Passer au rouge

William Servat, Julien Bonnaire, Jean-Baptiste Poux et Thierry Dusautoir - -
La tempête est passée. La révolte, guidée par le profond sentiment de honte éprouvé quelques jours plus tôt contre les Tonga, a renversé le rival historique. Cette Angleterre qui ne saisira jamais les rebonds d’une ligne de vie sinusoïdale. Et après les vents contraires, ont soufflé cette semaine à Auckland quelques rafales de confiance retrouvée, de confort réinventé (voir par ailleurs). Le XV de France a gagné en sérénité, en calme, ce qu’il a perdu en soif de revanche, en désir de rachat. Sera-t-il dès lors le même demain contre le pays de Galles (10h, heure française) ? Marc Lièvremont et ses joueurs l’ont juré. Le piège, ils le connaissent. Certains d’entre eux y sont tombés, en 2007 (9-14).
Vincent Clerc, Julien Bonnaire et Thierry Dusautoir, entre autres, étaient titulaires contre l’Angleterre en demi-finales, après l’exploit contre les All Blacks à Cardiff. Imanol Harinordoquy était lui entré en jeu, comme Dimitri Szarzewski et Jean-Baptiste Poux, alors qu’il était déjà des battus de 2003 (7-24). « La finale, je la veux plus que tout, clame le Basque pour sa troisième tentative. Je ne penserai qu’à ça en entrant sur le terrain. » Une obsession partagée ? « Il faudrait pouvoir dédramatiser la situation, reconnait le sélectionneur. Mais en est-on capables ? Et est-ce que c’est bien pour une équipe de France, qui a souvent alterné le chaud et le froid dans le passé ? On a besoin de concentration, d’une forme de tension, d’affect, de colère. »
Une finale tous les 12 ans ?
Marc Lièvremont, victorieux contre les Blacks en 1999 puis rincé en finale contre l’Australie, a donc prévenu ses hommes. « Il faut qu’on joue notre chance à fond, sans excès de confiance ». L’excès guette, pourtant. A cause d’un bilan largement positif face aux Gallois depuis dix ans, avec neuf victoires, dont la dernière en mars (28-9) après l’humiliation en Italie, pour seulement trois défaites. A cause, aussi, de cette fâcheuse impression que le XV du Poireau n’est qu’un adversaire du Tournoi du VI Nations, pas un concurrent crédible à l’échelle mondiale, puisque les Bleus ne l’ont jamais affronté en Coupe du monde. L’erreur serait grave et le groupe tricolore dans son ensemble s’en est prémuni cette semaine en assurant qu’il se méfiait du pays de Galles.
De cet enragé qui, depuis sa courte défaite face aux Springboks (16-17), a dévoré les Samoa (17-10), la Namibie (81-7), les Fidji (66-0) et l’Irlande (22-10). Sa jeunesse (22 ans de moyenne en troisième ligne), sa puissance, son perforateur (Jamie Roberts) ou encore son finisseur (Shane Williams) en font un potentiel champion du monde. A condition de passer pour la première fois le cap des demi-finales. Si l’expérience devait l’emporter sur la fougue, les Bleus confirmeraient leur faculté à jouer une finale tous les 12 ans. Mais depuis dix ans, ils n’ont pu faire mieux que trois victoires consécutives contre les Gallois. Après 2009, 2010 et 2011, il en faudra une quatrième pour retrouver la Nouvelle-Zélande ou l’Australie en finale dimanche prochain. « Pour aller sur le toit du monde », le rêve de Marc Lièvremont.
Le titre de l'encadré ici
Doussain et Ouedraogo en soutien |||
Si le XV de France aura le même visage demain contre le pays de Galles que contre l’Angleterre une semaine plus tôt, son banc de touche apportera deux touches de fraîcheur. Dimitri Yachvili étant toujours gêné par son hématome à la cuisse gauche, Jean-Marc Doussain, appelé pour jouer à l’ouverture, s’y assoira à la place de David Marty pour doubler le Biarrot. « On a travaillé toute la semaine avec Jean-Marc à la mêlée pour anticiper une éventuelle blessure de Dimitri en fin de match, explique Marc Lièvremont. Si Dimitri devait se blesser, refaire passer Morgan en 9 reviendrait à encore changer de charnière. François (Trinh-Duc) couvrira le poste de 10 et celui de premier centre. C’est Morgan qui prendra les tirs au but. » Fulgence Ouedraogo succède, lui, sur le banc à Louis Picamoles pour une question de stratégie. « On bénéficiera d’un troisième ligne de rupture avec Fulgence » explique le sélectionneur. Et d’une option supplémentaire pour contrer les Gallois.