Lièvremont : « Parra n’a pas à faire ce geste »

Invité ce jeudi du Moscato Show, Marc Lièvremont est revenu sur la suspension de Morgan Parra et sur le coup de tête assénée par le demi de mêlée international. Geste que l'ancien sélectionneur juge tout simplement inacceptable.

Marc Lièvremont, que vous inspire le parcours du XV de France dans le Tournoi des VI Nations ?

On sait bien que c’est toujours plus facile de gagner. Il y a beaucoup d’espoirs qui sont nés autour de cette équipe de France, après ces deux premières victoires. On est frustré, déçu… Je me souviens de défaites catastrophiques comme ça, en Angleterre… Le staff doit rester solidaire et faire abstraction de ces boulets.

Sur le jeu. Qu'est-ce qui ne va pas chez cette équipe ?

Cette équipe a du talent, tout le monde en est persuadé. C’est le plus important, quelque chose auquel il faut s’accrocher. On est capable d’avoir une conquête cohérente. On a de jeunes talents qui arrivent. C’est plus facile de construire quand on gagne. Il y avait eu ces deux victoires. Il y avait des choses à redire après les matches contre l’Angleterre mais les garçons avaient été courageux. Quand j’entends certains critiques dire que les joueurs ont démissionné, non… les joueurs se sont fait prendre, ils ont eu droit à une entame catastrophique dans un contexte compliqué. Et derrière, ils sont partis un peu en déliquescence collectivement.

On a l'impression que certains joueurs sont usés et que derrière, il n'y a pas cette relève susceptible de les soulager. On pense notamment à Nicolas Mas...

Mais ça ne date pas d’aujourd’hui. Cela fait cinq ou six ans qu’il n’y a qu’Olivier Mas. Avant lui, c’était Pieter de Villiers. Des gros piliers droits de niveau international, il n’y en a pas dix par saison. On a sorti des gauchers plus que sympa, Domingo notamment. On a des joueurs complémentaires comme Vahaamahina, comme Flanquart. Derrière, on a du talent. On a pléthore de demi de mêlées. On a de jeunes ouvreurs sur des profils différents, certes. Mais on a de très bons jeunes.

Est-ce que cette sinistrose autour des Bleus est exagérée ?

Peut-être qu’on va aller en Ecosse en pratiquant un bon rugby, et que derrière, on va mettre une pilule aux Irlandais et qu’on va finir premier du tournoi… et on aura oublié tout ça. Là, on est dans la marasme. C’est là qu’on se flagelle. C’est dur pour le staff. Je suis passé par là. On sent qu’il y a eu une empathie du rugby français, ce qui n’a pas souvent été le cas, mais que là, ça coince avec ces histoires de conventions. Les clubs sont étranglés. On sait très bien que ce qu’on va donner à l’équipe de France, on va le retirer aux clubs. A chaque fois, ce sont d’incessantes polémiques qui font qu’on n’évolue pas dans un climat de sérénité.

Un petit mot pour finir sur Morgan Parra et sur son expulsion après son coup de tête administré à un joueur de Montpellier.

Il y a quelque chose sur lequel on ne peut pas lâcher : c’est l’exemplarité. Morgan, avec toute l’affection que j’ai pour le joueur et pour l’homme, n’a pas à faire ce geste. D’autant plus qu’il est récidiviste. On sait qu’il a du tempérament. On sait qu’il dérange parce que c’est un bon morpion et comme d’autres très grands joueurs avant lui, il divise. Je l’aime beaucoup et je le vois bien capitaine de cette équipe de France. Pour l’instant, il est suspendu. Même si c’est la nervosité qui a été retenue, il s’en sort bien. Il n’a pas à faire, ne serait-ce que le geste de mettre un coup de tête à quelqu’un.

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