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Lièvremont, au bout de l'insensé ?

Marc Lièvremont

Marc Lièvremont - -

A l'image de son homologue néo-zélandais Graham Henry, Marc Lièvremont dirigera dimanche sa dernière rencontre à la tête de l'équipe de France, dimanche en finale de la Coupe du monde. Retour sur deux mois difficiles pour celui qui pourrait devenir le premier sélectionneur à guider les Bleus au titre suprême.

« Je suis pressé que ça s’arrête. Et que ça se termine bien si possible. » Il est comme ça Marc Lièvremont. Franc, direct et spontané. Même quand on lui demande comment il envisage la fin de sa carrière à la tête de l’équipe de France. Cette spontanéité qui lui a souvent joué des tours. Il y a d’abord eu les critiques nominatives après la victoire poussive face au Japon, puis les réponses offensives aux journalistes, ou encore les piques lancées dernièrement à ses joueurs, qu’il a comparés à des « sales gosses, indisciplinés et égoïstes, toujours à se plaindre et à râler ». Lui ne regrette rien. « Vous ne pouvez pas me demander d’être spontané et me reprocher de dire ce que je pense », explique-t-il. Il en tire toutefois des enseignements en décidant de ne plus parler des joueurs au cas par cas.

Nommé à la tête des Bleus à la sortie de la Coupe du monde 2007, l’ancien troisième ligne aux 25 sélections est alors un entraîneur jeune dans le métier, avec seulement six années de banc derrière lui. « Je sais que certains pensent que je ne suis qu’un entraîneur de Pro D2 », assène-t-il d’ailleurs avant d’affronter les Gallois. Peu importe, il trace sa route, jure de ne pas être amer et n’hésite pas rentrer dans les journalistes quand il juge une question déplacée. Sa sortie la plus remarquée intervient au soir de la victoire des Blacks contre les Bleus (37-17) en match de poules. « Tu m’emmerdes avec ta question. On vient d’en prendre 40, donc elle est tordue. Je te dis qu’on pense à la qualification. Ça te va comme ça ? », balance-t-il quand un confrère lui demande s’il pense au titre mondial.

Sa maman : « Il est certainement un peu blasé »

Et si Marc Lièvremont ne correspondait tout simplement pas aux standards d’un sélectionneur national ? Un technicien capable d’arrondir les angles, de « fermer sa grande gueule » (l’expression est de l’intéressé) et de délivrer un message plat à la presse afin de ménager son groupe en public. Quitte à l’enfoncer dans l’intimité du vestiaire. « Il a un caractère bien trempé, confie sa maman Irène. Je sais qu’il est bien entouré, qu’il n’est pas seul. Ce que j’ai redouté, c’est qu’il vive ça en étant très seul. » Il a pourtant dû se sentir sacrément isolé pendant ces deux mois de compétition. Comme lorsqu’il regrette publiquement (une fois de plus) que son groupe se soit éparpillé après la défaite contre le Tonga (19-14). C’est finalement avec une partie du staff et avec les officiers de liaison qu’il terminera la soirée.

Critiqué par une partie de la presse, l’homme de 42 ans assure être « vacciné » contre les attaques et jure qu’il se « fout complètement de ce qu’on pense de lui ». L’exemple d’Aimé Jacquet, voué aux gémonies avant d’emmener les Bleus du foot au sacre mondial en 1998, est là pour le conforter. Mais gare à ne pas connaître un avenir similaire à celui de Raymond Domenech, passé tout près du Graal en 2006 avant d’accumuler les fiascos à l’Euro 2008 et à la Coupe du monde 2010. Loin de ces préoccupations, Marc Lièvremont s’est construit une carapace. Sans doute parce qu’après les espoirs du début de mandat, les promesses de beau jeu n’ont pas été à la hauteur de ses espérances. « Il est certainement un peu plus blasé, continue sa maman. Comme il en a pris plein la poire, il est peut-être plus méfiant qu’il ne l’est d’habitude envers certaines personnes. Très rapidement, il ne s’est plus fait d’illusions. Mais l’homme n’a pas changé du tout. Une fois que ce sera fini, il fera comme avant. Il continuera à emmener ses gosses à l’école. S’il avait changé, ça m’aurait fait beaucoup de peine. »