Marc Lièvremont, un sourire intérieur

Marc Lièvremont, sélectionneur du XV de France - -
On l'imagine casanier, un brin rétif aux mondanités parisiennes. On n'a pas tort. On n'a pas raison non plus... Fils de militaire, Marc Lièvremont, ses frères (dont un vit à la Réunion) et la sœur (championne de France de rugby avec Toulouges) sont des voyageurs. Né à Dakar il y a 42 ans, passé par l'est de la France, joueur à Perpignan, au Stade Français, à Biarritz, entraîneur de Dax puis du XV de France, Marc Lièvremont est à l'image de son parcours : pluriel. Il est passé par Paris où son président était Max Guazzini, Bernard Laporte entraîneur, champion de France 1998. Un crève-cœur pour la famille Lièvremont que cette finale, le capitaine de Perpignan battu par les Parisiens n'était autre que Thomas Lièvremont...
« Difficile d'éclater de joie, de me lâcher complètement », concédait Marc Lièvremont. Une confidence à l'image du garçon et de la famille : des taiseux en public, ce qui n'empêche pas le goût de la fête. Au point d'être l'un des piliers du Rugby Bordel Footbal Club initié par le chanteur catalan Cali et réunissant le temps de deux fêtes annuelles les familles Cantona et des footballeurs contre la famille Lièvremont et des rugbymen. « Tant que c'est dans un certain esprit, sans outrance, on peut s'amuser et même faire de sacrée bringue », sourit le sélectionneur des Bleus auquel le rôle de personnage public - sélectionneur d'une équipe de France - ne convient pas trop à son tempérament.
Il déclame du Kipling par cœur
« Je m'interroge, je me pose des questions, j'aime bien la phrase plus je m'approche des certitudes, plus je m'éloigne de l'intelligence », expliquait Marc Lièvremont en juin dernier avant la tournée en Afrique du Sud. Un sélectionneur qui peut aussi déclamer sans sourciller les strophes célèbres du poème de Rudyard Kipling « Tu seras un homme mon fils ». Car la famille est un autre élément clé pour comprendre le personnage. C'est l'aîné de la fratrie avec Thomas et Mathieu eux aussi internationaux, eux aussi troisième ligne.
C'est aussi un époux et père de famille jaloux de préserver son intimité. En trois ans, pas une photo, pas une ligne sur ce jardin secret. De père de famille entraîneur à éducateur, il n'y a qu'un pas. Un éducateur dans l'âme, mais un éducateur là aussi pluriel. « Je pense qu'il a vécu des moments difficiles, il a appris son métier comme dans le même temps nous avons mûri », explique l'expérimenté Damien Traille. Et le discours a changé. « J'ai eu quatre mois et demi pour réfléchir », explique sans sourciller un Lièvremont qui n'élude jamais une critique même si ça commence à lui peser au fur et à mesure qu'approche l'échéance du Mondial en septembre 2011. « Il ne lâche rien, comme quand il était sur le terrain (deuxième meilleur plaqueur de la coupe du monde 1999) », s'amuse Emile Ntamack son adversaire en club, partenaire en équipe de France et depuis trois ans sélectionneur adjoint de Marc.