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Les Bleus se méfient d'eux-mêmes

Vincent Clerc

Vincent Clerc - -

Au lendemain de la victoire face à l'Angleterre en quarts de finale de la Coupe du monde (19-12), Marc Lièvremont a voulu refroidir l'atmosphère autour du XV de France. Pour éviter de prendre les Gallois de haut samedi en demi-finale.

Des jours de gloire, des moments de grande fierté, des rebonds à l’orgueil, alors que l’équipe de France ressemblait à un champ de ruines. Ils jalonnent son histoire, en vraie marque de fabrique. La victoire contre l’Angleterre à Auckland (19-12) n’est finalement que le dernier épisode d’une longue série. Pour sortir des bas-fonds du jeu pour renverser des montagnes, les Bleus sont des experts. Pour rechuter au match suivant, aussi. Au lendemain d’un « crunch » générateur de grands sourires, Marc Lièvremont avait un message à faire passer.

Eviter, à tout prix, de s’inscrire dans la plus pure tradition française. « A chaque fois, quel que soit le talent des générations précédentes, après un match gagné au forceps où tous les leviers de l’orgueil, de la fierté, de la colère ont été actionnés, il y a eu un échec derrière », a rappelé ce dimanche le sélectionneur du XV de France. Notamment contre l’Australie en finale en 1999 et contre l’Angleterre en demi-finale en 2007. Jouer le pays de Galles pour une place finale, samedi à Auckland (10h, heure française), est donc quasiment le pire qu’il pouvait arriver aux Bleus.

Szarzewski : « Ne pas prendre la grosse tête »

Affronter une équipe qui ne les a battus que trois fois au cours des dix dernières années. Et penser qu’ils sont favoris. Il n’y aurait rien de mieux pour se prendre, encore une fois, les pieds dans le tapis, alors que les Gallois impressionnent depuis le début de la compétition. « Le risque, c’est de ne pas digérer ce match, de passer la semaine à recevoir des félicitations de ses proches et de s’en satisfaire, prévient Marc Lièvremont. Le risque, c’est de vouloir satisfaire les médias, qui auront peut-être des comportements différents, les agents, qui vont promettre monts et merveilles. Le risque, c’est de croire qu’on est devenus des supers joueurs de rugby. »

Etre conscient que les lauriers ne seront décernés que le 23 octobre, c’est ce que le sélectionneur martèlera à son groupe cette semaine. « On a été les mêmes joueurs qu’à Wellington (contre les Tonga, ndlr). Sauf qu’on avait une "grosse paire" en plus. » La meilleure nouvelle pour Marc Lièvremont est peut-être que samedi soir, juste après l’exploit, les Bleus avaient déjà l’intention de tourner la page. « On ne veut pas que cette victoire soit juste une étincelle », assurait Morgan Parra. « Il faut vite redescendre sur terre et ne pas prendre la grosse tête », ajoutait Dimitri Szarzewski. Ils connaissent parfaitement le piège.