
Saint-André : « Je n’imagine pas le public siffler Michalak »

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Philippe Saint-André, avez-vous décidé de muscler votre équipe pour affronter l’Ecosse ?
On ne va pas dire ça. Mais compte tenu du fait que ça devrait être humide samedi au Stade de France, on a décidé de commencer avec plus de puissance devant. On garde notre cohérence de groupe. On a des joueurs qui ont énormément apporté lorsqu’ils sont entrés en cours de match. Cette fois, ils débuteront. On espère que les remplaçants apporteront la même plus-value qu’en Irlande.
Pourquoi avez-vous décidé de reconduire Frédéric Michalak à l’ouverture ?
Les statistiques plaident en sa faveur. On connaît le charisme de Frédéric, l’importance qu’il a dans le groupe, la solidité qu’il a. Au moins, il prend ses responsabilités, il ne se cache pas. C’est dans la difficulté qu’on voit les grands champions et que les équipes se forment.
Redoutez-vous des sifflets au Stade de France ?
Je pense que le Stade de France sera derrière le XV de France et derrière Michalak. On a un public de connaisseurs qui aime le XV de France. Je ne peux pas imaginer que les gens qui l’applaudissaient au mois de novembre vont le siffler. Il retrouve tous ses automatismes de demi d’ouverture.
Une partie des Français présents à Dublin l’a tout de même sifflé…
Les 15 000 Français de Dublin l’ont applaudi quand il passe la transformation. Ils chantaient dans les pubs, étaient fiers de cette équipe.
Que pensez-vous alors des critiques émises par Clive Woodward, l’ancien sélectionneur de l’Angleterre ?
Je le connais bien. Ça fait quatre ou cinq ans qu’il est dans l’athlétisme et plus dans le rugby. Au début, il est parti en Australie et a perdu de 80 points. Il a cru en ses joueurs, en son groupe et est devenu champion du monde quatre ans après (en 2003). Il sait que c’est difficile et qu’il faut parfois passer en innovant et prendre des risques.
« Je sens de la fierté, de la rébellion »
Qu’est-ce qui vous a convaincu de titulariser Sébastien Vahaamahina ?
Il a un gros potentiel physique. On l’avait déjà pris au mois de novembre alors qu’il n’avait que trois titularisations en Top 14 (avec Perpignan, ndlr). Lorsqu’il est entré en Irlande, il a été bon dans les duels, il a récupéré deux ballons sur turnover alors qu’on en a récupéré trois sur l’ensemble de la partie. Il a des vraies qualités. Il découvre le haut niveau international.
Vous avez parlé de colère et de plaisir. C’est ce qu’il faudra pour terminer le Tournoi sur une bonne note ?
Bien sûr. On a juste envie que les joueurs se lâchent et prennent du plaisir pendant 80 minutes. Que le contenu soit bon durant toute la durée de la rencontre. C’est ce qui nous a manqué dans ce Tournoi. On a fait des matches avec 50 minutes de qualité.
Vous avez déclaré : « pour construire une équipe, il faut savoir perdre ». Mais pendant combien de temps ?
(Amusé) On reste sur trois défaites et un match nul, ça ferait donc du bien de gagner samedi et de finir sur une note positive même si le Tournoi est déjà raté. On a un vrai potentiel. On a des joueurs importants qui sont blessés et ont été absents. On va disputer une tournée énorme en Nouvelle-Zélande. On croit au potentiel du rugby français. Il faut relever la tête et commencer à gagner des matches.
Avez-vous présumé de vos forces lors de ce Tournoi des VI Nations après la triomphale tournée automnale ?
On ne s’est pas pris pour d’autres en novembre. Le groupe adhère, il y a une âme. On est tristes de notre compétition. On ne peut pas se satisfaire de ce VI Nations, mais je sens de la fierté et de la rébellion. On a surtout envie que les joueurs se lâchent pendant 80 minutes et que le contenu soit bon mais durant les 80 minutes. C’est ce qui nous a manqué dans ce tournoi des VI Nations dans lequel nous avons fait des matchs avec 50 minutes de qualité où l’on a mené, notamment dans les 3 premiers matchs. En Irlande cela a complètement été l’inverse, on a été à côté de la plaque en première période et on a montré beaucoup de vertu en seconde pour revenir dans la partie. On a juste envie que les joueurs prennent du plaisir sur le terrain. Mais le plaisir, c’est aussi s’adapter aux conditions climatiques, aux problèmes que les Ecossais vont nous poser et essayer de faire plaisir au public du Stade de France.
Louis Picamoles a pris une nouvelle dimension dans ce groupe. Allez-vous l’impliquer davantage ?
Il a été titulaire plus de 95% du temps. Il a toujours été dans le groupe. Il a 27 ans. On pense qu’il arrivera au sommet de sa carrière à la Coupe du monde 2015. Il fait les efforts. C’est l’un des seuls joueurs réguliers depuis le début de saison. On est content des matches de Louis. On attend aussi qu’il soit encore plus fort samedi contre l’Ecosse.