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Top 14 : "Il a fait du Santi", avec un Santiago Arata en feu, Castres a changé de visage

Santiago Arata (Castres olympique) face à Toulon en Top 14 (archive).

Santiago Arata (Castres olympique) face à Toulon en Top 14 (archive). - IconSport

Après un non-match face à Pau et une défaite encourageante à Toulon, Castres a fait exploser l’Aviron Bayonnais (48-17) en inscrivant sept essais et gagné son premier match. A la manœuvre, l’international uruguayen Santiago Arata a été de tous les bons coups, rappelant qu’il est le patron de cette équipe.

Il n’était pas de l’ouverture du Top 14 face à Pau (15-17), occupé à se qualifier pour la Coupe du monde en Australie avec l’Uruguay en match aller-retour face au Chili. Mais il est vite revenu pour prendre sa place de patron au sein de l’équipe castraise. Le demi de mêlée Santiago Arata peut changer le visage de l’équipe castraise quand il est en feu comme ce samedi face à Bayonne. "Il a fait du ‘Santi’" a dit de lui le nouvel entraîneur des trois-quarts et récent retraité Julien Dumora à l’issue du match. "C’est un meneur d’hommes, c’est un leader, quelqu’un qui est capable de prendre des initiatives offensivement comme défensivement. Ce soir il a fait un très bon match."

Quand il plaque à tour de bras, quand il s’échappe comme un coquin de neuf qu’il est au bord d’un ballon porté pour marquer un essai personnel où qu’il délivre deux coups de pieds bien sentis, en fin de première période pour faire basculer le match sur l’essai de Botitu ou lors du deuxième acte pour le doublé d’Ambadiang qui scelle le match à ce moment-là, il est comme diabolique, inarrêtable. "L'équipe était stressée" avouait-il après son match complet. "Il y avait un peu cette pression négative. Moi, personnellement, je ne la sentais pas du tout. Pourquoi ? Peut-être parce que je n'ai pas été ici au tout début de la saison. Mais j’attendais ce match avec beaucoup d’impatience. Toutes la semaines, je l'ai attendu".

Et ça s’est vu. Il a su soulager son équipe sur son jeu au pied et mener ses troupes. "Je ne vais pas vous l’apprendre, c’est lui qui commande ‘les gros’", expliquait le talonneur nouveau venu Teddy Durand. En ajoutant, dans un sourire, avec un coup d’œil vers l’intéressé, présent non loin en salle de presse : "Vous le voyez, il est costaud ! On l’a vu sur son essai, il peut partir au ras !". Il faut se méfier des apparences du mètre soixante quatorze et des soixante-quinze kilos d’Arata… depuis son arrivée il y a cinq ans, sa grinta sud-américaine n’est plus à prouver.

"Je me sens comme un mec d’ici"

Et pourtant. Il est et restera un "Tero". Mais à Castres, il a été adopté. "Je ne suis pas français, je ne suis pas Castrais", dit-il. "Mais je me sens comme un mec d'ici. Je regarde à l'extérieur, je connais tout le monde. Le mec qui tient la boulangerie. Le mec qui est le jardinier du stade. Ma famille, tout le monde. Les amis, les mecs qui sont en train de se ‘foutre’ des bières au match. Tout le monde. Je me sens d'ici. Et aujourd'hui, c'était pour eux cette victoire. A la fin, il y a toute la ville avec un sourire. Donc, ça fait du bien".

Un discours qui va plaire dans le Tarn. Plus loin, le visage plus grave, il met son groupe en avant, en revenant sur le drame qu’ils ont tous vécu avec le décès tragique de l’ailier Josaia Raisuqe au printemps dernier. "On a été touchés. Ça a été... on n'a jamais vécu quelque chose comme ça. Honnêtement, ce qui est arrivé, le challenge qu'on a eu en tant que groupe avec ‘Jos’, ça nous a fait basculer. Et ça n'a pas été simple. Pas du tout. Mais cette année, on a fait une présaison de dingues. Je sens que ce groupe veut quelque chose. Il veut quelque chose de plus. On ne veut pas mourir. On ne veut pas mourir pour rien". Arata et les Castrais, pour toujours avec un supplément d’âme.

Wilfried Templier