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Parra, en passant par la Lorraine

Morgan Parra, Lorrain avant de porter le maillot de Clermont et du XV de France

Morgan Parra, Lorrain avant de porter le maillot de Clermont et du XV de France - -

C'est en Moselle, terre traditionnelle de football, que le demi de mêlée des Bleus a appris le rugby, grâce à un papa qui évoluait au poste de 9 du RC Metz. S'il a atteint les sommets avec Clermont et le XV de France, Morgan Parra n'oublie rien de ses premières années dans le Nord-Est de la France.

C’est à Metz que le joueur a appris le rugby, même si cela peut intriguer, comparé à Toulouse, Clermont ou Bourgoin. Pour aller aux origines du demi d’ouverture de XV de France, il faut donc passer par la Lorraine, comme le dit la chanson populaire, et se rendre à une dizaine de minutes du centre-ville de Metz, dans un Stade de la Grange au Bois, 600 places assises, coincé entre une route nationale et des usines. C’est là, dans le froid de la Moselle, que le petit Morgan a tapé ses premiers ballons à l’âge de 5 ans, prenant la suite de son papa Antonio, grande figure de l’histoire du RC Metz. Un père portugais qui admire aujourd’hui le fiston, dont la photo est placardée un peu partout au siège du club où l’on peut aussi apercevoir le premier maillot du XV de France porté par le joueur. « En souvenir de mon équipe d’enfance », peut-on lire sur la dédicace.

Une équipe qu’il n’a pas oublié – il revient régulièrement et prend le temps de s’amuser avec les gamins et de signer quelques autographes – et qui ne l’a pas oublié non plus. Edith, sa nourrice à l’époque et membre du club, se souvient « d’un garçon qui tapait dans tous les ballons. Il faisait même de petites balles en papier et tapait dedans. C’était un gamin qui ne pensait qu’au rugby mais qui avait aussi beaucoup de caractère. Je me rappelle qu’une fois il a failli m’étrangler ! (rires) Mais aujourd’hui quand on en reparle, ça nous fait sourire. Je l’aime ce garçon. Il est d’une humilité incroyable. Il pense toujours à nous. Il m’a même invité à voir des matches du XV de France en Ecosse et au Pays de Galles ». Une aubaine partagée par Daniel Petitjean, son premier coach, parti voir des matchs en Italie. Le technicien se rappelle « d’un gamin qui avait déjà un talent fou. Mais je craignais qu’il se perde un petit peu en Moselle, loin des terres traditionnelles du rugby. »

Un effet Parra sur le rugby mosellan ?

Un sport qui a du mal à exister dans une région historiquement dévolue au football. Jean-Marc Schoentgen, le président du RC Metz, espère que la popularité de Parra va créer un engouement pour l’ovalie en Moselle. « Financièrement, explique le président, c’est également un peu compliqué. Sur un budget de 270 000 euros, la quasi-totalité part en frais de déplacement en bus. Cela nous coute très cher d’aller faire des matches dans le Sud-Ouest. Ça nous complique la tâche pour nous développer. » Les gamins du centre de formation n’ont d’yeux que pour le n°9 de l’ASM et du XV de France. « Un bel exemple à suivre, plein d’humilité et qui s’est donné les moyens d’y arriver », leur répète Petitjean.

Une parole écoutée de près par un autre Parra... Gaël , 13 ans, qui espère suivre le chemin de son grand frère. En tout cas, voilà de quoi ravir Antonio, le papa, ancien demi de mêlée du RC Metz, tombé amoureux du rugby lorsqu’il était adolescent. Faute de moyens, il s’entraînait en pantalon, et l’électromécanicien qu’il est n’a pas fait le déplacement en Nouvelle-Zélande. « Trop loin. » La maman préfère regarder les matchs en différé. « Elle a trop peur qu’il se blesse », raconte le père. Dimanche, la famille Parra assistera à la finale à la maison. Sans caméras, sans journalistes. « La star c’est Morgan. Laissons-lui la lumière », glisse Antonio.