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Maestri : « Pas en position de se sentir au-dessus des Italiens »

Yoann Maestri

Yoann Maestri - -

Si la victoire contre l’Angleterre a redonné confiance aux Bleus, elle ne lui garantit rien pour la suite du Tournoi, assure le deuxième-ligne Yoann Maestri, qui s’attend à un nouveau match compliqué face aux Italiens, dimanche (16h).

Yoann, est-ce qu'on parle de rugby avant le match contre l'Italie ou plus de combat ?

On parle un peu de tout car ce serait une erreur de ne se focaliser que sur le combat. On connait la qualité de cette équipe, qui nous a défaits l’année dernière à Rome (23-18) et nous a plongés dans un petit tourment qui nous a fait beaucoup de mal. On l’a encore vu évoluer ce week-end à Cardiff (défaite 23-15 face au pays de Galles). On a énormément de respect pour eux.

Maxime Machenaud a dit qu'il avait encore la défaite du dernier Tournoi en travers de la gorge. Est-ce le cas de tout le groupe ?

Bien sûr. On était tombé sur une grosse équipe italienne, qui d’ailleurs avait fini le Tournoi devant nous. A nous de nous en rappeler et d’entrer sur le terrain avec un maximum de hargne, de concentration pour pouvoir faire le meilleur match possible.

Est-ce que vous comprenez qu'on puisse replacer la France dans la catégorie des favoris après ce succès contre l'Angleterre (26-24) ?

On va vite en besogne. A cinq minutes de la fin, on aurait pu perdre ce match et plonger dans une crise sans fin. Là, on a su faire preuve d’abnégation et ne rien lâcher jusqu’au bout. Maintenant, il faut prendre ce qui a été bon, prendre ce qui a été mauvais. Il faut retrouver beaucoup d’humilité, se souvenir de ce match l’an passé face aux Italiens, se souvenir de notre dernière place et avancer doucement avec rigueur et envie.

Il ne faut donc surtout pas s'enflammer...

On est tombé sur une grosse équipe anglaise, qui avait dans le passé de bien meilleurs résultats que nous. On l’a battue. On aurait pu perdre face à cette équipe. Tâchons d’avoir une énorme envie à domicile face aux Italiens. On verra pour le résultat mais montrons déjà les barbelés et faisons du mieux possible.

Est-ce qu'il y a du soulagement après ce succès contre l'Angleterre ?

Ce qui est sûr, c’est que ça fait plaisir. Du soulagement ? Il ne faut pas s’arrêter là. C’est un Tournoi, et il ne se joue pas que sur un match. Il faut se servir de ces ondes positives pour avoir encore plus faim et travailler pour aller encore plus haut.

« Avoir le même respect que contre les Anglais »

L'an passé, il n'y avait eu qu'une seule semaine de préparation avant l'Italie. La défaite de l'année dernière était-elle due à cette semaine un peu trop chargée ou à de la suffisance de votre part ?

Ce n’est pas une question de suffisance ou de fatigue. On est tombé l’année dernière face à une très belle équipe italienne. On a été moins rigoureux qu’elle sur certains points. Par moments, on a pu la dominer sur certaines phases de jeu. Ils nous ont contré à merveille et ont fait preuve de sens tactique. Ils ont été meilleurs que nous. Même à la fin, en cravachant, on n’avait pas réussi à revenir. Il avait su bien nous contrer défensivement et faire preuve de rapidité et de précision offensivement. On l’a vu à Cardiff. Le match a mal commencé pour eux mais ils se sont accrochés. Face aux Gallois, qu’on sait redoutables chez eux, ils ont été plus qu’honorables.

On a l'impression que les Italiens se transcendent quand ils jouent les Français. Ils sont de plus en plus injouables...

Il y a beaucoup d’améliorations dans leur jeu. Ils sont en perpétuelle évolution et pas seulement face à nous. Ils ont eu des résultats positifs l’an passé avec le Tournoi. Ils ont de très grands joueurs dans leur équipe, qui font les beaux jours de certains clubs de notre championnat. C’est une nation costaud. A nous de tout mettre en place, d’avoir la plus grande détermination possible à ressortir vainqueur de ce match.

C'est difficile de mettre son rugby en place face à une équipe aussi truqueuse...

Il ne faut pas la réduire à ça. Ils ont également des qualités et de vitesse de jeu. Il faut s’attendre à avoir le même respect et la même rigueur que lorsqu’on affronte les Irlandais, les Anglais, les Néo-Zélandais, les Australiens… Si on part avec cette même envie et cette même peur de l’adversaire, ce sera positif.

La France part quand même favorite de cette rencontre, non ?

On n’est pas en position de se sentir au-dessus d’eux par rapport à l’année qu’on vient de faire. Ce n’est pas parce qu’on a gagné ce match face aux Anglais… Cela se joue à peu de choses. On aurait été défait par les Anglais à Paris, on n’aurait pas du tout le même rapport à ce match-là. Ayons énormément de respect pour eux. Il serait bien pour nous de considérer ce match comme n’importe quelle autre rencontre du Tournoi. Et pas, comme certains vont nous le présenter, comme un match facile alors que cela ne le sera pas.

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Propos recueillis par Laurent Depret