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Maso : « Mandela a réussi l’impossible »

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Ancien centre et manager du XV de France, Jo Maso a bien connu l’Afrique du Sud, avec notamment la Coupe du monde 1995. Il rend hommage à Nelson Mandela, disparu ce jeudi.

Jo, que représentait Nelson Mandela pour l'Afrique du Sud et le monde du sport ?

Il restera le grand bonhomme du XXème et du XXIème siècle. Il a su prôner ce que peu de personnes sont capables de faire, c’est-à-dire la tolérance. En 1971, je suis allé en Afrique du Sud avec l’équipe de France en tant que joueur et c’était un pays complétement dominé par les Afrikaners. C’était difficile à vivre. Et en 1995, cet homme redonné le sourire, a redonné l’envie de vivre à tout un peuple. C’est énorme.

Quel effet a-t-il eu sur cette équipe sud-africaine championne du monde chez elle en 1995 ?

Il a redonné aux Springbok la fierté d’être Sud-Africains, il leur a fait oublier toutes les querelles qui pouvaient exister et se battre pour un unique maillot. C’est grâce à Nelson Mandela qu’ils sont arrivés à avoir cette force, ce courage et cette envie de solidarité qui n’existaient pas auparavant. Ce moment de sport aura encore plus unifié le pays.

Avez-vous eu l'occasion de le rencontrer ?

Oui. Je lui ai juste serré la main. Mais quand je l’ai fait, j’étais fier et admiratif parce que après tout ce qu’il a subi, toutes ces années d’emprisonnement, être capable de redonner un esprit comme ça à tout un pays, à tout un peuple, c’est phénoménal. Heureusement, il a eu toute une vie après ces années de prison, toute une vie où il a pu resserrer et ressouder un pays et c’est tout à son honneur. C’est pour cela que le monde entier doit être triste aujourd’hui.

Quand on est avec l'équipe de France et qu'on joue en Afrique du Sud, ressent-on aussi son amour pour le sport et tout ce qu'il a fait pour le sport dans son pays ?

Oui. Il savait très bien que le sport, c’est la vie. A travers le sport, et notamment le rugby, où les valeurs sont essentielles, il a su donner cet esprit de solidarité, cette notion de partage. C’est ce qu’il a voulu pour son pays. A travers cette équipe qui portait l’antidote, et à laquelle il a fait ajouter la fleur africaine, il a soudé tout un pays. Dans ce stade de l’Ellis Park, on a vu tout un peuple uni. Cela paraissait impossible quand j’y suis allé en 1971 en tant que joueur. Eh bien lui, il a réussi l’impossible !

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Propos recueillis par Antoine Arlot