l’image de Sylvain Marconnet à qui revient la paternité des propos, surnomment leur nouveau cocon « Marcatraz ». « Je ne pense pas qu’ils soient là en prison », sourit Jérôme Cauët quand on lui rapporte l’anecdote. Et l’élu d’enchaîner : « Ils rentrent chez eux. Ce sont des Marcoussissiens. »
Chabal : « On a saccagé le bar »
Du côté des habitants, on s’est fait une raison. Notamment chez Laurence, propriétaire du Bar à Thym, l’un des restaurants de la ville. « Ils ne sont jamais venus. Quand ils sont au CNR, ils ne sortent pas du CNR. Ils ne circulent pas dans Marcoussis. Ils sont indépendants. Ils ont tout avec eux », note-t-elle. Les habitués de l’établissement acquiescent. Elle, enchaîne : « C’est sûr que s’ils fréquentaient le village, ça ferait fonctionner les commerçants. Mais on ne les voit pas. Si on veut les voir, il faut aller au CNR. Et encore. Il faut passer par la petite porte. » L’accord entre les joueurs et le staff ne prévoit pas d’interdiction de sortir du CNR lors des rassemblements. Il est simplement tacite : pendant les stages et les périodes de travail, les joueurs restent ensemble.
Un « interdit » bravé en 2007. Lors du premier match de la Coupe du monde, les Bleus tombent contre l’Argentine. La tête à l’envers. Le moral au plus bas. A l’initiative des anciens, les 30 joueurs se retrouvent alors au Bar à Thym pour une soirée mémorable. Laurence n’était pas encore la propriétaire des lieux, mais elle a entendu parler de cette soirée. « On avait besoin d’évacuer les soupapes, s’est souvenu Sébastien Chabal dans le Moscato Show. Il fallait faire quelque chose. Alors, nous sommes allés en ville et on a saccagé le bar. » Marcoussis ne leur en a pas tenu rigueur…