McCaw : « C’est un devoir d’être pénible ! »

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Vincent Moscato : Est-ce encore meilleur de gagner la finale contre la France, votre bête noire en Coupe du monde ?
Richie McCaw : Oui. Probablement. L’histoire est longue entre la France et la Nouvelle-Zélande en Coupe du monde et cette finale se joue seulement à un point. C’est une satisfaction immense de la gagner et c’est probablement le meilleur scénario et le meilleur adversaire pour devenir champion du monde.
VM : As-tu eu peur en fin de match ?
RM : C’est vrai que ça n’a pas été simple parce qu’un point, ça tient à une erreur. Une seule. Mais dans cette Coupe du monde, on savait qu’à un moment, on serait confrontés à ce genre de situation, que tout se jouerait sur des détails, une petite chose ou deux que l’on fait bien ou pas. On n’a donc pas été pris de court et chacun a très bien fait son job. On est aussi chanceux que chacun ait réussi sa tâche parce qu’il y avait une énorme pression à la fin du match.
VM : On a pu lire certains de tes propos dans lesquels tu disais que les Français étaient méchants. Qu’en est-il ?
RM : Je vous redonne le contexte de ma déclaration. J’étais à un petit déjeuner. Je discutais avec quelqu’un et je lui dis qu’on a été surpris que Rougerie ne soit pas cité. Ensuite, j’ai aussi dit que les Français étaient certainement entrés sur le terrain avec la peur au ventre parce qu’ils n’avaient pas très bien joué jusqu’à la finale, qu’ils redoutaient sûrement de perdre mais qu’ils ont fait ressortir la bête qui est en eux. J’ai été franchement ennuyé de la façon dont mes propos ont été retranscris. Ça a été un match très dur et à la fin, on oublie tout ça et ça reste sur le terrain.
VM : En parlant avec des joueurs français, certains ont dit de toi que tu étais chiant à jouer, que tu étais toujours là au mauvais endroit. Ça t’inspire quoi ?
RM : C’est bon à savoir ! (Rires). J’essaye toujours de faire mon boulot. Si mes adversaires trouvent que je suis pénible, impossible à mettre KO, et qu’ils finissent le match frustrés, c’est que j’ai réussi mon match. La question n’est pas de savoir si vous vous relevez toujours après avoir été mis à terre. La question, c’est que tant que vous êtes debout, vous vous devez d’être pénible pour votre adversaire !
« Jouer en France ? Qui sait ? »
VM : Est-ce qu’on peut penser te retrouver un jour en France ?
RM : C’est difficile. J’ai resigné pour quatre ans avec la Fédération Néo-Zélandaise. Quatre ans, c’est long. Mais qui sait ? Un jour, ils me diront peut-être que je ne suis plus assez bon pour être All Black et alors je pourrais jouer ailleurs. Mais pour l’instant, je peux jouer pour les Blacks. J’adore jouer pour les Blacks et j’en profite.
VM : Si tu venais en France, tu pourrais survoler la Normandie (ndlr : comme son grand-père, pilote pendant la Seconde Guerre mondiale)…
RM : C’est vrai que je pilote des avions et que mon grand-père était pilote de guerre pour la Royal Air Force pendant la Seconde Guerre mondiale. Il me racontait ses expériences de pilote pendant l’occupation et je ne suis jamais allé en Normandie. J’adorerais y aller pour revivre ce moment d’histoire, le débarquement. C’est vrai que ce serait une excellente raison pour revenir en France !
VM : Quel avion voudrais-tu piloter ?
RM : S’il y a une chose dont je rêve dans ma vie, c’est de piloter un Spitfire de la Seconde Guerre mondiale. La Forteresse volante ? Non, c’est trop gros, j’aime les avions rapides.
VM : Que penses-tu de l’accueil qu’on t’a réservé en France ?
RM : Franchement, c’est un excellent accueil. L’impression que j’ai, quand je vois tous ces gens nous féliciter, c’est que, après la France, l’équipe que vous vouliez voir championne, c’est les All Blacks. Evidemment, vous auriez préféré la France. Mais vous voir contents que les Blacks soient champions, c’est très cool.
Le titre de l'encadré ici
Les All Blacks en tournée |||
Israel Dagg, Richie McCaw, Ali Williams et Sam Whitelock étaient de passage ce mercredi à Paris. Les quatre hommes se sont rendus dans le magasin Adidas des Champs-Elysées pour une séance de dédicaces auprès de leurs fans. Attendus à 12h15, les champions du monde sont finalement arrivés vers 13h10. La lumière s’est alors éteinte, la sono a craché un haka accompagné de cris et bruits de crampons. C’est Richie MCcaw qui entre le premier sur ses béquilles, le pied droit dans une attelle. Tous s’installent sous des applaudissements légers des curieux ou supporters venus pour l’occasion. Ils sont environ 200 à s’être déplacés pour environ une heure de dédicaces. Alors forcément, du côté des joueurs, on apprécie. « J’aime la France. C’est un endroit formidable et les gens ici aiment le rugby, note Ali Williams. Ce sont des ambassadeurs de ce sport. Les Français sont très connaisseurs en rugby. Ils respectent le fait que nous nous soyons imposés en finale (8-7). Nous avons certes gagné, mais il y a eu un très grand spectacle. Ils sont venus nous voir pour nous féliciter. » Après s’être rendus à Londres mardi et à Paris ce mercredi, les quatre hommes s’envolent pour Milan jeudi et Herzogenaurach (Allemagne), au siège d’Adidas, vendredi. Le retour au pays est prévu ce week-end.
P.Ta.