Servat : « Attention, l'Argentine est une grande équipe »

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William Servat, quel est votre sentiment sur cette drôle d'équipe d’Argentine composée de drôles de bonshommes ?
C'est un petit peu le mal français, en fait. On croit que c'est une drôle d'équipe alors que c'est une grande équipe. A chaque fois qu'on les joue, tout le monde pense qu'on va leur passer quarante points. Au résultat, c'est nous qui les prenons très souvent... Du coup, un petit plus de respect de la part de tout le monde serait le bienvenu quand on parle de l'Argentine. Ce sont de grands joueurs, j'ai la chance par exemple de jouer avec Patricio Albacete en club. Et pour le côtoyer tous les jours, je vois quel grand professionnel et quel grand joueur c'est. Il fait partie des meilleurs deuxièmes lignes du monde. Et l'Argentine a beaucoup de joueurs de ce calibre avec beaucoup d'expérience. Ce sont des joueurs qui alignent les sélections en nombre, qui se sentent bien dans leur équipe, et qui mouillent vraiment le maillot donc ce sera un match très difficile.
D'autant qu'ils se nourrissent de ce sentiment qu'ils peuvent parfois inspirer, à savoir être une équipe mal considérée...
Un mec comme Agustin Pichot, pour remonter ses troupes et tout ça, je pense qu'il ne leur faut pas grand chose pour les motiver et parler à tous les joueurs. Le sentiment dont vous parlez, c'est quelque chose qui est alimenté par vous, par tous les journalistes, par les suiveurs et le crois que c'est complètement faux aujourd'hui.
« Je n’ai jamais gagné contre eux »
Lors de la large victoire toulousaine face à Toulon, deux Toulonnais au moins n'ont rien lâché : les Argentins Contepomi et Fernandez-Llobbe. Ce dernier pleurait même de rage dans les vestiaires au terme du match…
Le match était particulier. Leur président avait annoncé qu'il faisait tourner l'équipe. Je me mets à la place de ceux qui ont joué, ça n'a pas du être très simple pour eux. Mais malgré ça, effectivement, on sait que les Argentins jouent avec beaucoup de cœur. Ils appellent ça la « grinta » je crois, et ils l'ont vraiment. Ce sont des mecs qui s'accrochent, des mecs qui ne lâchent jamais rien. A la manière des Anglo-Saxons, quel que soit le score, on s'accroche jusqu'à la fin.
La mêlée argentine est-elle toujours une référence mondiale?
Oui, sans contestation possible. Ils ont été des précurseurs en la matière, les premiers à travailler sur des techniques particulières comme la « Bajadita » à une époque. Ce sont des joueurs pour qui la mêlée est extrêmement importante et donc il la travaille. Ajoutez leur expérience, c'est évidemment une très, très grosse mêlée internationale.
Avez-vous au moins un bon souvenir face aux Argentins?
Non, pas vraiment ! Pas de souvenir de « gagne » puisque je n'ai jamais gagné contre l'Argentine. Ça impose encore un peu plus mon respect pour eux. J'espère que ce match ne sera pas pris à la légère par la presse et les suiveurs, mais vu les derniers résultats, je ne le pense pas.