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Servat : « C'est un petit peu surréaliste »

William Servat

William Servat - -

Le talonneur du XV de France ne sous-estime pas la portée du match qu'il jouera ce dimanche face à la Nouvelle-Zélande. C'est un moment extrêmement fort que le Toulousain vivra avec cette finale de la Coupe du monde.

William, que représente le fait de jouer une finale de Coupe du monde contre les All Blacks ?

C’est un moment extraordinaire. C’est un petit peu surréaliste de jouer une finale contre la grande équipe des All Blacks en Nouvelle-Zélande, devant son public à l’Eden Park. On aurait pu en rêver. C’est une grande chance de participer à cet évènement. Mais on n’est pas là pour participer. On est là pour faire quelque chose. Après, les All Blacks sont bien sûr favoris. Ils gagnent 90% de leurs rencontres face aux Français. Mais il reste une petite part d’inconnu. Et il reste aussi 80 minutes. Quel que soit le résultat du match, j’espère qu’on sortira avec beaucoup de fierté et de fatigue, étant donné ce qu’on aura mis sur le terrain.

Est-ce un évènement plus fort que ce que vous avez vécu avec Toulouse ?

Oui, c’est un stade au-dessus parce que c’est l’équipe de France. Même si chaque match a sa spécificité. On vit des moments forts et intenses avec des amis de dix ans en club. Aujourd’hui, je fais cette Coupe du monde. Mais je pense à Florian Fritz, Yannick Jauzion, Jean Bouilhou. Je ne les oublie pas et eux non plus. On communique. Ce sont des moments rares dans une vie. J’ai 33 ans. J’espère que ce ne sera pas ma dernière sélection mais ça ressemble quand même à ma dernière finale de Coupe du monde. C’est quelque chose de grand, tout simplement.

« Pas sûr qu'on soit les plus mauvais garçons »

Comment allez-vous battre les All Blacks ?

En jouant au rugby (rires). Avec beaucoup d’envie. Mais vous savez, tous les schémas de jeu… On fait beaucoup de raisonnement. Mais quand je vois jouer les All Blacks contre l’Australie, je me rends compte que c’est une équipe qui marque ses adversaires. Les Australiens sont sortis les uns après les autres, sur blessure et souvent à moitié KO. Là, ce n’est pas une affaire de stratégie ou de technique de jeu. C’est une affaire d’hommes. C’est un sport de contact, de combat. Le match sera arbitré par un arbitre très rigoureux (le Sud-Africain Craig Joubert, ndlr) qui, aujourd’hui, est certainement le meilleur arbitre en activité. Tout est réuni pour ce soit un grand match.

Avez-vous compris les critiques de la presse néo-zélandaise ?

La presse néo-zélandaise a fait beaucoup de bruit autour de ce match pour essayer de tendre les opinions. Je ne suis pas sûr que, dans cette équipe, il y ait vraiment des grands barbares comme ils peuvent le dire. Ils font beaucoup de photos de leurs joueurs qui vont boire un verre à Takapuna. Entre les Anglais qui font monter les femmes de ménage dans les chambres et les Néo-Zélandais qui sortent la veille des matches, je ne suis pas sûr qu’on soit les plus mauvais garçons.

A quoi allez-vous penser à l'entrée sur la pelouse ?

A beaucoup de choses. A ma famille, à ma femme, à mes amis. Il y aura un trop-plein d’émotions, c’est certain. J’aurai une pensée pour mon grand-père. C’est ce qui me motivera aussi.