Chabal : la success-story du barbu le plus célèbre de France

Sebastien Chabal - -
Et dire que le rugby n’était qu’un passe-temps. Tourneur-fraiseur dans une usine drômoise, Sébastien Chabal ne se lance véritablement dans le rugby qu’à l’âge de 16 ans. Très vite repéré par Bourgoin, véritable pépinière de talents, en raison de ses mensurations hors normes dans un rugby professionnel encore balbutiant, c’est au CSBJ qu’il va donc découvrir le plus haut niveau et se révéler au poste de troisième ligne. A défaut de gagner des titres, Chabal commence déjà à marquer les esprits par ses plaquages explosifs, notamment sur Jason Robinson, la star anglaise, en Coupe d’Europe contre Sale.
C’est justement à Sale, ville de la banlieue de Manchester, que sa carrière va connaitre un premier tournant après six années passées dans l’Isère. Le chevelu y retrouve un certain Philippe Saint-André, et vit les plus belles années de sa carrière. Il décroche ses premiers titres : un Challenge européen en 2005 et un championnat d’Angleterre l’année suivante. Mais c’est juste avant la Coupe du monde 2007 en France que la « Chabalmania » va débuter. Son plaquage dévastateur sous le maillot du XV de France (il compte 62 sélections) sur Chris Masoe, son vis-à-vis All Black, en test-match fait sensation. Le grand public et la Nouvelle-Zélande découvrent « The Caveman » (l’homme des cavernes), ce colosse barbu à la grande tignasse qui sonne et défie du regard l’un des meilleurs n°8 du monde. Depuis, même les non-initiés reconnaissent le rugbyman à l’allure préhistorique.
Charvet : « Chabal ? Le messie du rugby »
« Sébastien Chabal a fait apprécier le rugby à des gamins, souligne Denis Charvet, membre de la Dream Team RMC Sport. Pour tout ce qu’il a représenté, tout simplement. Chaque fois qu’on le voyait rentrer en équipe de France, on voyait sa gueule avec sa barbe sur les écrans et le public faisait « Hou ! », Il a représenté la force tranquille, la sécurité, la confiance et finalement, c’était comme un protecteur. C’était le messie ».
Pour toutes ces raisons, le natif de Valence devient la coqueluche du rugby français. « Attila » obtient même sa marionnette chez les Guignols. Il est même élu sportif préféré des Français en 2009 par L’Equipe magazine. Les marques se l’arrachent, on le voit vanter du parfum, promouvoir une marque de véhicules automobiles ou encore vanter les mérites d’un site de poker. Ses revenus dépassent même le million d’euros par an entre 2007 et 2011. Mais la clé du succès populaire du colosse résiste sans doute aussi en l’homme au grand cœur et attachant qui se cache sous ce physique rustre.
« La barbe la plus chère de France »
« Les parties de cartes, c’était les seuls moments où Sébastien était avec son vrai visage et son rire un peu rauque, confie à ce propos Jean-Baptiste Elissalde, son ancien coéquipier en équipe de France, confie. » Et l’ex-demi de mêlée d’ajouter : « Je me souviens l’avoir vu à La Rochelle un jour. Quand il était sorti du terrain, il avait pris trois quarts d’heure pour signer des papiers aux enfants. » S’il se vantait avec second degré de dire que c’était « la barbe la plus chère de France », Chabal a toujours su conserver cette lucidité qui lui a permis de ne jamais se prendre pour un autre. « S’il y a quelque chose que je retiendrais de lui par rapport à cette hypermédiatisation qu’il a eue, poursuit Charvet, c’est cette modestie qui le rend très attachant, pur et authentique. »
Après un passage mitigé au Racing Métro et un dernier challenge à Lyon qui l’a éloigné quelque peu des projecteurs, Chabal peut donc quitter la scène la tête haute, lui qui a accroché à son palmarès un dernier titre de champion de France de Pro D2 avec le LOU. Mais rien ne dit qu’aujourd’hui retiré des terrains, l’ancien international rasera sa barbe pour redevenir l’agneau qu’il était à ses débuts. Question d’image et de réputation.
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