Rugby: le point sur les tests Covid-19 avec l'association des Ligues pros

Patrick Wolff, beaucoup d’acteurs du rugby s’inquiètent de la mise à disposition des tests. Quelle est la réalité à date?
Pour essayer d’être clair, il faut prendre le problème à l’envers pour savoir ce qu’il faut faire avant la reprise. Aujourd’hui, en dehors du vélo, vous avez cinq sports collectifs. Quatre d’entre eux ont décidé de reprendre au mois de septembre. Ce sont les sports qui ne sont pas dépendants des droits TV. En foot, 82% des droits viennent des télévisions. Presque rien en ce qui concerne les sports de salle et 17% pour le rugby. L’accès au stade étant en l’état interdit avec du public jusqu’au mois de septembre, les sports qui ne sont pas dépendants des droits TV, et qui donc ne peuvent pas jouer à huis clos, on redémarre en septembre. Sauf problème le 2 juin… mais ça, c’est indépendant des différentes volontés. Le foot, lui, a décidé pour le moment de terminer sa saison, sauf si une capacité s’ouvrait pour jouer à huis clos. Pour faire par rapport à ces dates, tous ces sports font un rétropédalage car il faut a minima quatre semaines pour que des athlètes soient prêts à jouer en compétition sans danger. Ceux du mois de septembre ont un peu de temps devant eux. Le foot ayant l’éventualité de jouer à huis clos, des clubs ont pour certains repris les entraînements. Et pour que ce soit le cas, il faut que des tests soient pratiqués de manière à ne pas mettre en danger les sportifs de haut niveau.
Quelle est votre position?
Nous n’avons pas revendiqué de tests globalement à la date du 11 mai et pour la période qui va jusqu’à début juin, parce qu’il y a des priorités immédiates sanitaires et qu’il faut, dans l’intérêt de tout le monde, qu’on ne fasse pas demi-tour le 2 juin. Nous avons des rendez-vous dans une quinzaine de jours pour repositionner ces tests. Car à partir du 2 juin, si nous avons des quasi certitudes de redémarrer en septembre, il faudra faire ces tests pour ne pas mettre les joueurs en danger.
Pourquoi, en football, Marseille et Amiens ont-ils pu déjà tester leurs joueurs en football?
Ils ont sollicité directement l’obtention de ces tests. Ce sont des initiatives individuelles que nous n’avons pas le droit d’empêcher. En tant qu’association des Ligues, nous n’avons pas de motifs pour leur interdire. Ils sont tout simplement décalés par rapport au tempo des sports de salle et du rugby. Pour nous, le point essentiel est que les tests puissent être effectués au moment où les entraînements collectifs reprendront. C’est-à-dire lorsque viendront les contraintes de contacts et de montées en puissance, afin qu’ils ne mettent pas leur santé en danger. Ce que font les clubs individuellement, c’est exactement comme des entreprises telles que Veolia. Mais, en ce qui nous concerne, on ne peut pas revendiquer 5.000 à 10.000 tests par semaine, ce qui est l’enjeu pour la totalité des sports professionnels, dans ces quinze jours à venir.
"On fait très attention sur la reprise du foot en Allemagne"
Sans la garantie de pouvoir organiser des tests à une date précise, le calendrier reste incertain…
Absolument. Avec un début de saison en septembre, les entraînements collectifs avec contacts devraient reprendre durant la première quinzaine de juillet. Si le 2 juin on a le feu vert, on aura une flexibilité suffisante. Le cas du rugby est particulier. Lorsqu’un pilier est resté sans jouer pendant deux mois, il faut se refaire un certain nombre de muscles. Mais le sport professionnel est la seule activité sous surveillance médicale permanente. C’est ce que l’on fait valoir vis-à-vis du gouvernement notamment.
Vous échangez beaucoup avec le ministère?
(Sourire) Oui, nous avons des échanges plus que fréquents avec le ministère sur le sujet. En prenant encore une fois les choses à l’envers, il y a ces contraintes d’entraînements impératifs. Si, pour X raisons, nous ne pouvions avoir les tests que huit jours avant le début du championnat, c’est mort. Il faudra nous indemniser. Mais on n’a pas envie de ça car je pense que tout le monde aura envie de jouer au rugby début septembre. Il y a un travail de collaboration avec le ministère, qui a sollicité et obtenu l’ensemble des protocoles médicaux pour la totalité des sports, dont le rugby. Ces protocoles ont l’air de coller avec ce que je viens de vous dire pour le calendrier. Le 2 juin, si on confirme les débuts de saison, il faudra que les tests soient en nombre suffisants au 15 juin au plus tard, pour que les clubs puissent gérer leur reprise avec un peu de mou.
Le sport professionnel n’est logiquement pas prioritaire pour cette phase de tests?
Ce n’est pas qu’il n’est pas prioritaire, il a sa place. Mais tant qu’on n’a pas réglé cette foutue période de deux semaines jusqu’au 26 mai - à voir si le virus remonte - on peut comprendre que les tests servent à éviter que le virus redémarre. Car si c’est le cas, il n’y aura de toutes façons pas de reprise début septembre. C’est normal qu’on ne passe pas en priorité et que ce soit les médecins généralistes qui gèrent les choses. Après, on va retrouver une activité économique et ce serait complètement idiot qu’on ne puisse pas redémarrer les championnats début septembre parce qu’on n’aurait pas pu faire les tests. Tous les sports sont concernés par cette logique.
Suivez-vous ce qui se passe à l’étranger?
Bien sûr. On fait très attention sur la reprise du foot en Allemagne, où ils ont eu des cas positifs et mis une équipe en quarantaine, Dresde. On se sert aussi de cette expérience. Encore une fois, il faut d’abord que, le 2 juin, on ne remette pas en cause les calendriers. Ce serait catastrophique.