Saint-André : « On a montré des valeurs »

Philippe Saint-André - -
Philippe, quel est votre sentiment après ce match ?
Mission accomplie ! On s’était fixé un objectif de trois victoires, c’est fait. Aujourd’hui, c’est la victoire du courage, de l’abnégation, de la solidarité, de la discipline. On a manqué un peu de vivacité, défensivement et offensivement. Il faut féliciter les Samoa, une équipe très dense, très physique, qui avance en permanence, qui gagne ses duels, qui est de plus en plus organisée. Ça a été un match difficile, avec beaucoup de stratégie.
Vous avez été surpris par votre adversaire ?
On s’y attendait. On a dû perdre 50-60% des duels mais il y a vraiment une âme dans cette équipe de France. Ils se sont tous accrochés et on a quand même bien fini dans un match qui a été très âpre. Les Samoa l’ont bien joué tactiquement. Ils ont pris énormément de bouteille en jouant dans les meilleurs clubs européens. Je vous avais dit que ce serait compliqué et ça été le match le plus difficile de cette série. En tout cas, on a pris énormément de plaisir à travailler avec les mecs. Ils ont été réceptifs, ils ont tout donné. Je suis content pour eux et pour le rugby français.
Qu’a-t-il manqué à vos joueurs pour dominer plus largement les Samoa ?
On savait qu’il fallait mettre du rythme, de la vitesse, mais on a eu très, très peu de ballons et le peu qu’on a eus, on les mal négociés, que ce soit à cause de la qualité de contest de l’adversaire ou par maladresse. On a manqué un peu de réactivité défensive et de lucidité offensive. Après, en rugby, il y a le physique mais aussi les neurones, le bulbe. Bien finir le match comme on l’a fait, ça veut dire qu’il y a vraiment quelque chose dans cette équipe. Il fallait quand même se les prendre dans le buffet pendant 80 minutes, ces Samoans…
Avez-vous apprécié la performance de Frédéric Michalak ?
On connaît ses qualités. Si on l’a fait revenir, c’est qu’on croyait en lui. Sur cette série de tests, il a montré la maturité qu’il a au poste de demi d’ouverture. Les trois matches ont été différents. Il a été créatif et aujourd’hui très bon gestionnaire. Après, une équipe, c’est 23 joueurs. Ceux qui ont fait les trois tests ont marqué des points. Eux, ils ont pris le train… Il y a en a d’autres qui sont restés à quai et ils vont devoir s’entraîner et faire des bons matches pour revenir.
Si vous étiez sélectionneur des Samoa, que diriez-vous à vos joueurs ?
Qu’ils ont un potentiel énorme. Depuis deux ans, ils gagnent contre les petites nations et contre les grandes, ils gagnent ou perdent de peu. Mais je ne vais pas donner des conseils. Si on a gagné ce match, c’est qu’on avait identifié 3-4 problèmes chez eux. Au niveau des pénalités, de la discipline. En fin de match, ils ont paniqué, ils ont manqué de patience. Il faut aussi féliciter l’équipe de France. Au niveau des ballons portés, de la mêlée, on a été d’une très grande qualité. C’est une fabrique française, c’est du collectif. Il y a de la puissance individuelle et de la puissance collective.
Avancez-vous plus vite que prévu avec cette équipe ?
Dans le contenu, contre l’Australie et l’Argentine, c’était un très bon cru. Ce soir, c’est le genre de match où il faut de la maturité collective et de la confiance. Tu subis 60% du temps et tu arrives quand même à gagner. On a été réalistes dans les temps forts et on n’a rien lâché. Ce qui est sûr, c’est qu’on progresse. Avec la victoire en Argentine, ce groupe vient de gagner quatre matches. Il y a de la concurrence, de la compétition. Je voudrais remercier les clubs et la Ligue. On a pu travailler à 33 pendant trois jours. C’est un confort très intéressant pour l’amélioration de l’équipe, les repères collectifs, la stratégie.
Votre coaching a encore été décisif…
Je rabâche, mais au rugby, on n’est rien sans les 14 autres. On gagne à 23 ou on perd à 23. Notre coaching a été une plus-value exceptionnelle, mais c’est grâce à l’état d’esprit du groupe. Quand tout va bien, c’est facile. Ce soir, on prend un essai en début deuxième mi-temps alors qu’on voulait reprendre le score. Et personne ne panique. Tout le monde a mis le bleu de chauffe pour l’équipe. Le rugby est un sport compliqué, un sport d’osmose, un sport collectif par excellence. Dans un monde d’individualisme à outrance, un peu de collectif fait du bien. On a montré des valeurs et pour moi, c’est important.